Lampions éteints ou rideaux tirés : le Dialogue national politique inclusif a vécu. Ouverts le 1er septembre 2016, ses travaux sont arrivés à terme le 18 octobre avec comme absent volontaire la platel-forme du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement, restée catégorique en boycottant ces assises au motif de non-inclusivité. A l’origine, soutiennent ses membres, la non-satisfaction, par le Gouvernement, de leurs préalables rappelés dans le Rapport final du conclave du 4 octobre 2016. Comme en exécution d’une consigne, une entreprise de diabolisation a été menée contre le Dialogue (qualifié de « monologue »), contre le facilitateur Edem Kodjo (tourné en dérision) et même contre le site de la Cité de l’Union africaine (confondu expressément avec le camp militaire Tshatshi). Dans leur entendement, le Dialogue clôturé est celui de Kabila…
Pendant qu’ils saluent la position de l’Union européenne prise par les ministres des Affaires étrangères réunis à Luxembourg le 17 octobre 2016, les membres du «Rassemblement» se taisent sur le passage important, contenu dans le même document, attribuant au Gouvernement l’initiative de ce forum. «L’UE rappelle les efforts significatifs qu’elle a consentis ces dernières années pour accompagner le pays et confirme sa disponibilité à les intensifier en réitérant sa demande du 2 juin 2016 au gouvernement d’initier dans les plus brefs délais un dialogue politique au plus haut niveau, conformément à l’article 8 de l’Accord de Cotonou», lit-on au point 8 du communiqué de presse n°582/16 du 17/10/2016 intitulé «Conclusions du Conseil sur la République démocratique du Congo».
Il est évident que les Tshisekedistes et les Néo-Tshisekedistes éliminent actuellement de leurs commentaires et analyses cette précision pour se focaliser sur la partie qui les intéresse le plus : les sanctions brandies à l’encontre du Gouvernement et la perspective du 2ème round du Dialogue.
Effectivement, les ministres des affaires étrangères de l’UE en appellent à «un dialogue politique substantiel, inclusif, impartial et transparent » qui va devoir «déboucher, en ligne avec l’esprit de la résolution 2277 du Conseil de sécurité des Nations Unies, sur l’organisation d’élections présidentielles et législatives dans le délai le plus court possible au cours de l’année 2017 ». Ils estiment que «Si l’actuel mandat présidentiel vient à son terme sans qu’il y ait eu un accord préalable sur le calendrier électoral, l’UE devra considérer l’impact d’une telle situation sur ses relations avec le gouvernement de la RDC».
Aussi, concluent-ils : «Le dialogue facilité par l’Union africaine à Kinshasa, et soutenu par l’UE en tant que membre du groupe de soutien, doit ouvrir la voie à une nouvelle phase d’un processus politique plus inclusif au cours des semaines à venir», au motif qu’au cours de ce forum substantiel, «Il devra être clarifié, d’ici le 19 décembre, la manière dont se déroulera la période transitoire jusqu’aux élections».
La Belgique et le Royaume Uni savaient
Il y a lieu de rappeler que les 10 premiers jours du mois de juin ont connu trois grandes déclarations sur le Dialogue. Le 2 juin avec justement la recommandation faite par l’Union européenne au Gouvernement congolais de l’initier. Le 5 juin avec le communiqué du quartet « Ue-Ua-Onu-Oif» à travers lequel ces organisations «appellent dans le même temps le Gouvernement à continuer à promouvoir le respect des droits et libertés prévus par la Constitution, y compris par la libération des détenus politiques, conscientes qu’elles sont de ce que la préservation de l’espace politique, et l’exercice des droits fondamentaux garantis par la Loi fondamentale sont une condition sine qua non pour permettre la réussite du dialogue politique que le Président Joseph Kabila appelle de ses vœux». Et le 10 juin avec l’exigence, par le «Rassemblement», de «la mise en œuvre intégrale de la Résolution 2277 du Conseil de Sécurité des Nations Unies sous la modération du facilitateur international renforcé par un panel des représentants des Nations Unies, de l’Union européenne, de l’Union Africaine, de l’Organisation Internationale de la Francophonie ainsi que des Etats-Unis d’Amérique ». Ce qui, dans son entendement, signifie NON au de «Dialogue de M. Kabila».
Mais, avant juin, il y a eu avril. Dans un document de travail estampillé «STRICTEMENT CONFIDENTIEL» portant les références n°030/16 du 19.04.2016 avec en-tête du Conseil de l’Union Européenne-Secrétariat Général, deux pays (la Belgique et la Grande-Bretagne) donnent leur position sur la situation politique en RDC.
Au point 2.1. intitulé «Le Contexte d’une Facilitation Internationale», allusion est faite déjà à la «transition» à laquelle doit aboutir le Dialogue. «L’examen des problèmes techniques (en particulier le calendrier électoral) conduira simultanément à d’autres discussions sur des sujets politiques, comme par exemple, les arrangements pour la préparation et la tenue de ces élections pendant la ‘période de retard’ (entre Novembre 2016 et la date choisie pour les élections), l’engagement du Président de quitter le pouvoir dans un délai convenable et le statut d’un ancien Président. En définitive, il appartient aux congolais eux-mêmes de définir les termes d’un compromis acceptable, mais la médiation ne sera pas effective aussi longtemps que ces questions ne seront pas discutées», note l’axe Bruxelles-Londres.
Point n’est besoin d’être analyste pointu pour comprendre que la Belgique et le Royaume Uni savaient la «Transition» inéluctable et que le Chef de l’Etat en fonction – à qui doit s’appliquer le statut d’ancien – restera en poste jusqu’à l’installation du Président de la République ELU. Il s’agit, naturellement, de Joseph Kabila. Comme par respect de l’arrêt de la Cour constitutionnelle rendu à cet effet.
Point n’est besoin de l’être davantage pour réaliser combien devrait et devra être pénible pour les acteurs du «Rassemblement» – résolus à en découdre avec la Majorité présidentielle à n’importe quel prix – de s’impliquer dans un Dialogue ayant pour finalité le maintien du Raïs en fonction au-delà du 19 ou du 20 décembre 2016.
C’est à Kinshasa de capitaliser cet atout !
Ce n’est donc pas la satisfaction de ses préalables qui importait ou importe pour cette plateforme. Avant même le démarrage des travaux préparatoires à l’hôtel Béatrice, ils préconisaient déjà le «vrai dialogue» devant se tenir sans Kabila !
En un mot, ils ont voulu, ils ont suscité, ils ont créé le «monologue» sans d’ailleurs se rendre compte du fait que leur dialogue, sans Kabila et les siens, le sera également.
Aussi, entre le «monologue» de la Cité de l’Union africaine (qui a suivi le schéma de l’axe Bruxelles-Londres au point d’être fécond) et le dialogue hypothétique à tenir, peut-être à la Cité de N’Sele en référence au Manifeste et à la Constitution de N’Sele en 1967 (qui s’annonce stérile du fait du refus affiché et assumé du «Rassemblement» de donner à Joseph Kabila un jour de plus au Pouvoir), le plus productif pour faire avancer les choses est le premier.
En Occident on le sait.
C’est à Kinshasa de capitaliser cet atout !
LE MAXIMUM AVEC Omer Nsongo die Lema