Le tout dernier secrétaire général de la Conférence Internationale pour la Région des Grands Lacs (CIRGL), Alphonse Ntumba Luaba Lumu Professeur de droit international public à l’université de Kinshasa, multiplie des sorties médiatiques ces derniers jours. Comme si l’homme politique qu’il est devenu (grâce aux Kabila, père et fils) tenait à demeurer contre vents et marées au-devant de l’arène politique nationale. Parmi les dernières déclarations publiques du professeur de droit, cette critique acerbe du soutien apporté par les Chefs d’Etat et de gouvernement … de la GIRGL à l’accord politique intervenu entre les parties prenantes au dialogue de la cité de l’OUA, qui confirme le maintien de Joseph Kabila aux affaires jusqu’à l’élection du nouveau Président de la République, entre autres. Pour l’ancien secrétaire exécutif de l’organisation sous-régionale, les chefs d’Etats réunis à Luanda « ont violé le protocole sur la démocratie et la bonne gouvernance de CIRGL qui demande aux Etats membres de faire en sorte que les élections respectent les périodes telles que fixées par la consitution de façon à ce que le Chef de l’Etat soit élu pendant ces périodes-là ».
La sortie médiatique d’Alphonse Ntumba Luaba Lumu serait passée inaperçue s’il ne s’était pas laissé apercevoir, quelques jours auparavant, aux côtés d’Etienne Tshisekedi, le frère de tribu, qui court depuis des décennies derrière le pouvoir d’Etat. A Kinshasa, la presse s’en est bruyamment fait l’écho : le fidèle des fidèles des Kabila avait ainsi franchi le Rubicon aussitôt son mandat échu à la CIRGL. A moins qu’il n’ait jamais vraiment partagé les convictions de ses amis de la majorité au pouvoir depuis 2006 et même avant, lorsqu’il était à leur service.
Sur la position prise par toutes les organisations régionale et sous régionales africaines à Luanda il y a quelques jours, qui planche en faveur de la stabilité institutionnelle dans les pays de la région et l’alternance pacifique et démocratique, dans l’opinion à Kinshasa et dans certaines capitales de l’Afrique des Grands Lacs, certains s’étonnent du fait que l’ancien clerc de l’organisation, en principe lié par le devoir de réserve compte tenu des hautes fonctions administratives qu’il a occupées à la CIRGL, se permette des critiques contre une décision des Chefs d’Etat dont le rôle est de prendre des décisions. De par ses fonctions de secrétaire exécutif d’une organisation sous régionale du continent (CIRGL), Alphonse Ntumba Luaba n’était qu’une sorte d’enregistreur-restituteur, pas plus, explique au Maximum un cadre au ministère des Affaires étrangères. Un secrétaire exécutif, ancien ou en fonction, n’a jamais eu voix au chapitre dans les prises des décisions par les Chefs d’Etat. On ne peut pas comprendre dès lors qu’il se permette, même s’il a quitté le navire de la Majorité Présidentielle, des observations sur ses supérieurs.
Mais il y a plus, sinon pire : dans la région des Grands Lacs, alors qu’il était le tout puissant secrétaire exécutif de la CIRGL, des Chefs d’Etat de cette organisation sous – régionale se sont taillés des révisions constitutionnelles sur mesure pour se faire réélire à Kigali, à Bujumbura … sans que personne n’ait jamais entendu le professeur secrétaire exécutif Ntumba Luaba émettre la moindre appréciation, fut-elle scientifique. On se demande donc comment, au sujet de son pays, dont le Président de la République ne s’est même pas prononcé pour un mandat supplémentaire, Alphonse Ntumba Luaba enfourche ses grands chevaux pour critiquer une décision de l’organisation sous-régionale ouverte à tout protagoniste possible de la prochaine présidentielle.
Peu le déclarent tout haut, mais à Kinshasa en particulier, et en RD Congo en général, beaucoup attribue ce qui apparaît comme virement à 90° à la proximité tribale entre Ntumba Luaba Lumu et un candidat potentiel à la prochaine présidentielle, Etienne Tshisekedi, ou Moïse Katumbi (le professeur est, après tout, natif de Lubumbashi, même s’il est originaire du Kasai Oriental comme le vieux Tshitshi). En son temps, un des fondateurs de l’UDPS d’Etienne Tshisekedi, le défunt professeur Lihau Ebwa, a eu le temps de souffrir de ses affinités qui taisent leur nom mais nuisent à la vie et à la survie d’organisations politiques sur le continent. Ce sont les coteries tribales, dénoncées au début des années ’90.
Selon des sources crédibles, déjà en 2011, Alphonse Ntumba Luaba Lumu s’était rendu dans son Kasaï Oriental d’origine où il s’était acquitté de son obligation citoyenne de voter. Seulement, dans la circonscription où se situait le bureau de vote de celui qui aimait alors se présenter comme un homme lige de Joseph Kabila, le Chef de l’Etat s’en était tiré avec 0 voix. Dans ces contrées acquises à Etienne Tshisekedi, nul ne s’était avisé de lui accorder de préférence, Alphonse Ntumba Luaba y compris. On peut donc difficilement penser que lorsqu’il s’en prend sans vergogne au pouvoir qui l’a nourri une bonne décennie durant, c’est pour des raisons scientifiques que le fait Alphonse Ntumba Luaba Lumu.
J.N.