Au large de Muanda, en haute mer, il est fréquent que des navires de pêche battant pavillon RDC soient arraisonnés par la force navale angolaise au motif que ces navires ont violé l’espace maritime angolais. Bosa, une société de pêche de droit RDC, mais montée par des Chinois, déplore le mutisme de Kinshasa face à ses actes dignes de piraterie perpétrés par les Angolais.
A Muanda, la mouvance de la société civile croit ferme que les marins angolais agiraient en intelligence avec certains groupes d’intérêts en RDC qui n’apprécient guère l’émergence des industries de pêche dans la région. De lourds soupçons pèsent sur des entreprises libanaises importatrices des surgelés dont le chinchard dit mpiodi en parler kinois. Bosa dit pourtant payer régulièrement ses taxes mais regrette de ne pas être protégée par les autorités r-dcongolaises face à la marine angolaise qui dicte sa loi sur les eaux r-dcongolaises. L’Angola a toujours affirmé que ces navires ont été saisis au motif qu’ils pêchaient dans les eaux territoriales angolaises. Une accusation rejetée par Bosa qui affirme détenir toutes les coordonnées techniques qui prouvent le contraire.
L’unique entreprise de pêche industrielle sur la côte muandaise envisagerait même d’aller opérer ailleurs. Une décision que redoute la société civile locale qui demande au gouvernement r-dcongolais de s’impliquer pour sauver cette société. Elle affirme que c’est la seule entreprise qui approvisionne le Kongo-central et Kinshasa en poissons réellement frais. « Le capitaine, ce n’est plus un luxe ! », dit-on ici. Or, il se trouve que ces deux provinces constituent le principal marché d’écoulement des surgelés dont les chinchards «mpiodi». Les Libanais, dont Congo Futur, détiennent pratiquement le monopole du marché d’importation des surgelés. Ils ont tenu la dragée haute aux Damseaux au point de les pousser à fermer Orgaman. A Muanda, l’on ne sait pas s’expliquer comment et pourquoi l’ex-PEMARZA, Pêcherie maritime du Zaïre devenue SOCOPE a cessé toute activité. La SOCOPE envisageait plutôt de se lancer dans une exploitation côtière n’utilisant que des moyens légers et les capacités des pêcheurs autochtones dès juin 2010. Voilà donc 6 ans déjà ! Et on est loin du début du commencement. La nouvelle société des pêches n’a jamais pu mettre sur le marché ne fut-ce que ses fretins. Les chinchards de la SOCOPE, ça n’était que du poisson d’avril. D’ailleurs, à l’entreprise on s’en justifiait. Si la SOCOPE n’arrive pas à attraper du poisson, c’est la faute au fleuve du Congo, a fait savoir la haute direction de la compagnie. Le fleuve a un débIt remarquable. C’est le deuxième après celui du fleuve Amazone, en Amérique latine. Mais cet avantage, soutient la SOCOPE, devient plutôt un gros handicap au point d’empêcher une pêche côtière efficace. Les eaux du fleuve Congo, en se jetant dans l’océan, troubleraient la quiétude de nombre d’espèces des poissons consommés en R-dC. Pourtant, l’on doit affirmer sans crainte d’être contredit que la R-dC ne dispose ni de moyens financiers ni de moyens techniques pour fouiner dans les fonds marins. Toutefois, la SOCOPE semble disposer d’un alibi pour justifier non seulement son incurie mais aussi le changement – fut-il temporaire- de l’objet social de l’entreprise. La Société congolaise de pêches s’essaie désormais dans la gestion des ports. Et elle a déjà un gros contrat. Celui de la réhabilitation et de l’exploitation de l’ensemble du site portuaire du quai ONATRA de Ango-Ango, non loin de Matadi. Des Chinois de Bosa qui pêchent au même endroit des poissons à l’aide de deux chalutiers de fortune fabriqués avec du bois de la forêt de la Mayombe. Au regard de son potentiel, la R-dCongo peut produire jusqu’à 707.000 tonnes de poissons chaque année. Voire plus, du fait que les richesses aquatiques du pays qui reposent dans les profondeurs d’un espace estimé pratiquement à près de 90.000 Km2, sont longtemps demeurées quasi inexploitées. La production locale avait dépassé les 250.000 tonnes, il y a encore quelques années, du temps de PEMARZA, la Pêcherie maritime zaïroise.
POLD LEVI
MUANDA, CHINCHADRDS Vs CAPITAINES : Entraves angolaises à la pêcherie congolaise, des intérêts libanais soupçonnés
