Il ne croyait pas si bien porter son patronyme, le Premier ministre UDPS nommé par Joseph Kabila. Dans le patois Luba-kasaï d’où il est originaire, Badibanga est une interrogation : combien sont-ils ? Que des délégations en quête d’une audience, des politiques candidats ministres aux associations courtisanes qui se réclament les unes de Kin branché et les autres du Grand-Kasaï.
Combien sont-ils ? cette question, le Premier ministre se la pose dès les premières heures vespérales de sa nomination quand sa résidence a été envahie par « ceux qui sont venus partagés sa joie», se flattait un promoteur télé de la place. L’homme en aurait ras-le-bol de faire le chef coutumier solutionneur de tous les problèmes, alors qu’il n’a pas fini de consulter sur la formation du gouvernement qui fera de lui chef de l’exécutif solutionnaire. Localisé sur les hauteurs de Binza, dans le quartier huppé dit des Pigeons, Badibanga, aurait élu domicile ailleurs, en tout cas loin des regards des renards, toujours prêts à entonner des cantiques dithyrambiques, des Djalelo de triste mémoire, dans l’espoir de se faire ancrer dans la mémoire du Premier ministre en vue d’un poste. Ses dernières audiences, Badibanga les a d’ailleurs accordées à la Cité de l’Union africaine, mieux sécurisée, filtrant au préalable toute entrée. Mais des mouvements associatifs, les uns montés de bric et de broc, d’autres ressuscités dans la capitale, ne le lâchent pas d’une semelle. A Kinshasa, on a coutume de dire, l’on vous chasse par la porte, revenez par la fenêtre. Samy est un Kinois pur sang, soutient-on depuis un certain temps dans la métropole kinoise. MLC aile pur et dur –l’est-il toujours ?-, le député provincial William Canon s’est déclaré disposé à … aider le Premier ministre Samy Badibanga dans sa lourde mission, en tant que Kinois. Que non, il est du Grand Kasaï. «Samy, ntshitu tshetu ! » Lire, « Samy c’est exclusivement notre affaire!», la rengaine monte dans les milieux kasaïens de la capitale, sous la houlette des acteurs politiques…majeurs, Boshab, Ngoy Kasanji, etc. Sauf que cette tribalisation de la Primature comporte aussi les germes d’une mise en paria. Nenni. Après avoir bravé la mesure d’interdiction des manifs politiques dans la capitale, Ngoy Kasanji a récidivé à Mbuji-Mayi. Le gouverneur du Kasaï oriental était, une fois encore, le 25 novembre dernier, à la tête d’une marche de soutien au Premier ministre Badibanga. Des partis de la majorité et des associations de la société civile du Kasaï-Oriental ont été joints à la marche partie de toutes les cinq communes de la ville accompagnés de leurs bourgmestres respectifs. Ici, l’association Konga Baluba, créée en 1959 par Albert Kalonji, le futur empereur sécessionniste, a repris du service dans l’espoir que Badibanga va réhabiliter la MIBA, la voirie, l’eau et l’électricité, les écoles… Que des groupes des jeunes amis de Samy. «Badibanga?», Combien sont-ils pour être tous satisfaits ?
NADINE KINGOMBE