Mercredi 26 octobre 2016 s’ouvre à Luanda (Angola) un important sommet de la Conférence internationale sur la Région des Grands Lacs. C’est à l’initiative de Ban Ki Moon, Secrétaire général sortant des Nations-Unies que ce sommet a été convoqué. Le futur candidat à la présidence de son pays d’origine, la Corée du Sud entendait ainsi marquer d’un saut particulier un des grands dossiers africains qui a occupé son mandat au cours de ces dernières années : la recherche d’une solution durable à la crise de la région des Grands Lacs autour de RD Congo victime d’agressions répétées avec en filigrane un projet de balkanisation qui n’a pas encore fini de faire parler de lui du fait des appétits pantagruéliques insatiables de certains milieux qui lorgnent ses immenses ressources et multiplient les actions de déstabilisation à cette fin. Outre l’ONU, l’Organisation internationale de la Francophonie et l’Union Africaine dont le facilitateur international avait dirigé le dialogue national inclusif de la Cité de l’OUA à Kinshasa appelé à mettre un frein à la dernière en date des actions de sape de l’unité du Congo-Kinshasa, de nombreuses organisations régionales sont attendues à Luanda. Notamment, l’Union Africaine, la CEEAC, la SADC et le COMESA. Selon Georges Chikoti, le ministre angolais des Affaires étrangères, d’autres parties prenantes au dialogue ont manifesté le désir de prendre part au sommet, ainsi qu’un certain nombre de personnalités, dont le Chef de l’Etat Tanzanien et la Secrétaire Générale de l’Organisation Internationale de la Francophonie.
A l’évidence donc, à Luanda, les Chefs d’Etat du continent prennent le taureau rd congolais par les cornes, résolument. Et devraient se prononcer en faveur de l’accord politique conclu le 18 octobre dernier à la Cité de l’OUA à Kinshasa. Cet accord, on le sait, prévoit la tenue des élections présidentielles, législatives et provinciales au mois d’avril 2018 ; mais que d’ici là, conformément à la constitution de la RD Congo, le Chef de l’Etat reste en place jusqu’à son remplacement par le nouveau Président de la République élu ; de même que le gouvernement, comprenant toutes les sensibilités ayant pris part au dialogue ou adhérant à ses conclusions, sera dirigé par un premier Ministre issu de l’opposition partie prenante au dialogue.
Mardi 25 octobre 2016 sur les antennes de RFI, le ministre des Affaires étrangères angolais dont le pays préside la CIRGL s’est montré on ne peut plus clair sur les perspectives qui s’annoncent à Luanda. Le sommet ne servira en aucune manière à remettre en question le contenu de l’accord politique conclu entre les parties prenantes au dialogue. Tout comme il n’y aura pas de nouveau dialogue ni de nouvelles dates des élections. « Le dialogue a été assez ouvert », a reconnu le ministre Georges Chikoti. « Tous les partis ont été conviés. Naturellement, il y a des rassemblements qui n’y étaient pas. Donc je crois que l’accord reste ouvert et que toutes les autres parties de l’opposition qui n’y ont pas participé peuvent ensuite se joindre à ce dialogue. Mais je crois que ce qui a été signé, on est obligé de l’accepter et ensuite les aider à aller vers la paix. », a-t-il assuré. Ajoutant, au sujet de la demande d’organiser impérativement les élections en 2017, formulée par l’Union Européenne et la Conférence Episcopale Nationale du Congo, notamment, le plénipotentiaire angolais est resté droit dans les bottes panafricanistes de son pays : « Je ne crois pas qu’on puisse aller dans ces détails là, » a-t-il martelé, avant de préciser. « Je crois que mieux vaut encourager (ce qui a été convenu au dialogue national), sinon tout le monde fait son propre calendrier. Il y en a qui veulent trois ans, d’autres veulent six mois, d’autres veulent une année, mais je crois que l’essentiel c’est que les Congolais s’entendent sur une date. », a-t-il tranché nettement et clairement.
A Luanda, les réminiscences du gâchis occidental en Libye devraient donc peser lourd sur la balance. Les Africains, qui se retiennent de moins en moins pour dire leur ras-le-bol face aux ingérences occidentales à leurs seuls profits dans leurs affaires internes, devraient faire chorus contre les prises de position européennes et nord-américaines sur la RD Congo. Parce qu’il est peu évident qu’elles instaurent une paix durable dans la région des Grands Lacs et, par ricochet, sur tout le continent africain.
Certains observateurs rappellent à cet égard que les organisations régionales africaines n’en seraient pas à leur premier coup d’essai, en ce qui concerne la RD Congo. C’est une entente parfaite entre Etats membres de la SADC, particulièrement, qui avait permis de mettre un terme définitif à la rébellion d’inspiration rwandaise dite du M23 en 2013 : grâce à la mise à disposition de la RD Congo de troupes combattantes et de la logistique dans le cadre de la brigade internationale à vocation offensive créée au sein d’une Monusco brillant jusque-là par une désespérante indolence. Dans le dossier rd congolais, l’Union Africaine, particulièrement, a tenu à garder les rênes de sa solution en soutenant jusqu’au bout et envers et contre tout son facilitateur international, l’ancien premier Ministre Togolais Edem Kodjo. Un changement de cap mercredi à Luanda est quasiment impossible.
J.N.