C’est Augustin Matata, toujours Premier ministre de la RD Congo, qui défendra le budget 2017 devant les députés. Le speaker de la chambre basse du parlement, le PPRD Aubin Minaku Ndjalandjoko, devrait de nouveau lui adresser une invitation en ce sens. Et faire ainsi amende honorable. La « jurisprudence » Yav Mulang, le ministre Matata des finances « recalé » il y a quelques jours, n’aura fait effet de boomerang à l’Assemblée nationale. Le Maximum l’avait prédit dans ses précédentes livraisons. Moins d’une semaine après, la représentation nationale qui s’est auto-privée de ses prérogatives du contrôle de l’action gouvernementale est promptement revenu à la raison.
Membre, lors de la mandature de 2006, de la Chambre des sages, en fait du Sénat, l’honorable Henri-Thomas Lokondo a convié, à la faveur d’une motion, ses pairs de la Chambre basse à prendre de la hauteur vis-à-vis des enjeux sociopolitiques du moment, la mise en place du nouveau gouvernement ayant été renvoyée sine die. L’Assemblée nationale a pris le risque de se paralyser soi-même, a-t-il laissé entendre, croyant asphyxier le gouvernement sortant. Estimant que le cabinet Matata n’avait plus qualité à agir comme gouvernement de la RDC, la plénière du 2 novembre 2016 avait, en effet, dans une ambiance euphorique frisant la vindicte populaire, refusé au ministre des Finances, le très pondéré Yav Mulang, de présenter la reddition des comptes exercice 2015. La aussi, l’Assemblée nationale a rétropédalé. L’on sait, le mercredi 9 novembre passé, le vice-Premier ministre en charge du Travail et Prévoyance sociale, Willy Makiashi, s’est déjà prêté, volontiers, à la question orale inhérente au taux de chômage à la Chambre basse. Le ministre de la Fonction Publique, Pascal Isumbisho, est dans la foulée annoncé, une fois encore, pour les prochains jours à l’Hémicycle. Trois questions orales avec débat sont revenues dans le canevas du bureau de l’Assemblée nationale, a-t-on appris. Visiblement, la Chambre basse en revient à une conception plus rationnelle qu’émotionnelle de la gestion des affaires courantes ainsi que du principe de la continuité de l’Etat. Conséquence fort probable, croit-on savoir, d’un rappel à l’ordre, non sans raison, en hauts lieux. Comme qui dirait le gouvernement Matata aura été, pour la deuxième fois, adoubé, investi, accepté par la représentation nationale. Pour combien de temps ? Dans le camp même de l’opposition qui a pris part au Dialogue et d’où doit venir le Premier ministre, parler en termes de temps, de délai, de date butoir…calendrier passe pour une conversation qui fâche. Ce que certains acteurs sociaux, comme l’activiste des droits de l’homme, Jonas Tshiombela soutient par ailleurs que « le gouvernement n’était pas la crise qui a conduit au Dialogue mais les élections. Même Matata peut nous amener aux élections ».
NADINE KINGOMBE MWAYUMA
RETROPEDALAGE A LA CHAMBRE BASSE DU PARLEMENT : Le cabinet Matata investi derechef à l’Assemblée nationale
