Après l’ouvrage politique, autrement plus élaboré que fut le désormais célèbre sondage Bercy sur la popularité des acteurs politiques de la RD Congo, dans lequel il avait pris soin de s’aligner, non sans quelque toupet selon les observateurs de l’arène politique rd congolaise, Olivier Kamitatu vient de signer une seconde gaffe politique qui devrait demeurer mémorable. Dans la première, qui visait manifestement l’objectif de suggérer dans les esprits une grande popularité, et donc la légitimité de la candidature, de Moïse Katumbi Chapwe, l’ancien gouverneur de la riche ex province du Katanga et « tiroir-caisse » des aigres-faims de l’opposition radicale katumbiste-tshisekediste, le fils Cléophas Kamitatu avait allègrement marché sur l’énorme ego de l’autre candidat du même regroupement politique, Etienne Tshisekedi wa Mulumba. Le candidat malheureux à la dernière présidentielle rd congolaise s’était retrouvé, à la faveur de projections douteuses d’un groupe d’études sur la RD Congo et de Bercy, relégué très loin derrière le président du TP Mazembe de Lubumbashi dans la course à la présidentielle. Au cours d’une réunion du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement (sans élections), où ce type de « désignation à peine déguisée » sont très peu appréciées, Kamitatu avait été vertement pris à partie par un tshisekediste bon teint qui l’avait tancé sur la raison d’être du regroupement créée sous la férule des libéraux belges à Genval (Bruxelles) il y a quelques mois. Et en avait été réduit à marmonner de plates excuses.
Manifestement, l’épreuve n’a pas produit les leçons de retenue politique attendues. Il y a quelques jours, à la nomination à la primature de l’UDPS Samy Badibanga, Kamitatu Junior a cru pouvoir révéler par un tweet que l’homme avait acquis la nationalité belge en 2002. L’insinuation, qui occultait sciemment le fait qu’à cette date-là, la constitution en vigueur, qui stipule que la nationalité rd congolaise est une et exclusive, n’avait pas encore été adoptée et promulguée. Mais qu’importe pour Olivier Kamitatu : l’essentiel étant manifestement de jeter l’opprobre sur le nouveau promu à une fonction qu’il convoitait, de l’avis de certains observateurs.
Seulement, le tweet assassin d’Olivier Kamitatu a déclenché d’acerbes reparties sur les réseaux sociaux et au sein de la classe politique en RD Congo. Où peu ont apprécié la félonie. Pire, certains se sont souvenus de certains nouveaux amis de Kamitatu (parce que d’anciens, l’élu de Bulungu n’en compte pas à la pelle, et pour cause !), détenteurs de plusieurs nationalités, dont il ne pipe mot pour ne pas se priver d’opulentes prébendes. Au premier rang desquels … Moïse Katumbi Chapwe, le candidat à la présidentielle dont il rêve d’être le 1er ministre dans un avenir plus ou moins proche. Dans l’opinion rd congolaise, il était déjà connu que l’ancien gouverneur de l’ex province du Katanga, qui est d’origine grecque-juive de père et zambienne de mère ne pouvait pas légitimement prétendre accéder au top job en RDC. Dans la réalité, il s’avère qu’il possède plus de deux passeports, à en juger par une dépêche de l’Agence France Presse rendue publique de Lusaka en Zambie, in tempore non suspecto, comme on dit. Elle rapporte qu’en son temps, c’est-à-dire dans la foulée des poursuites judiciaires à l’encontre de l’ancien président Frederick Ciluba, l’Etat Zambien avait demandé à la RD Congo l’extradition du gouverneur du Katanga, accussé de corruption et de détournements de fonds publics. Le ministère Zambien des affaires étrangères avait transmis une requête en bonne et due forme à cet effet à Kinshasa, arguant du fait que Sieur Katumbi avait la double nationalité, rd congolaise et zambienne. Avec Moïse Katumbi, Xavier Chungu, un ancien patron des renseignements zambiens, était aussi voulu dans son pays. La Zambie poursuivait Moïse Katumbi pour des contrats négociés avec Frederick Ciluba d’une fraude au détriment de l’Etat zambien d’un montant d’environ 25 millions USD issu de vente d’armements.
Ce que le tweet jaloux d’Olivier Kamitatu rapporte au Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement, c’est donc aussi de gênantes révélations pour son candidat à la prochaine présidentielle qui, ainsi, devrait automatiquement être exclu de la compétition. « Cela fait beaucoup, d’être Grec de naissance, de détenir la nationalité zambienne et d’être marié à une zambienne, tout en prétendant à la magistrature suprême dans un pays voisin », notait, dimanche soir, un habitué des réunions des radicaux à Limete, qui a requis l’anonymat. L’affaire est, en effet, à la fois sérieuse et délicate. Katumbi, c’est tout de même l’homme par qui tout ce beau monde subsiste financièrement, Olivier Kamitatu parmi les premiers. Exposer ainsi les faiblesses de sa cuirasse, par malice ou par naïveté ne saurait ne pas prêter à conséquence plus ou moins fâcheuses, estiment des sources chez les radicaux.
Il reste néanmoins que c’est l’acteur politique que prétend être le fils Kamitatu qui trahit de sérieuses lacunes et carences, aussitôt quitté les arcanes du pouvoir politique. « Il est bien gamin de jeter la pierre sur des Congolais au sujet de leur nationalité, ce Kamitatu dont le phénotype n’épouse pas ses géniteurs congolais supposés », fulminait lundi dernier un acteur politique originaire de l’ancienne province du Bandundu dont sont originaires les Kamitatu. Beaucoup en RD Congo pensent désormais comme lui, même s’ils ne savent pas, eux aussi, tweeter les plus petits de leurs sentiments.
Ci-après, la dépêche de l’Afp rendue publique de Lusaka en Zambie.
J.N.
LA ZAMBIE DEMANDE À LA RDC D’EXTRADER UN GOUVERNEUR ACCUSÉ DE CORRUPTION
LUSAKA, (AFP) – La Zambie a demandé à la République démocratique du Congo (RDC) d’extrader le gouverneur de la province congolaise du Katanga (sud-est) accusé de corruption et détournement de fonds publics, a-t-on appris mercredi de source officielle.
Max Nkole, chef de l’unité spéciale de lutte contre la corruption, a déclaré que le ministère zambien des Affaires étrangères avait transmis la requête à Kinshasa afin que Moses Katumbi, qui a la double nationalité zambienne et congolaise, soit extradé le plus rapidement possible.
“Les suspects dont l’extradition est requise sont le gouverneur du Katanga en RDC, Katumbi, et (l’ancien patron des services de renseignement zambiens) Xavier Chungu”, a-t-il précisé dans un communiqué.
Katumbi est accusé d’avoir détourné des fonds publics lors de contrats négociés avec son proche allié, l’ancien président zambien Frederick Chiluba (1991-2001), lui-même inculpé pour plusieurs affaires de corruption et de détournement de fonds publics.
Les affaires et les biens de Katumbi en Zambie, qui comprennent une pêcherie et des minoteries, ont été confisqués au profit de l’Etat après sa fuite en RDC il y a environ trois ans.
Max Nkole a ajouté que Lusaka cherchait à arrêter Chungu, qui a fui le pays et est soupçonné de s’être réfugié dans la RDC voisine.
Chiluba, Chungu et Katumbi sont aussi accusés d’une fraude au détriment de l’Etat zambien d’un montant d’environ 25 millions de dollars lors d’un accord d’armement approuvé par l’ancien chef d’Etat.