La Banque mondiale, BM, a débloqué un montant de 90 millions de dollars américains au profit de la RDC, dans le cadre du Projet d’appui au secteur des Mines (PROMINES). La RDC, souhaite la BM, doit améliorer la gouvernance du secteur minier ainsi qu’augmenter sa contribution à la croissance économique et au développement durable au niveau local, provincial et national.
Par ce temps de vaches maigres dans le secteur minier à l’échelle internationale, un contrôle on ne peut plus sérieux dans le secteur pourrait sans douter aider la RDC à butiner des dizaines des milliers de dollars à l’interne. L’on se souviendra que, selon la commission dite Mutambwa Dibwe (Sénat), la RDC accuse un manque à gagner d’au moins 450 millions de dollars le mois dans le secteur minier du fait de la fraude… une fraude plutôt ostentatoire.
L’opinion a encore en mémoire cette opération manu polite décidée en avril 2013 par le gouvernement. Dans son viseur : l’alors province du Katanga. Une mission mixte d’audit interne diligentée par le Procureur Général de la République sur injonction de la ministre de la justice de l’époque, fut dépêchée à Lubumbashi et à Kasumbalesa. La mission était couverte le plus régulièrement du monde par une réquisition d’information en bonne et due forme, dont l’exécution avait été confiée à un magistrat, l’Avocat Général de la République Simon Nyandu. Le représentant du PGR, secondé par un autre magistrat de renom, l’Avocat Général de la République Mokola, récemment nommé Procureur Général près la Cour Constitutionnelle. Des inspecteurs judiciaires et des experts de certains ministères intéressés par le dossier en faisaient aussi partie. Mais à la surprise générale, cette mission sera brutalement écourtée Et pour cause. Au troisième jour du séjour de la mission au Katanga, l’équipe du magistrat Simon Nyandu en était à la pose de scellés sur certains magasins et entrepôts d’opérateurs économiques véreux de Lubumbashi, avant de s’attaquer à la pieuvre de la fraude à la frontière de Kasumbalesa. Parmi ces entreprises, des firmes prétendues d’intouchables comme Psaro, Chemaf, Sabit International, etc., toutes connues comme très proches des intérêts d’un groupe de personnes qui régentent les circuits financiers de l’économie katangaise. En trois semaines de travail, la commission Nyandu en était arrivée à un constat sans équivoque : le manque à gagner à recouvrer par l’Etat auprès d’entreprises prises en flagrant délit se chiffrait à quelque 700 millions USD au bas mot, soit un dixième du budget de la République de l’époque. Hélas, aucune poursuite ne s’en est suivie, et fort probable le rapport serait classé perdu à l’image du fameux rapport Lutundula, déclaré officiellement perdu à l’Assemblée nationale.
Pour la Banque mondiale, l’argent donné à la RDC devra également permettre d’augmenter la production minière, de renforcer les institutions publiques dans leur capacité à gérer le secteur minier et d’améliorer la capacité du gouvernement à canaliser les revenus et les bénéfices produits du secteur pour un développement économique durable.
Le document signale, par ailleurs, quelques réalisations dans l’exécution du projet. Il s’agit notamment, de l’appui à la mise en œuvre du Protocole de la Conférence internationale sur la région des Grands-lacs (CIRGL), du renforcement des capacités des services de Mines et des coopératives minières en équipements et en formation des agents et cadres de l’Administration des Mines.
Les provinces de l’ex-Katanga, du Kasaï-Oriental, du Nord et Sud-Kivu et du Maniema, sont visées par le projet PROMINES. Dans ces régions où, curieusement, la maffia minière a fini par faire de vieux os avec des ramifications dans l’administration publique.
POLD LEVI