Sur la situation politique en RD Congo, pays que les radicaux de l’opposition tiennent à rendre ingouvernable en décembre prochain à travers des ultimatums en forme de cartons jaunes, rouges et autres incantations tonitruantes, la communauté internationale est en passe de se diviser. Depuis le 21 novembre courant, les Etats-Unis d’Amérique semblent avoir pris la mesure du danger, créé de toutes pièces par la frange dite radicale de l’opposition politique rd congolaise portée à bouts de bras par certaines capitales européennes incapables de se défaire de leurs statuts surannés de pays colonisateurs. Dans un communiqué qui en a surpris plus d’un à Kinshasa et sans doute partout ailleurs à travers le monde, les Etats-Unis invitent clairement « … la coalition du Rassemblement sous la direction d’Etienne Tshisekedi à faire des propositions constructives et pratiques et à s’abstenir de rhétorique incendiaire ou des actions incompatibles avec les normes démocratiques ». En plein dans le mille.
TSHISEKEDISME VIEILLISSANT
Du tshisekedisme vieillissant depuis les années Mobutu au katumbisme éclectique qui confond un Etat et un club de football, sports favori des Congolais, l’histoire politique retiendra de ce qu’on présente à l’opinion comme une opposition politique, qu’il n’a jamais rien proposé de constructif au-delà d’un vulgaire « ôtes-toi de là que je m’y mettes ». L’opposition extrémiste et jusqu’auboutiste à tous les pouvoirs dont on ne fait pas partie rime avec des méthodes insurrectionnelles présentées comme démocratiques et libératrices, les riverains du majestueux fleuve Congo l’ont expérimenté depuis des lustres. A l’instar de cette tristement célèbre marche des chrétiens de 1992, qui exposa aux canons des forces de sécurité mobutistes des dizaines d’innocents conviés à braver une dictature déjà vermoulue. Plus près de nous, les 19 et 20 septembre derniers, la bande à Tshisekedi animée par les mêmes instigateurs des événements de février 1992 ont à peine changé leurs méthodes d’expéditions d’innocents ad patres. En multipliant les foyers insurrectionnels loin des couloirs à manifester convenus avec les autorités urbaines, en violant, en tuant et en saccageant tout ce qui passait à leur proximité sans obéir à leurs mots d’ordre. Ce ne sont pas des méthodes démocratiques, loin s’en faut. Et les yankees, sur lesquels l’opposition comptait pour mettre fin par des voies démocraticides au pouvoir en place, semblent ‘in fine’ l’avoir compris.
Le communiqué des Etats-Unis assure, certes, soutenir les « discussions facilitées par la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO) entre l’opposition politique et le gouvernement de la RDC afin de parvenir à un consensus vers des élections crédibles en temps voulu. Le succès de ces discussions, s’appuyant sur et renforçant l’accord du 18 octobre facilité par l’Union Africaine, dépendra de la participation de bonne foi, des engagements sérieux et des concessions tangibles de la part de l’opposition politique et du gouvernement de la RDC ». Mais ils ne font plus dépendre la suite du processus en cours du succès de cette facilitation, mais surtout, ils ne soutiennent plus quelque destin apocalyptique que ce soit en décembre prochain. Parce qu’il s’agit de préparer la tenue d’élections « en temps voulu ».
L’UE TROP INTERESSEE
C’est l’Union Européenne, dont le président a rendu public un communiqué relatif à la situation politique rd congolaise le 23 novembre dernier, qui s’évertue à s’accrocher bec et ongles au schéma insurrectionnel des radicaux que certains de ses membres ont dicté à Tshisekedi et Katumbi. Sans trop surprendre l’opinion en RD Congo, où il est de notoriété quasi publique que l’opposition animée par les deux hommes est l’œuvre d’officines nostalgiques des années de colonisation. Conçue pour perpétuer ses desseins néocoloniaux sur le contient africain. Dans un document intitulé « Déclaration du Porte-parole au sujet des efforts politiques en cours en République Démocratique du Congo », l’UE affirme en effet que la nomination d’un nouveau premier ministre et la mise en place d’un nouveau gouvernement tombent à un moment critique et à quelques semaines de l’échéance constitutionnelle du 19 décembre, comme pour rayer d’un trait l’évolution de la situation née de la signature d’un accord politique qui ouvre la voie à une évolution qui lui déplait. « A cet égard, l’Union européenne soutient pleinement l’action en cours de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) qui contribue à forger un consensus indispensable et large sur base de l’accord du 18 octobre. Il est essentiel que le gouvernement et l’opposition coopèrent constructivement », lit-on dans ce communiqué qui fait dépendre la suite à venir de la facilitation d’une institution privée, la Conférence épiscopale de l’église catholique romaine. Un comble au regard de la laïcité de l’Etat consacré expressis verbis par la constitution. L’Union européenne dit espérer naïvement « un consensus large et indispensable » qui ne peut que paraître purement chimérique pour quiconque connaît les véritables intentions de Moïse Katumbi, le véritable patron-acquéreur du Rassemblement de l’opposition. Parce que même en Europe, continent de vieille démocratie, de consensus large sur les questions de gestion de la res publica, il n’y en a plus eu depuis des décennies. Il suffit d’en juger par les scores électoraux en France, en Belgique, en Allemagne ou en Grande Bretagne : pour décrocher un mandat électoral présidentiel ou équivalent, quelque 50 % font l’affaire. Le reste se soumet et attend son tour. Il est donc illusoire de suspendre le cours de la vie politique à cette sorte d’unanimité que l’UE exige en RD Congo.
Encore que la pleine confiance à la CENCO n’est pas chose évidente chez toutes les parties prenantes de la crise congolaise. Pour nombre d’observateurs en RD Congo, les calottes sacrées apparaissent comme extrêmement partisanes. Les facilitateurs de l’église catholique rd congolaise sont perçus rien moins que comme des opposants purs et durs au régime politique en place. Et sans nul doute à tout régime qui ne protègerait pas les intérêts occidentaux en Afrique. C’est connu depuis les années des indépendances africaines, en 1960 (en ce qui concerne la RD Congo) : les princes de l’église catholique furent des auxiliaires zélés de la colonisation. Des chroniqueurs de l’époque les ont toujours aligné dans la « trinité coloniale ». Il ne semble pas que cet état des choses ait changé depuis 1960. La plupart des membres du haut clergé catholique rd congolaise sont demeurés totalement au service des anciennes puissances coloniales. Leurs intérêts et ceux des occidentaux convergent, jusqu’à ce jour. Ce n’est peut-être pas un fait du hasard si, jusqu’à ce jour, les fameux facilitateurs adoubés par l’Occident pour plier l’accord politique pourtant facilité par l’Union africaine le 18 octobre dernier n’ont pas encore signé ce document. L’unique qui fournisse une base de départ à un processus politique apaisé jusque-là. Ne l’ayant pas encore signé, les évêques de la conférence épiscopale du Congo sont, à l’évidence, chargés de faire durer les choses, histoire de fournir une marge d’action aux partisans des schémas chaotiques et putschistes occidentaux portés par les radicaux de l’opposition. C’est loin d’être la voie de sortie de crise la moins problématique.
En RD Congo, en 1960 comme aujourd’hui, l’Eglise n’a jamais été « au milieu du village », tant elle est partisane et extrémiste.
J.N.