Matata, ce n’est pas que l’homme, un poste ou une fonction, mais c’est aussi un système singulier de gestion et de collaboration au sein de l’Exécutif qui a mis pratiquement 5 ans au sommet de l’Etat, toutes proportions gardées. Troïka, audit mensuel de la Primature…coupes sinon suppressions de primes, bref, des pratiques que le tout nouveau Premier ministre ne saurait se payer la liberté de reconduire sans risques de casses. Les moyens financiers, l’attitude des autres ministres ne le permettraient pas. «Dématatisation» en perspectives.
S’il est quasiment acquis que Matata Ponyo ne défendra pas devant le Parlement la loi budgétaire 2017, le Premier ministre a cependant tenu sa dernière réunion de Troîka stratégique lundi 14 novembre 2016, aux premières heures de la matinée avant d’aller déposer sa démission auprès du Président de la République et Chef de l’Etat, Joseph Kabila. Ce qui suscité un tollé dans certains salons politiques de la haute ville quant à l’opportunité de la continuité de ce pseudo-conseil des ministres sensiblement réduit…et onéreux.
L’on sait au lendemain de la mise en paria de son alors ministre du Budget, Mukoko samba, interdit aussi de prendre part aux réunions de la fameuse Troïka, la presse locale avait fait des choux gras d’un rapport présenté comme émanant des services, selon lequel chaque participant avait droit à un jeton de présence plutôt juteux. 15 à 20.000 dollars chaque lundi matin. Aucune enquête sérieuse n’a suivi ces révélations.
La Troïka est demeurée, en réalité, un quartet comprenant les ministres des Finances et du Budget, le gouverneur de la Banque Centrale du Congo, BCC, ainsi que le Premier ministre. De temps à autre, pour diverses raisons, un autre ministre peut être convié à la réunion, comme ce fut dernièrement le cas avec le ministre de l’Economie qui en est pratiquement devenu un permanent. La Troïka en clair est un conseil des ministres sui generis dont seul le Premier ministre définissait l’ordre du jour, rapportent des sources généralement bien renseignées. L’opinion se rappellera des agacements répétés de l’ancien Gouv de la BCC, Jean-Claude Masangu sur ces messes de la primature matatienne. Naturellement, avis d’analyste, tous les membres du gouvernement n’ont jamais eu une même lecture de la situation socio-économique du pays. L’on se souviendra du renoncement à brûle-pourpoint de l’organisation de la CAN U-23 par la RDC sur décision de la primature, pour des raisons financières, avait soutenu Matata, alors que son ministre des Sports n’était au courant de rien. Matata avait aussi pris coutume de faire auditer les membres de son cabinet, chaque mois, selon ses propres dires, par un cabinet de consulting international, PCWH, Price Cooper Water House. Sans doute, un exercice qui doit avoir coûté quelques milliers de dollars. Voilà qui rappelle le ras-le-bol du Président de la République dans un discours sur l’Etat de la Nation devant le parlement réuni en congrès. Joseph Kabila déplorait en effet le phénomène expertmania, «audit après audit», qui ne donne pas de résultats probants mais fort budgétaires. Le tout nouveau Premier ministre sait donc à quoi s’en tenir d’entrée de jeu. Alors que nous mettions sous presse, dans les heures vespérales, la nomination de Vital kamerhe à la Primature relevait encore de pronostics.
POLD LEVI