La CENI et Joseph Kabila ont été précipitamment attaqués par les deux médias à la suite d’un marché de fournitures de kits électoraux gagné par GEMALTO (France) contre ZETES (Belgique) et des besoins d’un réfugié économique de faire accréditer sa légende auprès des autorités belges. Ridicule.
Tradition respectée : lorsque des médias « globaux » embarqués dans le traitement d’un scoop s’en éloignent précipitamment, c’est qu’ils réalisent vite qu’ils ont eu tout faux. Ils font alors le vide pour éviter de s’entremêler les pinceaux de leur renommée avec un bide. C’est justement ce qui arrive avec le fameux dossier BGFI de Kinshasa dont la partie la plus «alléchante» pour l’opinion est la gestion des comptes détenus par la CENI (Commission électorale nationale indépendante de la RDC) dans cette banque. Si pour un budget électoral global se chiffrant à plus d’un milliard de dollars américains, le versement des premiers 55 millions déboursés rubis sur l’ongle par le seul Trésor congolais pour couvrir une partie des frais d’acquisition des kits électoraux et quelques dépenses connexes suscite une volée aussi spectaculaire de bois vert, comment s’étonner des expéditions punitives cycliques dont le pays de Lumumba est victime à chaque tentative d’émancipation ? En attendant, force est de constater que le panel des journalistes et des médias qui s’est constitué autour des «dossiers Jean-Jacques Lumumba» n’a pas fait preuve du moindre professionnalisme en allant si vite à la besogne de la diabolisation d’une banque africaine, de sa cliente, une institution publique congolaise et du président Joseph Kabila dont on se demande bien ce qu’il vient faire dans cette galère. Notamment en ne prenant pas soin de dresser le profil du fameux « petit-fils » ou « petit neveu » du Héros national martyrisé par la Belgique en 1961 au moment du contact physique. Car, à en croire le site www.congovirtuel.net, «il fait partie d’un groupe de jeunes cadres de la BGFi Bank de Kinshasa en voie d’être limogé depuis quelques mois soit pour incompétence, soit pour malversations financières avec les clients». S’il avait pris soin de s’informer au préalable, ce panel aurait eu la présence d’esprit de demander à l’intéressé pourquoi il n’avait pas entrepris plus tôt la médiatisation des documents en sa possession !
De deux choses l’une : soit il aurait tenté de négocier son silence (et qu’il se serait vu envoyer paître dans l’hypothèse d’un tel chantage), soit il a été manipulé comme beaucoup d’autres aigres faim avant lui aurait par les lobbies anti-Kabila très actifs sur la place de Bruxelles depuis que le richissime fugitif Moïse Katumbi, ancien gouverneur du Katanga est devenu leur nouveau « Monsieur Tiroir-caisse ». Notre excellente consœur Colette Braeckman, spécialiste belge des questions congolaises auprès de laquelle on l’a conduit n’y a malheureusement vu que de quoi lancer un article sensationnel sur « son » Congo. Dans les deux cas, Jean-Jacques Lumumba ou quel que soit son véritable patronyme (il n’a pas pu hériter normalement du célèbre nom de Patrice Emery Lumumba son grand oncle maternel, qui était un pur Atetela, tribu patrilinéaire devant l’Eternel) a pratiquement mis fin à sa carrière de banquier en sachant probablement qu’il n’avait plus rien à perdre…
En RDCongo, ZETES (retenez bien cette raison sociale) est dans la filière électorale ce qu’est la Société générale dans la filière minière. Une société d’origine belge qui s’est internationalisée grâce à des juteux contrats en RD Congo et qui en a tiré la conviction que rien dans cette ancienne colonie du bon Roi Léopold II ne peut se faire dans ce domaine sans son expertise ou au moins sa caution.
C’est ZETES qui avait fourni du matériel électoral à la Commission électorale indépendante, ancêtre de l’actuelle Commission éleclectorale nationale indépendante pour le référendum constitutionnel de 2005 et le premier cycle électoral de 2006, à la suite d’un marché de gré à gré pour des centaines de millions de dollars. Elle l’a refait pour le compte de la pour le deuxième cycle électoral de 2011. La Diaspora congolaise de Belgique – par l’entremise de l’APRODEC, une structure politiquement proche de l’UDPS – a toujours contesté la qualité de ses équipements.
Pour le cycle électoral. Avec l’arrivée de nouveaux dirigeants à la tête de la centrale rd congolaise, le choix pour le cycle électoral 2016 a été porté sur son concurrent, GEMALTO, une entreprise française au terme d’un appel d’offres couvert par le BCECO et l’Autorité de régulation des marchés publics en RD Congo, car il en existe une dorénavant.
Aussi, derrière l’affaire BGFI, nombre d’observateurs voient la main noire du mauvais perdant dont les intérêts sont intrinsèquement liés aux libéraux au pouvoir au Royaume de Belgique.
Les premiers signes de la guéguerre entre ZETES et GEMALTO remontent au mois de septembre 2016. «Inscrits totalement dans la logique du glissement du calendrier électoral, les animateurs de la CENI ont ‘volontairement’ omis d’inscrire dans l’appel d’offres que les données de base de ZETES pouvaient être prises en compte. Une économie substantielle de temps aurait été enregistrée par cette simple opération », lit-on dans un plaidoyer contre la firme française, donc pour la firme belge. Et de rappeler que «c’est en se servant de la base des données fournies par ZETES entre 2006 et 2011 que les experts de l’OIF (Organisation internationale de la Francophonie) ont donc jugé réalisable les élections en 2016 ». Ou encore «Pour rendre le plus élastique possible les opérations d’enrôlement des électeurs, la Céni a ignoré – en toute connaissance de cause, les données de ZETES – en vue de garantir sur le plan technique le glissement du calendrier électoral en faveur de la Majorité présidentielle ».
On est là de plain-pied dans un conflit d’intérêts avéré, si bien que le plaidoyer débouche sur une suggestion insolite : l’obligation faite à l’Union européenne «de rappeler à l’ordre Gemalto qui s’est investie totalement dans une entreprise qui ne tient pas compte de principes défendus par sa politique étrangère» (sic) !
«Des titres pompeux au contenu sablonneux»
BGFI, comme qui dirait, est victime de cet affrontement suscité par un de ses cadres peu scrupuleux avec pour matière principale et, surtout, sensible la gestion des fonds électoraux logés en ses comptes.
Effectivement, s’agissant de la CENI, le journal «Le Soir» relève que «Des extraits de compte mentionnés par M. Lumumba illustrent ‘de multiples retraits douteux, allant parfois jusqu’à 1,5 million de dollars (…)”Des chèques non justifiés qui se succèdent à un rythme infernal ». D’où la conviction de «détournement de fonds publics“.
Lorsqu’elle reprend à son compte le « scoop » et le fait sous-traiter par Esdras Ndikumana, son correspond burundais installé maintenant en France pour des raisons de sécurité dans son pays où il a eu maille à pâtir avec le régime Nkurunzinza, RFI, heureuse d’enfoncer Joseph Kabila, annonce le 29 puis le 30 octobre 2016 : «Jean-Jacques Lumumba, un cadre dirigeant de la BGFI (première banque d’Afrique centrale), a claqué la porte de cette banque de Kinshasa, banque proche de la famille du président congolais, après avoir refusé de se rendre complice d’opérations douteuses. Il est allé ensuite livrer de nombreux et très compromettants dossiers au quotidien belge».
Dans sa dépêche parue sous le titre «RDC: des révélations gênantes pour la famille Kabila à la Une d’un journal belge», elle souligne : «Un des documents rendus publics par le quotidien belge Le Soir montre par exemple que l’un des comptes de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) du Congo, qui abritait de l’argent destiné à financer des élections en RDC, a été régulièrement ponctionné, et cela dans des conditions très louches».
Le citoyen lambda est comme incité à croire que cette enveloppe – estimée à plus d’un milliard de dollars US pour tout le cycle électoral – a déjà été consommée à des fins non électorales ! Même si, ne craignant pas le ridicule, l’auteur de la dépêche y glisse quelques bémols qui ne réparent rien : «La journaliste assure que les montants en jeu ne sont pas colossaux. Ils sont de l’ordre de dizaines de millions de dollars, mais ils révèlent surtout combien l’entourage du président congolais Joseph Kabila serait corrompu. Et cela en toute impunité», le mal est fait pour l’image de l’indocile Kabila. Là est l’objectif recherché.
Banalisée en raison de l’ampleur inutilement donnée à ce faux « scoop », la précision de Colette Braeckman – et encore mise au conditionnel s’agissant de la corruptibilité de l’entourage du chef de l’Etat – signifie concrètement que les médias occidentaux ont fait exactement ce que disait un certain Professeur Vincent de Paul Lunda Bululu des médias zaïrois des années Mobutu en 1990 : « Des titres pompeux au contenu sablonneux » en dénonçant avec dégoût ces médias dont le but n’est pas de rendre compte du réel mais de faire mal à ceux qui pensent « mal »…
Les médias occidentaux se débarrassent du « scoop » politisé…
Car si la volonté était de clarifier la situation, Colette Braeckman se devait de demander à Jean-Jacques Lumumba s’il a eu la présence d’esprit, par exemple, de vérifier par lui-même ou de faire vérifier par des relations interposées la l’affectation par la CENI des fonds décaissés, avant de formuler l’accusation de corruption.
Conséquence : depuis les premières réactions de Corneille Naanga Yobeluo, président du Bureau de la CENI, enregistrées le 31 octobre et le 1er novembre 2016, les médias occidentaux – Le Soir en tête – ont vite fait de déplacer le curseur de leur centre d’intérêt ! Pour la RDC, ils sont désormais focalisés sur les funérailles des « combattants » de l’UDPS et, dans une moindre mesure, la reprise des bons offices de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) entre le « Rassemblement » du duo Katumbi – Tshisekedi et le camp de Joseph Kabila.
Entre-temps, la haute direction de la CENI est revenu à la charge : les actes de gestion posés sur les comptes de l’institution d’appui à la démocratie sont légaux et traçables ! «La CENI dénonce les liens établis abusivement entre les transactions effectuées à BGFI Bank et la non-tenue des élections. C’est un discours malhonnête“, va même ajouter son président Corneille Naanga, en réponse à une question de l’AFP.
Aussi, les prémisses se révélant fausses, les autres accusations contre la BGFI proférées par son ex-cadre se disqualifient d’elles-mêmes. D’ailleurs, à «Jeune Afrique» qui l’a joint pour réagir à des accusations portées à son encontre dans le même article de Colette Braeckman, Albert Yuma, patron des patrons congolais et président du Conseil d’administration de la Gécamines n’a pas mis des gants pour déplorer la légèreté du scoop. «Il faut ne rien comprendre au fonctionnement de l’économie pour écrire des choses pareilles. Ce monsieur Jean-Jacques Lumumba, je ne le connais pas. Il a sans doute été payé. La BGFI va publier un communiqué prochainement et je répondrai personnellement au Soir», dit-il. Auparavant, il a qualifié ces accusations «d’idioties».
Au final, les médias occidentaux commencent à se débarrasser du scoop politisé…
Et Lambert Mende aura trouvé le mot juste en réduisant cette affaire à «une légende d’un individu qui tente de profiter de la situation pour se faire une notoriété».
Qui dit mieux ?
Le Maximum & Omer Nsongo die Lema