Attendue depuis le week-end dernier, c’est finalement lundi 5 décembre 2016 que le Chef de l’Etat a reçu la délégation des évêques de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO). L’audience s’est tenue au Palais de la Nation, en présence de Aubin Minaku Ndjalandjoko, secrétaire général de la Majorité Présidentielle, et de Néhémie Mwilanya, le directeur de cabinet du Président de la République.
S’adressant à la presse au sortir de l’audience, Monseigneur Utembi, qui a conduit la délégation de la CENCO, s’est voulu optimiste en annonçant les encouragements reçus du Chef de l’Etat dans le cadre de la poursuite de la mission de bons offices leur confiée fin octobre dernier. L’Archevêque de Kisangani a promis un communiqué conjoint à rendre public dans les heures qui suivaient. Mais jusqu’au moment où Le Maximum mettait sous presse, le document n’est pas venu. C’est plutôt la présidence de la République qui a publié un communiqué que le lecteur lira ci-après.
Du texte signé, comme d’habitude, par le directeur de cabinet du Président de la République filtre, tout de même, quelques malaises. Certes, Joseph Kabila a encouragé et assuré de son soutien les calottes sacrées catholiques, mais le communiqué de la présidence n’en relève pas moins que le Chef de l’Etat avait eu vent du rapport attendu par voie de presse avant de recevoir leurs excellences. Petite bourde attribuable à la volonté de manipuler ?
Joseph Kabila a aussi réitéré son soutien à l’accord politique du 18 octobre dernier qui, pour lui, reste la feuille de route relative au règlement des différends sur l’organisation d’élections apaisées, crédibles et démocratiques en RD Congo, ainsi qu’au respect de la constitution.
De même que Joseph Kabila a exigé de ses interlocuteurs d’obtenir des acteurs politiques de l’opposition des appels à l’apaisement. Sans doute parce que la démarche cléricale a eu la faiblesse de n’avoir pas su ne pas s’accompagner d’un concert de chantages sous forme d’appels à l’insurrection. De la part des représentants de l’église catholique eux-mêmes, comme d’acteurs politiques de l’opposition et de représentants de la communauté internationale. Message clair : on ne négocie pas en usant de chantage à l’apocalypse now.
Ci-après le texte du communiqué de la présidence, transcrit par les rédactions du Maximum.
J.N.
COMMUNIQUE OFFICIEL DE LA PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE
1. Ce lundi 5 décembre 2016, le Président de la République, Chef de l’Etat, Son Excellence Monsieur Joseph KABILA KABANGE, a reçu en audience la délégation de la Conférence Episcopale du Congo, CENCO, conduite par Son Président, Monseigneur l’Archevêque Marcel UTEMBI TAPA, et composée en outre de son Vice-Président, Monseigneur Fridolin AMBONGO.
Cette audience intervient après que le Président de la République a pris connaissance, par voie des médias, d’un Communiqué de la CENCO faisant état de quelques difficultés rencontrées et des réactions diverses à cette communication.
2. Au cours de l’audience, le Président de la République a obtenu de la délégation des informations sur la mission qui avait été confiée à la CENCO en date du 29 octobre 2016.
3. La délégation de la CENCO a présenté au Chef de l’Etat un rapport d’étape sur la mission de bons offices susvisée, consistant à approcher les autres acteurs de l’Opposition n’ayant pas participé au dialogue, en vue d’obtenir un plus large consensus sur l’Accord politique pour l’organisation des élections apaisées, crédibles et transparentes en République Démocratique du Congo, signé le 18 octobre 2016 à la Cité de l’Union Africaine.
Pour rappel, l’article 24 dudit Accord stipule :
« Le présent Accord est ouvert à la signature d’autres partis politiques et regroupements politiques ainsi qu’aux autres organisations de la société civile qui s’engagent à respecter toutes ses dispositions ».
4. La délégation a terminé son rapport en souhaitant que le travail entamé soit poursuivi dans les meilleurs délais.
5. Réagissant à ce rapport, après avoir reçu les observations du Secrétaire général de la Majorité Présidentielle, le Chef de l’Etat a pour sa part :
1° Encouragé la CENCO à poursuivre la mission entreprise après l’avoir assurée de tout son soutien ;
2° Attiré l’attention de la CENCO sur la nécessité d’obtenir l’authentification formelle des documents de travail fournis par différentes composantes politiques et sociales concernées, signataires et non-signataires de l’Accord politique ;
3° Réitéré son attachement au respect de la Constitution et de l’Accord politique du 18 octobre 2016 en tant que feuille de route relative au règlement des divergences sur l’organisation du processus électoral en République Démocratique du Congo, les observations des uns et des autres pouvant faire l’objet des discussions entre les acteurs politiques et sociaux susvisés en vue l’enrichissement éventuel de l’Accord précité, dans les formes requises ;
4° Demandé que des appels à l’apaisement soient lancés par les différents groupes et organisations qui prônent le recours à la violence à leurs membres.
Fait à Kinshasa, le 5 décembre 2016
Le Cabinet du Président de la République
Néhémie MWILNYA WILONDJA
Directeur de Cabinet.