Ya Mado règne en maître sur la nationale n°4, voie essentielle pour les affaires dans la province de l’Ituri. Mardi dernier, il est subitement sorti de la brousse pour renverser un camion rempli de marchandises qui stationnait tranquillement au bord de la route.
La FEC locale n’a pas encore donné de la voix sur le sujet. Dieu seul sait avec quelle vélocité le patronat aurait agi si le camion avait été immobilisé sur ordre d’un humain, fait d’un de ces nombreux services étatiques qui enquiquinent habituellement les commerçants. Pourtant, Ya Mado n’en est pas à son premier forfait du genre et menace sérieusement le climat des affaires dans la contrée. Déjà à son actif, plusieurs blessés, surtout des voyageurs commerçants et malheureusement deux morts aussi !
Mardi ou vendredi 13.
Le pachyderme qui se distingue des autres par sa stéatopygie, en fait ses postérieurs assez prononcés, avait tué le 6 octobre 2015, encore un mardi ! un candidat à la députation provinciale à quelques encablures de Bunia. Ce jour-là, Ya Mado vagissait d’ire à la lisière de la bourgade de Toli-Toli, plongeant la petite cité dans une panique digne des aventures des Daltons. C’était le Sauve-qui-peut général. Le candidat député, revenu dans son terroir, dit-on, juste pour le besoin de la cause, ignorait, fort probable, les exploits apolitiques auxquels se livrait le pachyderme. Dans la panique générale, Asumani Musafiri, c’est son nom, aurait emprunté dans sa fuite le même sentier que … Ya Mado, défenses bien crochues, qui veillait au grain. Le choc frontal fut frontal ! Pour le grand malheur du candidat député. Qui s’est fait fracasser crane, omoplates, côtes… vertèbres. Et ce fut donc l’irréparable. Animal protégé par la convention CITES dont la RDC est signataire, cet éléphant comme les autres en RD Congo, est donc à l’abri de toute stratégie visant à le mettre hors d’état de nuire. La seule solution consisterait à tenter d’éloigner Ya Mado de la route nationale n°4. Opération quasi-impossible. A tel point que l’autorité locale du secteur a tout simplement déconseillé aux hommes d’affaires et autres voyageurs de ne pas emprunter la nationale n°4, avant 7 heures et après 17 heures. Bref, un couvre-feu qui ne dit pas nom.
POLD LEVI