24 heures seulement après que Le Maximum eût révélé l’identité des points focaux du nouveau complot néo-colonial contre la RD Congo, ses dirigeants et ses institutions étatiques, la réaction a jailli. De Bruxelles, la capitale belge, d’où elle a été répercutée sur les autres capitales du vieux continent pour mieux arroser le continent africain, comme savent si bien le faire organes et agences de presse internationales habituellement qualifiés de médias mondiaux. Dans la mi-journée, samedi dernier, ce sont nos confrères de la RFI (Radio France Internationale) qui se sont opportunément fait l’écho d’un titre en manchette du quotidien belge Le Soir, qui a publié des révélations jugées accablantes pour Joseph Kabila et son entourage. Les informations qui se voulaient renversantes ont été larguées au bon moment : juste après qu’au sommet de la CIRGL à Luanda en Angola, mercredi 26 octobre 2016, les Chefs d’Etat africains aient tranché en faveur de l’accord politique intervenu entre la plus grande partie des protagonistes de l’arène politique rd congolaise, qui renvoie les élections en avril 2018 et confie la gestion du pouvoir au Chef de l’Etat en place, conformément à la constitution, et prône la formation d’un gouvernement d’union nationale dirigée par un représentant de l’opposition politique. Tout le contraire des Occidentaux, Belges et Français en tête qui, on ne sait de quel droit, exigent à la fois le départ de Joseph Kabila en décembre prochain et la tenue du scrutin présidentiel avant 2018. A n’en point douter, le scoop du Soir de samedi dernier est une riposte contre la décision des Chefs d’Etat africains réunis la semaine dernière à Luanda. Tout au moins, un début de riposte, parce qu’à la lecture du brûlot belge, le lecteur en sort quelque peu déçu : c’est du menu fretin dont la vérité reste encore à prouver.
« Corruption au Congo : les preuves qui accablent le régime Kabila », c’est le titre pompeux qui traverse une partie de la Une du Soir de samedi dernier. Parce que ceux qui s’attendaient à se délecter de quelque secret du genre vente frauduleuse de l’uranium, ou de quelque autre minerais par un membre du régime Kabila, sortent déçu de la lecture de ces fameuses preuves. Ou encore ceux qui, comme on le murmure depuis les années 2000 sans en apporter la moindre preuve, espéraient se trouver en face de fameux comptes bancaires à l’étranger, même en Tanzanie, des proches du régime, s’en trouvent assurément déçus. Il n’y a rien de tel. Les fameuses preuves qui accablent le régime Kabila se circonscrivent à une seule de la vingtaine des banques rd congolaises (il y en a 25 à peu près) : la BGFI. Les proches de Joseph Kabila y auraient effectué des opérations douteuses, autour des fonds versés sur le compte de la Commission Electorale Indépendante (CENI) particulièrement, d’une entreprise réputée propriété de Joseph Kabila (sans que la moindre preuve soit avancée) et de la Gécamines. Pour donner l’impression que l’affaire est sérieusement corsée, Le Soir propulse la BGFI au rang d’une « des principales banques de la place », parce que cela ferait plus scandaleux, sans être vrai puisqu’en RD Congo, le Citoyen lambda connaît tout aussi bien des banques comme la BCDC, la Raw Bank et autres BIAC.
Le grand péché de cette institution bancaire d’installation récente en RD Congo (octobre 2010) est d’être gérée par un proche de Joseph Kabila, Selemani Mtwale, le fils d’un ami de maquis de Mzee Laurent-Désiré Kabila. Que l’incriminé ait accompli de sérieuses études économiques et financières dans une université on ne peut plus sérieuse aux Etats-Unis, Le Soir n’en a cure. Ni encore que la banque, qui est en réalité une filiale de la BGFI international, une institution bancaire gabonaise largement implantée dans les pays de la CEMAC, et soit co-dirigée par un sujet ouest-africain, cela ne compte pas non plus. Le Soir ne s’en cache guère, du reste, et croit déballer l’entourage de Joseph Kabila, parce qu’elle a vécu en Tanzanie pour ne pas faire les frais d’une dictature portée à bout des bras par les occidentaux, dont les belges : « Le jeune frère Zoé, la sœur cadette Gloria partagèrent l’enfance de l’actuel chef de l’État, lorsque la famille Kabila fut obligée de s’exiler en Tanzanie, après avoir « tenu » durant des années dans la « zone rouge » de Hewa Bora, le maquis que Laurent Désiré Kabila avait créé et maintenu sur les rives du lac Tanganyika. Francis Selemani Mtwale appartient lui aussi à ce petit cercle soudé par l’exil, la pauvreté, le combat politique : son père était Adrien Kanambe, le plus proche ami de Laurent Désiré Kabila, un militant du PRP (parti pour la révolution populaire). Après sa disparition, les enfants des deux familles grandirent ensemble en Tanzanie, et aujourd’hui encore Francis Selemani, qui a étudié l’économie à l’Université Harvard, se considère comme un membre de la famille Kabila». Voilà pour le péché de fond dont semble découler le reste.
LES FAMEUSES MALVERSATIONS NE SONT RIEN MOINS QUE DOUTEUSES
Le Soir reconnaît que CENI dispose d’un compte à la BGFI où sont logés les fonds versés par le gouvernement en vue de l’organisation des élections qui se chiffrent à 55 millions USD, dont seulement 900.000 USD avaient été retirés. Mais le quotidien belge reproche à la centrale électorale l’ouverture d’une autre ligne de crédit de 25 millions USD qu’elle liquide « via des virements identifiés, vers la société française Gemalto par exemple (…) mais on observe également de nombreux chèques inexpliqués : 350.000 dollars par-ci, 750.000 dollars par-là, 1,5 million de dollar la fois suivante (…) A quoi ont servi ces chèques ? Aucune idée. Mais il flotte un parfum de corruption ». Malversations des proches de Joseph Kabila ou parfum de corruption ? Le glissement sémantique honore peu nos confrères, à l’évidence : ce n’est tout de même pas la même chose que de titrer pompeusement sur de prétendues « malversations » et autres « preuves qui accablent » et de se rabattre sur un pauvre parfum, tout de même. D’autant plus qu’interrogé, le président du bureau de la centrale électorale a expliqué : « Nous essayons de gérer au mieux le peu de ressources dont nous disposons. En outre, les opérations normales que nous pratiquons font l’objet d’un rapport qui est présenté au Parlement ». Et d’ajouter : « Un aspect qui échappe souvent à ceux qui ne connaissent pas le Congo, c’est qu’en dehors de Kinshasa et des grandes villes, les circuits bancaires sont inexistants. Nous sommes donc obligés d’effectuer les transactions en cash ». Mais rien n’y fait, l’objectif du brûlot belge d’inspiration manifestement hautement politicienne étant de jeter le discrédit, sur la BGFI et la famille de Joseph Kabila et du même coup, sur la CENI.
Qu’ont donc effectué les proches de Joseph Kabila au titre d’opérations douteuses à la BGFI ? En fait de proches du Président de la République, le lecteur se serait attendu à voir cités les honorables Jaynet et Zoé Kabila, ou un autre encore des fils du défunt Mzee Laurent-Désiré Kabila : il n’en est rien. « BGFI Bank se sert aussi allègrement. Sur le compte à découvert de la CENI, la banque prélève en effet de généreux intérêts et commissions. Entre mai et septembre, ce sont près de 3 millions de dollars qui ont été prélevés par la banque», écrivent nos confrères. C’est tout de même maigre, même si Le Soir explique qu’interrogé, les responsables de la BGFI se sont refusés à tout commentaire. Qui ne l’aurait pas fait à leur place ? Il n’est pas encore connu le pays où les secrets bancaires se content dans les colonnes des journaux, même s’ils sont belges ! Néanmoins, sur la question des prélèvements d’intérêts, un banquier interrogé dimanche soir par Le Maximum explique que c’est d’usage. « Lorsqu’un client effectue un dépôt, la banque a droit au retrait d’intérêts au pro rata du dépôt effectué. La hauteur de tels intérêts est habituellement définie dans le contrat qui lie les parties. En retour, la banque peut consentir des prêts à certains de ses clients … ».
ALBERT YUMA : DES VELLEITES SOUVERAINISTES SANCTIONNES
L’autre malversation dénoncée concerne Albert Yuma Mulimbi, le président du patronat rd congolais, qui est également patron de la Gécamines et dirige de nombreuses entreprises personnelles depuis des lustres. Les accusateurs reconnaissent que l’homme est d’origine Katangaise avant de nuancer tout de suite : « Mais il est certainement très proche du chef de l’Etat, et cela pour plusieurs raisons : la première c’est que cet homme puissant, à la tête de diverses entreprises congolaises, est l’un des argentiers du pouvoir en place. La deuxième est plus idéologique : Albert Yuma est aussi un « souverainiste » qui défend les choix idéologiques et économiques du Congo de Kabila ». En guise de quoi, il y a lieu de conclure que Sieur Yuma se serait mieux porté dans la presse belge s’il défendait les choix idéologiques et économiques … belges.
Du point de vue des malversations bancaires, la faute d’Albert Yuma, c’est de posséder une entreprise qui stocke et transforme « des produits halieutiques, avicoles, caprins, bovins et divers autres produits vivriers ». Mais surtout, sans doute, parce que Egal, l’entreprise d’Albert Yuma, est une « société spécialisée dans l’alimentaire (…) le poisson, la volaille, la chèvre et le bœuf constituée en octobre 2013 » et qu’elle a, « détrôné le groupe (belge) Damseaux » ainsi que l’écrivent nos confrères belges. En fait, Egal, co-dirigé par deux sujets belges, Alain Wan et Marc Piedeboeuf, détient un compte à la BGFI où la Banque Centrale avait versé 43 millions USD. Interrogé, le gouverneur de la Banque, Déogratias Mutombo, a promis de répondre par écrit. Mais en attendant, pour Le Soir, « Il s’agit d’une société apparentée au chef de l’Etat, sous couvert de monsieur Albert Yuma », dont le péché supplémentaire est qu’il semble être dans les bons papiers du fisc congolais. Ses produits de pêche maritime sont en effet reconnus « d’origine congolaise », ce qui leur permet d’éviter certaines taxes. Sauf qu’aucune mer ne borde le Congo». En foi de quoi le lecteur, s’il connaît bien la RD Congo, devrait conclure qu’en Belgique beaucoup n’ont jamais entendu parler des larges de Moanda au Kongo Central. Surprenant !
ça tire sur Albert Yuma aussi parce qu’il trône à la tête de la Gécamines dont au moins un compte est logé à la BGFI. Le Soir accuse la banque d’avoir prélevé deux fois au lieu d’une seule des intérêts sur le compte de l’entreprise minière. Interrogé, Albert Yuma explique qu’il s’agit d’une erreur informatique qui a été corrigée. Mais rien à faire, ici aussi. Nos confrères accordent davantage foi au dénonciateur qu’au patron de la Générale des Carrières des Mines.
L’HEROISME DE PATRICE LUMUMBA AU SECOURS POUR DIABOLISER
Les accusations diffusées par le quotidien du soir belge le week-end dernier sont l’œuvre d’un certain Jean-Jacques Lumumba, ci-devant chef du département des engagements à la BGFI. Outre cette qualité de cadre de la banque, rien que par son patronyme, l’homme est crédité de tout l’héroïsme du défunt héros national rd congolais, Patrice Emery Lumumba, que les belges ont assassiné avant de diluer son corps dans de l’acide sulfurique au Katanga en 1961. Pour Le Soir, la prise est de taille parce que le nom de Jean-Jacques Lumumba est «déjà (…) tout un programme». Le jeune homme d’une trentaine d’années assure qu’il considère « … le Premier Ministre, assassiné en janvier 1961, comme (son) véritable grand-père, (sa) référence », mais se contredit aussitôt, et nos confrères avec lui, lorsqu’il soutient que « Jamais je n’ai fait de politique, cela ne m’intéresse pas. Moi, je suis banquier ». Parce que de banquiers qui flirtent avec la presse, il n’y en a pas beaucoup à travers le monde, si non personne ne déposerait plus rien dans un compte bancaire qui ne soit connu du monde entier le lendemain matin.
Seulement, l’héroïse n’est pas héréditaire. En RD Congo et à travers le monde, les enfants de Patrice-Emery Lumumba, presque tous vivants, sont connus. On n’a pas encore eu le bonheur de compter de héros parmi eux, même si certains sont d’acteurs politiques reconnus. Décréter que le fait de colporter des secrets bancaires relève de l’héroïsme peut donc paraître particulièrement arbitraire. En Europe, pour ne pas dire en Belgique, personne ne parierait un sou vaillant sur un banquier qui divulgue des secrets auxquels il a eu accès grâce à sa profession et à la confiance qui lui a été faite. Pour en arriver là, il faut au préalable mettre une croix sur sa carrière derrière les guichets. C’est ce que semble avoir fait le jeune Lumumba. Pour des motifs que le temps permettra d’élucider mieux que le dossier du week-end du Soir sur la RD Congo.
Encore qu’il y ait, dans les liens de filiations brandies par Jean-Jacques Lumumba, à boire et à manger, comme on dit. L’homme est en effet petit-neveu du défunt héros national par sa mère, Louise Lumumba. En réalité, sa mère, c’est la fille du défunt Louis Lumumba, jeune frère du héros national défunt, qui de son vivant appartenait à l’establishment mobutiste : le grand-père direct de Jean-Jacques Lumumba est un ancien directeur général de la compagnie nationale d’aviation, Air-Zaïre. De hautes fonctions qui n’ont jamais requis quelque héroïsme que ce soit de la part du patriarche décédé il y a une dizaine d’années.
Certes, on ne peut pas reprocher à l’informateur du journal Le Soir de considérer Patrice-Emery Lumumba comme son modèle. Qui n’en rêverait pas à travers le monde ? Seulement, il sied peut-être de noter qu’au plan socio-culturel, les Lumumba étant de la tribu Tetela sont patrilinéaires : Jean-Jacques Lumumba, c’est à la famille de son père qu’il appartient primordialement. La famille de sa mère, par laquelle il est lié aux Lumumba, est une famille secondaire. L’honnêteté et la loyauté du banquier dénonciateur auraient été plus louables s’il s’était présenté correctement. L’homme passe sa filiation paternelle sous silence, c’est presqu’un parjure chez les Tetela. En principe, le nom principal de Jean-Jacques ne devait pas être Lumumba …
De parjure à parjure, dans les milieux Tetela où l’affaire Jean-Jacques Lumumba est loin d’arranger tous ceux qui ont en commun ce patronyme, certains se demandent où est l’héroïsme dans le chef d’un membre de famille qui se livre pieds et poings liés aux bourreaux de l’aïeul qu’il prétend chérir plus ses géniteurs directs. Ici, on se souvient que la responsabilité directe de la Belgique dans l’assassinat odieux de Patrice-Emery Lumumba ne relève plus de l’hypothèse : le parlement belge l’a officiellement reconnu il y a quelques années. Tandis que le gouvernement du Royaume s’engageait à verser des dédommagements à la famille du défunt, à verser dans la Fondation Lumumba créée à cet effet. Les sources du Maximum assurent qu’aucun sou vaillant n’a jamais été décaissé – même s’il avait été prévu au budget – parce qu’un certain Louis Michel, alors ministre des affaires étrangères du gouvernement Guy Verofsdat, exigeait de faire partie du conseil d’administration de la fondation. Pour s’assurer que la Belgique garde un regard sur ses sous.
UNE VULGAIRE CAMPAGNE DE DIABOLISATION BELGE
Les pseudo-dénonciations dont s’est fendue, à grand renfort de publicité, le quotidien belge Le Soir, les objectifs visés, etc, ressemblent à s’y méprendre à la campagne de diabolisation dont fait l’objet un autre jeune Chef de l’Etat du continent : Ali Bongo Odimba du Gabon. Et avant lui, un certain Laurent Gbagbo, qui croupit dans les geôles de la Cour Pénale Internationale (CPI) à la Haye, alors que les protagonistes de la crise postélectorale ivoirienne se la coulent douce à Abidjan. Ou encore un certain Mouammar Kadhaffi, accusé de tous les péchés d’Israël par les occidentaux avant d’être purement et simplement abattu par des tueurs à leur solde. Dans tous ces cas, la sentence est précédée par une intense campagne médiatique d’accusations dont on se rend toujours compte, longtemps après souvent, qu’elles furent fantaisistes à plus d’un égard.
Dans le cas du fils Omar Bongo, pourtant adoubé au départ par la France, son péché c’est d’avoir ouvert l’immense marché des ressources naturelles gabonaises aux puissances économiques émergentes comme la Chine, l’Inde et le Brésil, plus favorables au développement et à l’industrialisation de son pays. Mais surtout, Ali Bongo a obligé la française Total Gabon au payement d’un redressement fiscal d’une valeur de 805 milliards de FCFA, tout en exigeant la révision à la hausse de la participation de l’Etat gabonais au capital de la pétrolière de 25 à 58 % !
En RD Congo, Joseph Kabila et son gouvernement gigotent dans les mêmes méandres des intérêts étrangers, principalement occidentaux. Kabila Fils a, lui aussi, commis le parjure de se lancer dans de vastes projets infrastructurels avec … les chinois. En même temps qu’il veut réviser un code minier qui fait plus que la part belle aux entreprises minières occidentales.
Pour l’un et l’autre Chef de l’Etat, le mode d’emploi de la diabolisation est quasiment le même : « après l’annonce du redressement fiscal, Ali Bongo apparaît dans la presse française comme un enfant de père biafrais donc ayant la nationalité nigériane. Ali n’est plus le fils de son père. En Janvier 2016, le parquet de Nantes reçoit une plainte pour “faux” dans l’acte de naissance du président du Gabon Ali Bongo Ondimba, déposée par sa demi-sœur et l’une des héritières. La plainte a été déposée en janvier contre X pour “faux et usage de faux” par Onaida Maisha Bongo Ondimba, 25 ans, fille du défunt président et faisant partie de ses 54 héritiers. Une intense campagne est orchestrée contre des « biens mal acquis » dont un appartement avenue Foch à Paris, deux ferrari et l’hôtel de Soyecourt. Celui qui était un exemple de réussite bien connu et reconnu par la Françafrique devient un criminel, un apatride et un fraudeur après l’annonce du redressement fiscal de Total », écrit Kone Katinan dans une analyse publiée par Investig’Action (“Gabon : la françafrique face à ses contradictions et ses déboires”). C’est bien ce que hasarde Le Soir en faisant allusion au passé tanzanien de Joseph Kabila et de sa famille dans le but de faire germer dans les esprits de pernicieuses idées de délégitimation.
UN PLAN DE LIQUIDATION POLITIQUE SANS FARDS
La campagne de diabolisation du pouvoir en place à Kinshasa est assortie d’un plan de liquidation politique en règle. Au Gabon, ce plan a lamentablement échoué. Dimanche 30 octobre sur RFI et France 24, le premier ministre français, Manuel Valls, en était réduit à déclarer que son pays prenait acte de l’élection du président de la République et renvoyait ses opposants aux prochains scrutins, législatifs notamment. C’est un virement à 90°, faute de mieux. Parce qu’en réalité, la France a tenté d’appliquer au Gabon la recette ivoirienne qui a porté Alassane Dramane Ouattara au pouvoir. En tentant de faire proclamer des résultats parallèles par des membres de la CENAP, la centrale électorale gabonaise. « Les méthodes françafricaines consistent d’abord à calomnier les institutions nationales devant intervenir dans le processus des élections et à les taxer de partialité envers le gouvernement en place », écrit encore Kone Katinan. C’est ce qui guette le processus électoral rd congolais si l’on y prend garde : dans le brûlot publié le week-end dernier par Le Soir, calomnier la CENI figure parmi les objectifs principaux visés. Ce dont les auteurs du fameux dossier compromettant ne se cachent guère, du reste. « Le dossier le plus explosif qu’a étalé Jean-Jacques Lumumba, c’est celui de la CENI », se réjouissent-ils un peu trop tôt, à en juger par le contenu creux des fameuses révélations sur les malversations qui auraient entouré la gestion des fonds mis à la disposition de la centrale électorale par le gouvernement. Le péché de la CENI, c’est manifestement de ne pas s’inscrire dans le plan de liquidation politique de Joseph Kabila ourdi par la Belgique en particulier et les occidentaux en général. Car, pas de CENI, pas d’élections : il faut imposer un homme à la tête de la RD Congo par n’importe quelle voie. C’est exactement ce que proposent les opposants tshisekedistes-katumbistes réunis sous la bannière du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement : un gouvernement dirigé par Moïse Katumbi et une nouvelle constitution provisoire… le chaos en perspective dans le plus pur schéma libyen, ivoirien ou burkinabè.
J.N.