Malgré la mort au cours d’affrontements avec les forces de l’ordre en août dernier à Tshimbulu de leur chef, les miliciens Kamwena Nsapu ont surpris les observateurs en réussissant un redéploiement meurtrier dans la région. Aux dernières nouvelles, qui remontent au lundi 17 octobre dernier, une quarantaine de ces fauteurs de troubles avaient envahi Kena-Nkuna, une bourgade du territoire de Kabeya-Kamwanga à quelque 45 km de Mbujimayi, le chef lieu de la province voisine du Kasai Oriental. Comme partout ailleurs où ils ont sévi, les miliciens Kamuena Nsapu s’en sont pris aux symboles du pouvoir en boutant le feu aux bureaux de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), de l’Agence Nationale des Renseignements (ANR), de la police ainsi que ce qui tient lieu de bâtiments administratifs dans la contrée.
Le 27 septembre dernier, les miliciens mis en déroute quelques jours plus tôt par les forces de défense à Kananga, le chef-lieu de la province du Kasai Central, avaient été signalés à Dimbelenge. Sur leur passage, ils ont incendié tous les symboles du pouvoir central, s’acharnant particulièrement sur les installations de la CENI.
Des sources crédibles dans la région, interrogées par Le Maximum, assurent que la milice Kamuena Nsapu est entretenue par des parrains à Kinshasa. En fait, si la chefferie qui régente Tshimbulu au Kasai Oriental est bien celle des Kamuena Nsapu, le chef milicien abattu par les forces de défense en août dernier se nommait plutôt Pandi. Héritier du trône, Sieur Pandi n’avait pourtant pas pu succéder à son défunt père parce qu’en séjour en Afrique du Sud. Revenu à Tshimbulu, il attendait encore la reconnaissance de sa qualité de chef coutumier par les autorités administratives attitrées lorsque les incidents de juillet et août 2016 sont survenus.
De connivence avec un certain nombre d’acteurs politiques de la province hostiles au gouverneur Alex Kande Mupompa, un originaire de la ville de Kananga, Pandi Kamuena Nsapu est entré en rébellion ouverte avec les autorités provinciales. A son décès en août dernier, ces complices à Kinshasa ont pris la relève et soutenu l’incursion de la ville de Kananga. Les sources du Maximum indiquent que le député national Dominique Kanku et l’ancien gouverneur du Kasai Occidental, le RCD/Goma Trésor Kapuku, comptent parmi ceux qui soutiennent les miliciens. S’agissant de Dominique Kanku Tshibuabua, le député aurait été surpris en communication avec les milices qui lui faisaient rapport de leurs expéditions punitives. Les mêmes sources rapportent que c’est le député qui assure les déplacements et quasiment, l’intendance des milices à partir de Kinshasa.
Les informations relatives à la responsabilité de l’honorable Kanku dans les derniers incidents de Kananga seraient parvenues aux services des renseignements militaires rd congolaises qui ont tenté d’interpeller l’intéressé. Aux dernières nouvelles, l’homme aurait simplement pris la tangente et séjourne en Europe.
J.N.