Du conclave du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement, tenu le 4 octobre au siège de l’UDPS/Tshisekedi, il y a en réalité très peu de choses à retenir. Non pas parce que les conclavistes tshisekedistes-katumbistes soient dépourvus d’idées politiques à faire valoir, mais probablement parce qu’il n’y avait rien à dire, en rapport au respect de la constitution, aux échéances électorales et au dialogue qu’ils récusent aujourd’hui plus que jamais, pour rien du reste.
Ce que l’opinion retient de ces assises qui n’ont duré que quelques heures mais n’en entendent pas moins de décider de l’avenir de la RD Congo et de ses quelque 80 millions d’âmes, c’est qu’au 19 décembre prochain, le président de la République en place ne devrait plus demeurer à la tête de l’Etat ; que passé cette échéance, la RD Congo plonge dans une espèce de vide juridique que le Rassemblement tshisekediste-katumbiste se charge de combler. De quel droit, au nom de quelle légitimité ? Les thuriféraires de l’opposition radicale se gardent bien de se prononcer sur la question. Et lorsqu’ils se hasardent sur ces sentiers de la légitimation de leur action, ils évoquent la ferveur populaire qui a caractérisé l’une ou l’autre de leurs manifestations publiques.
A l’analyse, les conclavistes ont très médiocrement boutiqué leur argumentaire putschiste. Le rapport de 11 pages sensé exposer objectifs, buts et autres propositions du Rassop pour assurer l’alternance démocratique dans le respect de la constitution en vigueur en RD Congo s’avère un incroyable tissu de tautologies, d’incohérences et de contradiction qui en déroute plus d’un.
A titre d’exemple, au point relatif à l’exercice du pouvoir après le 19 décembre 2016 sont développés des incongruités qui foulent littéralement aux pieds des dispositions constitutionnelles pertinentes, la même constitution que les rapporteurs de Limete affirment défendre farouchement deux pages plus loin, au point 7. « Ainsi, dans quelques mois, la République Démocratique du Congo, par la seule volonté de Joseph Kabila, se trouvera dans la situation atypique d’un Etat dont les institutions nationales et provinciales à mandat électif auront toutes perdues leur légitimité. Il en résultera, par conséquent, un vide du pouvoir qui, dans un régime démocratique, ne peut émaner que du peuple souverain comme le prescrit par ailleurs, l’article 5 alinéa 1er de la Constitution de la République », écrivent les auteurs du rapport au sujet des mandats électifs. Mais ils occultent avec une malhonnêteté intellectuelle extraordinaire les articles de la même constitution qui stipulent que députés nationaux, députés provinciaux, sénateurs et président de la République ne sont remplacés que par des nouveaux élus : ils restent en place jusqu’à l’élection de leurs remplaçants. Cela, c’est la constitution de 2006 qui le stipule noir sur blanc, comme le lecteur le lira plus avant.
Ainsi, lorsque les conclavistes de Limete écrivent que « le Rassemblement souligne la nécessité de définir un régime spécial devant assurer la gestion du pays de manière à organiser sans tarder les élections dans le respect de la Constitution et des normes démocratiques », ce sont eux qui taillent la loi fondamentale rd congolaise en morceaux. Parce qu’elle ne prévoit pas une telle acrobatie à la foi illégale et illégitime.
Pire, Limete usurpe en s’arrogeant le droit d’interpréter la constitution, une prérogative dévolue par la même constitution à la seule cour constitutionnelle. En réalité, les radicaux tshisekedistes-katumbistes s’inscrivent depuis longtemps dans une logique putschiste qui a du mal à à dire son nom. Pour les tshisekedistes-katumbistes qui s’arrogent déjà le droit de décréter la fin de tel ou tel autre mandat électif, et s’auto-proclament exégètes des textes constitutionnels, le coup d’Etat est déjà en cours : ils remplacent les institutions légalement établies.
Ce mépris d’une constitution adoptée par voie référendaire par le peuple de la RD Congo trouve son origine et son explication dans les rapports qu’entretiennent les opposants radicaux du Rassop avec certaines puissances occidentales pressées de reprendre pieds en Afrique en général et en RD Congo en particulier. Au lendemain du conclave de la 11ème rue Limete, les libéraux au pouvoir en Belgique, par la bouche du Vice-premier ministre et ministre des affaires étrangères, Didier Reynders, avaient aussitôt volé au secours des conclavistes en décrétant que 500 jours supplémentaires pour tenir les élections étaient inadmissibles. Une manière ou une autre de se prononcer en faveur du schéma du vide juridique à combler prôné par les tshisekedistes-katumbistes malgré les prescrits de la constitution rd congolaise. Tout autant que les français, dont le ministère des affaires étrangères s’est prononcé dans le même sens.
Selon des analyses qui ne manquent pas de pertinence, la bagarre est ailleurs : victime de sa propre politique néocolonialiste en Afrique, l’Occident est en train de perdre du terrain en faveur des pays émergents, ceux du continent asiatique particulièrement, dont les entreprises essaiment un peu partout sur le contient. Tous les chefs d’Etat du continent qui trahissent des velléités d’ouverture des marchés de leurs pays aux nouveaux venus font l’objet de manœuvres de déstabilisation. A l’instar de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire, d’Ali Bongo au Gabon, et de Joseph Kabila en RD Congo.
La lutte pour l’alternance est une lutte pour la non alternance de ceux qui ont toujours exploité les ressources rd congolaise à vil prix.
J.N.