L’histoire se répète en RD Congo, lamentablement et de manière cyclique. Comme sous la dictature mobutiste, à la fin de la décennie ’90, des Congolais se rendent en croisade contre le gouvernement de leur propre pays aux Etats-Unis d’Amérique, en Europe et à travers le monde. Objectif de ces randonnées politiques traîtresses : obtenir la mise à l’écart de ceux qui sont au pouvoir par n’importe quels moyens et leur remplacement par eux-mêmes ou leurs affidés. En échange de … quelque chose qu’on ne dit jamais tout haut. Mais dans un monde où les relations entre Etats, voire, entre les hommes, sont de plus en plus régies par les intérêts, il n’est plus de secret possible : pour obtenir le soutien des Etats-Unis, des occidentaux en général en fait, il faut s’engager à sauvegarder leurs intérêts dans un pays donné. Dès lors, le problème que pose les randonnées d’acteurs politiques à des fins de lobbying à l’étranger est celui de la compatibilité des intérêts visés par ces pays et ceux des rd congolais aux noms desquels on prétend quérir toutes formes de « libérations ».
Activistes au sénat américain
Le 29 novembre 2016, un groupe d’activistes rd congolais, encadré par un certain nombre de représentants d’organisations internationales ou réputées telles (le géopoliticien belge Luc Michel les considère rien moins que comme des vitrines présentables des services d’intelligence de leurs pays respectifs) a été reçu au Congrès Américain pour un « hearing » au cours duquel les uns et les autres ont sollicité « plus de sanctions » contre les décideurs politiques rd congolais. Devant la commission Tom Santos des droits de l’Homme, Fred Bauma, un jeune blanc-bec de 26 ans porté par une officine revancharde mobutiste sous le couvert du groupe anarchiste Lucha, Mvemba Dizolele un professeur congolais de la Hopkins University, mais aussi Tom Perriello, envoyé spécial pour les Grands Lacs de l’administration Obama et Tom Malinowski, secrétaire d’Etat adjoint américain pour la démocratie et les droits de l’homme) se sont exprimés. En même temps que l’inévitable Ida Sawyer, égérie du groupe Human rights watch qui n’a jamais digéré le non renouvellement de son visa d’établissement en RDC par les services du ministère de l’Intérieur. Tout ce beau monde s’est répandu, on peut s’en douter, en imprécations peu flatteuses sur le régime politique congolais issu des élections organisées en 2011. De tous les intervenants, c’est peut-être Tom Malinowski, le plénipotentiaire américain, qui s’est montré le plus nuancé, et donc plus proches des réalités, en déclarant que « La porte est encore ouverte pour le Président Kabila et l’opposition pour s’entendre ». Le reste du panel présentant la situation des droits de l’homme en RD Congo comme la pire du continent, si non du monde (sic !). Un peu comme il y a quelques années, lorsque les mêmes embrayaient bruyamment et de manière cyclique sur les viols en RD Congo, certains allant jusqu’à déclarer à la face du monde que le pays de Lumumba était devenu la capitale mondiale du … viol. Le refrain s’est tassé depuis, non sans avoir accouché d’une sorte de présidentiable ès viols des femmes made in Sud Kivu, le Dr Denis Mukwege. Comme quoi le malheur des pauvres femmes violentées arrange bien certains agendas.
Ida Sawyer, la chercheuse de Human Rights Watch qui reproche aux autorités congolaises de ne pas avoir reconnu ses « compétences » en matière des droits de l’homme dans un pays qui compte des dizaines d’associations locales actives dans ce secteur est naturellement montée au créneau le couteau entre les dents. Brûlant d’en découdre, cette « spécialiste » dont la science consistait à plagier platement des rapports d’ONG congolaises actives sur terrain derrière lesquelles se dissimulent maladroitement des officines de partis politiques de l’opposition n’a pas dérogé à ses vieilles habitudes. Elle a affirmé crânement que les autorités de la RD Congo auraient arrêté et torturé « des centaines d’activistes des droits de l’homme depuis 2015 » sans se soucier de produire la moindre liste des pauvres hères ainsi embastillés et malmenés. Avec la délectation de la vengeance, elle a aussi attribué au gouvernement et ses organes sécuritaires les attaques contre les sièges des partis politiques de l’opposition où des corps de militants calcinés auraient été jetés dans le fleuve Congo qui selon elle coule à proximité. Une information totalement dénuée de fondement car faisant délibérément l’impasse sur la réalité des incidents sanglants qui avaient entouré les manifestations insurrectionnelles organisées par… l’opposition politique les 19 et 20 septembre 2016 et qui ont été circonscrits, grâce à l’intervention des forces de sécurité RD congolaises dans le périmètre des communes de Limete résidentiel, Kasavubu et Kintambo, loin du majestueux fleuve qui charrie ses torrents aux abords de la commune de la Gombe. Par ailleurs, en occultant les viols, assassinats, pillages et saccages des sièges des partis politiques de la majorité dont les manifestants s’étaient rendus coupables, « la Sawyer » comme l’appellent ses détracteurs, nombreux dans la capitale congolaise, a voulu accréditer l’idée que les atteintes aux droits de l’homme ne le sont plus dès lors que les victimes ne font pas partie de ceux qu’elle considère comme opposants au régime. La conséquence coule donc comme de source : « M. Kabila n’a pas clairement dit qu’il quitterait le pouvoir, mais les violations des droits de l’homme continuent », s’est-elle presque étranglée d’indignation devant le Congrès américain, trahissant ainsi sa conception de choses : droits de l’homme = pas de Joseph Kabila au pouvoir. Il faut donc « accroitre les sanctions contre les supérieurs, parmi les forces de sécurité, qui organisent la répression ».
Presque même son de cloche chez l’activiste autoproclamé des droits de l’homme, Fred Bauma, qui n’est en réalité qu’un factotum de groupes anti kabilistes extrémistes qui a assuré que « des centaines d’activistes de Lucha ont été arrêtés, kidnappés … alors que leur combat est un combat pour le respect de la constitution et la liberté ». Contre l’exploitation éhontée et sauvage des ressources de son pays par des entreprises occidentales, parmi lesquelles des minings américains, Bauma et sa Lucha n’ont rien à redire. Organisation citoyenne ? Il n’est jamais encore venu à l’esprit des dirigeants de la Lucha qu’ils pourraient encourager leurs compatriotes à payer leurs impôts pour procurer à l’Etat les moyens d’assurer décemment l’éducation de leurs enfants… Non. « Le changement pour lequel lutte la Lucha est un changement d’animateurs des institutions. Pas de la situation sociale des rd congolais », ironise un prêtre catholique qui prétend avoir vu naître le groupe des jeunes à Goma, il y a quelques années sous la férule d’émissaires du milliardaire américain Georges Soros, déstabilisateur en chef des pays africains pour le compte de la puissante et impériale Amérique. « Ils ont changé du tout au tout leurs objectifs de départ, qui étaient nobles », explique-t-il au Maximum. L’homme de Dieu ne croit pas si bien penser. « Je suggère que le Congrès demande à l’administration américaine d’accroitre les sanctions financières contre ceux qui sont impliqués dans les malversations et la répression des manifestations publiques. Il faut le faire maintenant pour éviter les violences après le 19 décembre… ». La preuve qu’il faut un peu de tout pour noyer proprement son chien. A Kinshasa, beaucoup savent que les regroupements des jeunes comme la Lucha de Fred Bauma et autres Filimbi sont des organisations anarchiques entretenues par certaines ambassades occidentales et organisations internationales qui leur procurent facilités, et financements. A la condition qu’ils se déclarent anti-gouvernementaux. Et apportent le grain de perturbations politiques dont leurs mentors ont besoin pour infléchir la vie politique nationale dans le sens de leurs intérêts bien compris. C’est ce qui vaut les altérations flagrantes de la vérité dont Bauma et ses semblables se rendent quotidiennement coupables. En omettant le fait que les activistes de la Lucha interpellés se sont rendus coupables de délits punis par les lois de leur pays (même s’ils ne se sont pas aux Etats-Unis). Mais aussi, que dans la constitution qu’ils prétendent défendre, il n’est stipulé nulle part qu’au 19 décembre prochain, il advienne quoique ce soit en RD Congo : un mandat présidentiel prend légalement fin, des élections sont en cours de préparation pour pourvoir au rassemblement du chef de l’Etat arrivé fin mandat. Défendre la constitution, ce n’est pas se substituer au souverain primaire.
Occultation et violation de la constitution
Les pérégrinations de cette noria interlope d’acteurs politiques rd congolais en Occident et ailleurs concourent donc à la violation de la constitution et des lois en vigueur en RD Congo dans la mesure où elles visent à court-circuiter la procédure normale, et démocratique, d’accession au pouvoir. C’est ce que visent des sanctions sollicitées, dont on peut raisonnablement douter des effets sur les personnes visées. A en juger, notamment, par un événement survenu quelques heures avant la prestation du panel de pourfendeurs de la RD Congo au Congrès US : la mort, à 91 ans, du révolutionnaire cubain Fidel Castro. L’ancien Chef d’Etat de Cuba qui a résisté aux pires formes de sanctions qui soient, aussi bien qu’à plus de 600 tentatives d’assassinat fomentées par les Etats-Unis d’Amérique. A quelques encablures des côtes des USA, Cuba vit sous embargo américain depuis 1962 mais n’en a pas moins survécu jusqu’à contraindre les américains, sous Barack Obama, à se lancer dans la renormalisation des relations entre les deux pays. Pour des raisons économiques, parce que les eaux aux larges de l’île cubaine regorgent d’impressionnantes quantités de pétrole encore inexploitées, entre autres.
Des sanctions contre les autorités d’un pays tiers ? C’est connu aujourd’hui, elles sont prises et mises en œuvre dans l’espoir de retourner les populations contre leurs gouvernements. Autant que la création et le soutien de groupes subversifs comme la Lucha, Filimbi, ou encore des organisations d’agitateurs comme Human Rights Watch, qui servent avant tout à déstabiliser les Etats du continent et ainsi, permettre aux maîtres autoproclamés du monde de garder une main-mise sur ces pays.
J.N.