Elle prône pour ce faire une «période de transition au cours de laquelle la présidence ne peut être exercée que sous l’autorité d’un Conseil de transition au sein duquel l’opposition jouera un rôle de premier plan». Ainsi, cet organe aura prépondérance sur la présidence. Ce schéma est une nouvelle forme de la fameuse «Transition sans Kabila» prônée par les clones occidentaux du Rassemblement katumbiste – tshisekediste…
Lorsqu’un pouvoir impérialiste prend des décisions ou fait des recommandations sur base d’une argumentation manifestement bancale, c’est que son agenda est bien loin des arguties brandies pour distraire la galerie. On sait que le 29 novembre 2016, à Washington, un panel américain a organisé sous les auspices du Congrès une table ronde ayant eu pour thème «La Démocratie et les Droits humains en RDC». Au cours de leurs interventions, Thoms Pierrello, Ida Sawyer et leurs affidés congolais représentés par le blanc-bec Fred Bauma du groupe anarchiste « Lucha » ont préconisé des nouvelles sanctions contre les autorités congolaises qu’ils ont, contre toute évidence, rendues coupables des violations des droits humains les 19 et 20 septembre derniers. Le lendemain, c’est le très corruptible Parlement européen (selon France 2) qui est carrément monté au créneau en votant une résolution, dont on saura peut-être bientôt à combien elle a été « négociée », demandant à l’Union européenne des sanctions ciblées unilatérales, donc totalement illégales en droit internationales, contre des officiels RD Congolais dont certains déjà frappés par des sanctions américaines de même nature. Ainsi en ont décidé les Occidentaux, qui réduisent « la communauté internationale » à eux seuls. En attendant de savoir si ces décisions et recommandations n’affecteront pas d’une manière ou d’une autre, et tôt ou tard l’Est de la RD Congo dans la mesure où les autorités ciblées sont de cette partie du pays.
En RDC même, on observe que les groupes d’activistes de la Société civile et acteurs politiques qui s’agitent comme des frelons pour justifier ces mesures injustifiables selon les normes en vigueur en droit international sont presque tous de l’Est. L’Est où sont nés les mouvements dits citoyens et pro-démocratie Lucha et Filimbi qui ne sont en réalité qu’un ramassis d’anarchistes recrutés pour la circonstance.
Force est de constater l’enchaînement des contradictions, notamment dans la proposition de la résolution du 30 novembre dernier de l’Union européenne…
Première contradiction : le point 11. L’Union européenne «appelle de ses vœux un engagement accru de l’Union africaine en faveur du plein respect de la Constitution congolaise, réclame la mise en place d’un dialogue permanent entre les pays de la région des Grands-Lacs, de sorte à «éviter toute déstabilisation supplémentaire», et, notons-le en raison de sa portée, «se félicite, à cet égard, de la tenue de la conférence internationale sur la région des Grands-Lacs en vue d’évaluer la situation en RDC, qui a eu lieu à Luanda, en octobre 2016».
On se souviendra qu’au cours de cette réunion de haut niveau tenue le 26 octobre 2016, le Président José Eduardo Dos Santos a souligné dans son discours d’ouverture que l’Accord politique signé 18 du même mois entrevoit que «le Président Joseph Kabila, en dépit d’avoir déjà accompli deux mandats légaux, demeurera Chef de l’Etat, comme le prévoit la Constitution, jusqu’à la prochaine élection» et a invité l’Opposition à désigner «pour cette période appelée la transition, un Premier Ministre à la tête d’un gouvernement qui comprendra les différentes sensibilités politiques».
Dans le communiqué final, les participants ont félicité «le Président Joseph Kabila d’avoir convoqué le dialogue national» et ont remercié «toutes les parties prenantes qui y ont pris part». Ces participants sont les délégués des pays membres de la CIRGL (Angola, Congo-Brazzaville, RD Congo, Centrafrique, Soudan, Soudan du Sud, Ouganda, Rwanda, Burundi, Kenya, Tanzanie, Zambie et le Swaziland), la Commissaire de l’Union africaine, les envoyés spéciaux du secrétaire général de l’Onu dans les Grands-Lacs, le représentant spécial de l’Union africaine dans les Grands-Lacs, le secrétaire exécutif de la CIRGL, le secrétaire exécutif de la SADC ainsi que les envoyés spéciaux et hauts responsables de la Belgique, de la Chine, des Etats-Unis d’Amérique, de la Fédération de Russie, de la France, du Royaume Uni de Grande Bretagne et d’Irlande du Nord et de l’Union européenne. Ils ont noté le caractère ouvert de l’Accord politique.
Si la raison est réellement hellène (blanche), l’Union européenne aurait dû exercer son lobbying pour amener le «Rassemblement» à rejoindre cet accord et non à forcer les signataires de l’Accord politique à entreprendre la démarche inverse. Après tout, lorsqu’on examine les dernières revendications de cette plateforme contenues dans le document envoyé le 21 octobre 2016 à la CENCO, soit 8 jours avant la table ronde de Washington et 9 jours avant la proposition de l’Union européenne, il ressort clairement que le Dialogue a répondu à l’essentiel : la cogestion de la petite période de transition.
Deuxième contradiction : la mise en place d’un Conseil de transition évoquée au point 6. En plus d’inviter «instamment l’ensemble des acteurs politiques à prendre part à un dialogue pacifique et constructif afin d’éviter que la crise actuelle ne s’aggrave », et de féliciter les «efforts déployés par la CENCO (…) en vue de forger un consensus politique », l’UE «reconnaît dans le même temps la nécessité d’une période de transition au cours de laquelle», précise-t-elle, «la présidence ne peut être exercée que sous l’autorité d’un conseil de transition au sein duquel l’opposition jouera un rôle de premier plan».
En d’autres mots, voguant à contre-courant du principe de l’« African ownership » (recours à des solutions africaines aux problèmes africains) qui est de stricte rigueur aux Nations Unies et dans la communauté internationale, l’Union Européenne se permet de rejeter l’Accord politique obtenu sous la facilitation de l’Union Africaine et de remettre en cause les acquis de la réunion de Luanda.
Troisième contradiction : le libellé du point 9 par rapport au point 6. Alors qu’au point 9, l’UE «appelle de ses vœux une enquête complète, approfondie et transparente sur les violations des droits de l’homme qui auraient été commises lors des manifestations afin d’identifier les responsables et leur demander des comptes», voilà qu’au point 6, elle conclut elle-même cette enquête qu’elle fait semblant de demander en identifiant déjà les hauts fonctionnaires et agents des forces de défense et de sécurité à sanctionner. Ainsi, M. Kalev Mutond, le chef des services d’intelligence rd congolais et les généraux John Numbi, Ilunga, Amisi et Kanyama sont cités comme devant être sanctionnés pour des violations non pas commises mais qui « auraient été » commises !
Et pendant qu’elle surchauffe ainsi expressément les esprits l’Union européenne préconise un dialogue pacifique et constructif piégé par avance !
Quatrième contradiction : l’affaire Rfi et l’affaire Radio Okapi qui est plus l’affaire de la première que de la seconde, le statut de celle-ci n’ayant rien à voir avec celui de celle-là. Alors qu’au point J, l’Union européenne fait observer que «des organes de presse tels que Radio France Internationale (RFI) et Radio Okapi ont été soit fermés ou oubliés» et invite au point 7 «les autorités à lever immédiatement toutes les restrictions à la liberté des médias», elle ne renvoie nullement les autorités congolaises à se conformer à la loi congolaise sur la liberté de presse.
Cinquième contradiction : le point 10. On sait qu’au point 6, l’Union européenne privilégie la médiation de la CENCO pendant qu’au point 11 elle salue la réunion de haut niveau de la CIRGL à Luanda. Et voilà qu’au point 10, elle «invite la VP/HR à envisager la possibilité d’accroître les capacités de médiation de la délégation de l’Union afin qu’elle coopère avec l’Union africaine pour favoriser un dialogue politique plus représentatif et prévenir l’aggravation de la crise politique et la propagation de la violence ». Elle relance donc l’Union Africaine qui, elle, n’a jamais fait mystère de sa décision de ne s’en tenir qu’à l’Accord politique issu du dialogue de la Cité de l’Union Africaine !
Berlin II avec les 3 K de Bruxelles-Strasbourg !
En la personne de Federica Mogherini, la VP/HR a publié le 1er décembre une déclaration dans laquelle elle dit exactement ceci de la RDC : «La République démocratique du Congo a sans doute un lien particulier avec l’Europe : c’est notre histoire, c’est notre intérêt pour la stabilité de toute la région des Grands Lacs, ce sont les relations quotidiennes entre nos peuples». Un message d’une clarté évidente destiné à (nous) faire comprendre la capacité de l’Occident de faire et défaire au Congo toute construction politique, économique et sociale, quelle que soit la volonté des Congolais eux-mêmes.
Visiblement, après avoir créé de toutes pièces le «Rassemblement des forces de l’Opposition» et lui avoir fait manquer le train du Dialogue politique national inclusif entré en gare le 18 octobre 2016, l’Union européenne s’est fébrilement engagée dans un schéma consistant à défaire l’Accord politique du 18 octobre 2016 en faveur d’un régime dit « spécial » prônant une «Transition Sans Kabila». Au prix évidemment de tout ce qui s’apparenterait à une insurrection populaire. Elle s’assure probablement, de la contribution de l’eurodéputée d’origine congolaise Cécile Kyenge, de l’ancien ministre congolais Olivier Kamitatu et de l’ancien gouverneur de l’ex province du Katanga Moïse Katumbi. Trois compatriotes réunis par leur allégeance à l’Occident.
On devrait alors se demander ce que chacun des « trois K » perdrait dans une déstabilisation effective de la RD Congo ! Concrètement parlant, rien, chacun d’entre eux ayant réussi à s’autodéterminer en s’installant confortablement avec sa famille à l’étranger…
Le Maximum & Omer Nsongo die Lema