Déjà surclassé par le port de Pointe-Noire par où transitent 60% des frets lui destinés, le port de Matadi est nettement étouffé tant géographiquement, techniquement que financièrement par le tout nouveau port privé de Ledya et consorts. Larguez les amarres ! Ledya exclut pour l’instant tout rapprochement avec le vieillot port de la SCTP.
Le groupe Ledya tient à lever tout équivoque et le fait savoir via le Net : «Le futur port n’a aucun rapport avec les ports existants ni sur le plan juridique ni commercial dans la mesure où cette nouvelle société est totalement indépendante et créée par les personnes privées conformément à la législation en vigueur en RD Congo et qui a obtenu toutes les autorisations requises ».
En clair, la SCTP ex-ONATRA, propriétaire des ports maritimes de Banana, Boma et Matadi devrait s’attendre à une rude concurrence dès le dernier quadrimestre 2016. Le futur port privé se situe juste à 1.5 Km du pont Maréchal, à quelques minutes de navigation du port public de Matadi. «Nous aurons un impact positif, croit-on dur comme fer chez LEDYA, et nous diminuerons le temps et le coût total de transport… Nos installations portuaires desserviront les navires, les importateurs et exportateurs avec des infrastructures ultra modernes, des équipements de pointe et un personnel hautement qualifié, selon les normes internationales».
Fruit d’une joint-venture entre le groupe philippin ICTSI, International Container Terminal Services Incorporation, avec 60% des parts, et 40% pour SIMOBILE Sprl, filiale du groupe LEDYA, le futur port disposera d’un quai de près de 150 m…et aura notamment l’avantage de jouxter la station SEP Congo d’Ango-Ango… dans le lotissement Clinique communément appelé « Mbengu Mbengu ». Le port de Matadi aligne certes 10 quais construits au XIXème siècle, et dont 4 au moins accusent des signes graves de défectuosité. En outre, Matadi étouffe sous l’effet de trop plein des conteneurs dont l’évacuation tire en longueur, conséquence, entre autres, des chinoiseries administratives dans les opérations de dédouanement, en dépit de l’installation du guichet unique du commerce extérieur. Filiale LEDYA, SIMOBILE Sprl s’est également doté d’un port sec de 35.000 m2 en vue de servir de terminal conteneurs dont l’Etat a besoin pour désengorger le port public de l’Etat de Matadi, fait-on comprendre chez LEDYA. Le port sec comprend aussi un bâtiment de 4.000 m² à 3 niveaux pour abriter les services administratifs et officiels du port, dans la ville de Matadi.
REGIME DE FAVEUR?
Cependant une polémique monte, tel un serpent, dans la ville portuaire, autour de l’impact environnemental du projet de LEDYA/ICTSI RDC et de la propriété des terrains sur lesquels SIMOBILE construit ses ports. «Cette concession, sous le Pont Maréchal, endroit si stratégique, devrait coûter des centaines des millions de dollars si l’Etat devrait le céder à un privé», fait comprendre cet expert du ministère des Affaires foncières, «… à moins qu’il ne s’agisse d’un régime de faveur accordé à un tiers… », poursuit-il.
Des faveurs, le groupe LEDYA en a bénéficié au moins durant 3 ans, entre 2007 et 2010, quand le gouvernement a accordé une exonération totale à FOLOMET, une usine de production des barres d’acier, des fers plats et des cornières, sur 14ème rue à Limete à Kinshasa, que le président de la République, Joseph Kabila Kabange, a inauguré début septembre 2007. D’une capacité installée de 60 tonnes d’acier par jour, la fonderie mettrait sur le marché r-dcongolais un minimum de 10 mille tonnes de barres d’acier par an, soit 30% de la consommation nationale. Et pour autant, la filiale de LEDYA a joui d’un régime digne de paradis fiscal…de type panaméen.
POLD LEVI MAWEJA