Séisme, surprise, tremblement de terre, scandale, miracle, coup de théâtre, autant de qualificatifs utilisés par les médias pour commenter l’élection du 45ème Président des Etats-Unis d’Amérique, le républicain Donald Trump qui, en plus d’avoir déjoué les calculs des analystes et prestidigitateurs attitrés, a tourné en bourrique un grand nombre de respectables instituts de sondage et de médias globaux. La réalité électorale américaine vue à travers le prisme desdits instituts de sondage et médias avait préparés le public à l’avènement, pour la première fois dans l’histoire, d’une femme à la tête de la première puissance mondiale, la candidate démocrate Hillary Clinton. Certains dirigeants occidentaux parmi ceux considérés comme les mieux renseignés sur le pays de l’Oncle Sam ont mis du temps pour rédiger leurs messages de félicitations. Il fallait remplacer ceux contenant des louanges à la gloire de l’ancienne première dame des Etats Unis.
Dans ce contexte de victoire assurée, les préposés de l’administration Obama aux relations diplomatiques avec les pays africains étaient devenus des petits dieux. Leurs faits et gestes étaient interprétés par les affidés africains de l’impérialisme américain comme parole d’évangile. L’on se souviendra de la décadence annoncée du pouvoir de Kinshasa par une certaine opposition au motif que des jeunes souverainistes de la majorité présidentielle avaient eu une discussion orageuse avec l’Envoyé spécial du Président démocrate des USA dans la région des Grands-Lacs, un certain Tom Perriello, qui confondait son rôle avec celui d’un proconsul qualifié pour répercuter les oukases de l’ ’’Empereur’’ dont le parti allait rempiler à la Maison Blanche.
Au grand dam de tous ceux qui attendaient leur élévation du pays de l’Oncle Sam, les choses ne se sont pas passées comme prévu. Non seulement certains proconsuls qui se laissaient aller à l’esbroufe diplomatique sous nos tropiques ont été désavoués par les électeurs américains (cas de Russ Feingold, le tout aussi tonitruant prédécesseur de Perriello qui a été battu à l’élection de sénateur du Wiscossin par le républicain Ron Johnson), mais aussi et surtout dame Hilary, la championne aux crocs acérés (interrogée sur sa responsabilité dans l’assassinat de Kadhafi, elle avait répondu goguenarde : « We went, we won, and he died », traduction « nous sommes allés, nous avons gagné et il est mort ») qui était annoncée au bureau ovale de la Maison Blanche a mordu la poussière face à un candidat républicain sans aucune expérience politique.
Le moins qu’on puisse dire est qu’avec l’élection du milliardaire américain Donald Trump, la plus vieille démocratie du monde vient d’administrer au petit monde des excités du Rassemblement de l’opposition congolaise une cinglante leçon de démocratie. En clair, l’Amérique vient de prouver que la démocratie reste, envers et contre tous les groupes d’intérêts, « le pouvoir du peuple qui l’exerce directement par les urnes ou indirectement par ses mandataires ». En d’autres termes, ce que veut un peuple ne peut pas être annoncé, mais doit se constater dans les urnes.
Il est vrai que l’establishment américain avait pris le malin plaisir de se substituer au peuple en cherchant fébrilement à influencer son vote par des médias et sondages manipulés. Pas plus loin de chez nous, au Gabon, ces mêmes médias globaux et autres instituts de sondage préparaient les esprits à l’avènement de l’opposant Jean Ping à la magistrature suprême, se moquant éperdument du choix des électeurs gabonais eux-mêmes qui ont fini par reconduire Ali Bongo. Devant la réalité des urnes au Gabon, l’on a eu droit à des injonctions comminatoires des soutiens internationaux de Ping qui, sur leurs médias, auront le toupet de revendiquer leurs crimes de manipulateurs à travers des exigences de « recomptage » tirés d’on ne sait quelle législation gabonaise. Avec l’élection du truculent Donald Trump, certaines anciennes métropoles comprendront peut-être enfin qu’un peuple a tout à fait le droit de se prononcer autrement qu’en suivant le mot d’ordre subrepticement donné par les médias et sondages à leur solde ?
En République Démocratique du Congo, un institut de sondage proche d’un candidat autoproclamé à la présidence et d’un ‘’proconsul’’ américain autoproclamé expulsé par le pouvoir a dû retirer sa copie d’un sondage qui annonçait maladroitement la victoire de Moïse Katumbi contre Etienne Tshisekedi. Proclamé tambour battant sur TV5 et RFI, ce sondage qui avait suscité le courroux de l’irascible gourou de l’UDPS a mettait à mal l’image de cohésion exigée par les « maîtres » à leurs poulains du Rassemblement anti kabiliste.
En définitive, la plus grande leçon à retenir de la brillante élection de Donald Trump est que dans un Etat de droit, la voix du peuple ne se fait entendre que par la voie des urnes. Malheureusement au pays de Patrice-Emery Lumumba, tout agitateur se croit fondé à parler au nom du peuple sans en avoir reçu mandat du souverain primaire. Et les médias périphériques à la solde de l’impérialisme rampant déterminé à venir à bout de l’encrage souverainiste impulsé par le nationaliste lumumbiste Joseph Kabila et ses partisans se font le loisir de devenir des caisses de résonnance des hommes de pailles qu’une Europe de plus en plus consciente de sa décadence irréversible voudrait bien voir arriver, par tous les moyens, au pouvoir afin de bénéficier d’un accès sans contrepartie significative à nos ressources naturelles au détriment des autochtones. Ce n’est donc pas une coïncidence des milieux néocolonialistes au tropisme congolais s’évertuent à faire bégayer l’Histoire en soutenant des groupes comme ce Rassemblement d’extrémistes sans projet de société comme pour ralentir autant que possible leur descente aux enfers.
L’on comprend donc mieux pourquoi une confusion est entretenue à dessein sur le concept ‘’peuple’’ utilisé pêle-mêle pour désigner des groupes de casseurs dûment manipulés qui créent la désolation et le chaos le temps des manifestations « politiques » dans la capitale Kinshasa et pourquoi ces morts, pillages et incendies que nous avons tous déploré les 19 et 20 septembre derniers ne semblent pas émouvoir les bonnes âmes outre-Méditérannée. En effet, comment dans une ville de près de 10 millions d’habitants, l’on peut se permettre de considérer que les quelques centaines de manifestants qui s’en prennent au tissu économique et aux symboles du pouvoir sont plus représentatifs du peuple que la majorité silencieuse restée calfeutrée à domicile ?
L’élection de Trump vient de confirmer le ridicule de toute prétention à parler au nom du peuple sans mandat. Car, en réalité, ceux qui sont en phase avec le peuple ne peuvent pas s’arcbouter sur la frénésie de manifestations sensationnelles. C’est le cas de tous les dirigeants politiques qui s’affairent à donner la chance au souverain primaire de s’exprimer le plus rapidement possible par les urnes. L’Accord obtenu le 18 octobre dernier à la cité de l’Union Africaine a justement eu le mérite de fixer les dates les plus raisonnables pour la tenue urgente des élections à tous les niveaux. Il n’y a que ceux qui ont raison d’avoir peur du verdict des urnes qui peuvent encore trouver à y redire. Le peuple congolais quant à lui attend ce grand festin démocratique pour exercer son pouvoir suprême en se choisissant librement ses dirigeants, loin des sirènes des médias et des sondages qui viennent d’être démasqués aux USA.
JBS
QUAND UN PEUPLE S’ASSUME FACE AUX FAISEURS D’OPINIONS : La leçon Trump pour la RD Congo
