Un laboratoire modulaire de l’OCC est opérationnel depuis le 6 octobre au poste frontalier et port sec de Lufu. Mieux vaut prévenir que guérir, dit un sage adage qui a traversé la nuit des temps. Ce à quoi s’attèle justement l’OCC, Office congolais de contrôle. Plus qu’un hôpital moderne type cinquantenaire, l’OCC est, en pratique, le dispositif sécuritaire nec plus ultra de la santé publique. Des vivres aux médicaments, l’Office a les yeux sur tout pour en certifier la conformité par rapport aux normes qualitatives et quantitatives.
Hélas, cet établissement public dont les agents sont en permanence sous la tentation de la corruption tire le diable de la fauche par la queue, 5 mois au bas mot d’arriérés des salaires alors que l’Office congolais de contrôle brasse d’énormes sommes au quotidien. L’on se souviendra que l’ex-directeur général de l’Office Congolais de Contrôle (OCC), Hassan Yengula, a été suspendu de ses fonctions et mis à la disposition de la Justice par une décision de Mme la ministre du Commerce, Néfertiti Ngudianza Kisula. Sans un ordre de retrait des fonds dûment signé par trois membres du Comité de gestion, à savoir le directeur financier et de celui de la Trésorerie, Hassan Yengula s’était présenté seul à la banque B.G.F.I. où il a perçu 21 millions de dollars qu’il dit avoir affecté au paiement des arriérés de salaires des agents des provinces de l’intérieur du pays. Il a été reproché à son prédécesseur, Albert Kasongo, de tenir, entre autres, 360 comptes occultes de l’OCC. Alors que les arriérés de salaires des agents dépassaient les 5 mois avant son éviction. Fin 2015, selon l’intersyndicale de l‘Office Congolais du Contrôle, les agents ont d’ailleurs accepté d’arrêter le mouvement de grève alors qu’ils accusent au mois trois mois de paiement des salaires et n’ont pas perçu le 13ème mois ainsi que d’’autres avantages reconnus par la Convention Collective.
Voilà ceux qui établissent si le riz, le poulet, et autres chinchards importés ou produits localement sont susceptibles d’être consommés ou non, se retrouvent cependant soumis à un jeune sauvage, laissés pour compte par l’Etat. Le gouvernement se serait-il résolu de se contenter du contrôle censé être réalisé en amont, dans les pays de provenance des articles, par BIVAC? En tout cas, n’eut été l’OCC, Kinshasa aurait consommé n’importe quoi en provenance de Lufu. Que des produits frelatés expédiés à l’incinération, que des denrées refoulées vers l’Angola. A titre exemplatif, l’’Office congolais de contrôle a appréhendé, fin 2015, au poste frontalier de Lufu, Province du Kongo central, un container frigorifique rempli de poissons communément appelés « Makwala », impropres à la consommation, et 150 touques de mazout dissimulées derrière des cartons en provenance de l’Angola. N’eut été la vigilance des inspecteurs de conformité de l’OCC œuvrant à cette frontière, ces opérateurs économiques véreux auraient réussi à faire entrer cette cargaison de la mort importée d’Angola.
L’OCC a également appréhendé un lot important des produits impropres à la consommation composé notamment de 2,5 tonnes de poissons « Malwa », de 2 tonnes de liqueurs en sachets, de 500 kg de lait concentré provenant de la Malaisie et des produits laitiers en provenance de la Chine.
Les biscuits et chocolats en provenance de la Chine sont interdits
Conformément au communiqué officiel du ministère de l’Economie et Commerce, daté du 30 septembre 2008, interdisant l’importation du lait et des produits dérivés de ce pays. L’’OCC se défend de toute négligence dans le traitement des produits impropres à la consommation. L’établissement public se félicite bien au contraire, de l’esprit d’abnégation de ses agents, qui malgré plusieurs mois d’arriérés des salaires, se montrent cependant intraitables vis-à-vis de la corruption et de tout acte susceptible de porter atteinte à la santé publique. Mais jusqu’à quand les agents et cadres de l’OCC sauront-ils résister à la tentation? Ventre affamé n’a point …d’yeux. La nécessité est mère de tous les compromis.
Selon un laborantin maison, concernant les poissons, l’analyse organoleptique suffit aux experts de l’OCC pour déclarer, à première vue, que ces produits étaient impropres à la consommation, tandis que le cas des cartons de whisky en sachets, tombe, lui, sous le coup des arrêtés interministériels 004/CAB/MIN-ECO/2007 et 001/CAB/MIN/IND/2007 du 12 avril 2007 portant interdiction du commerce d’alcools, eaux, eaux de vie et liqueurs conditionnés dans les sachets ainsi que de ceux 001/CAB/MIN/IPME/2012, 003/CAB/MIN/ECO et COM/2012 portant interdiction de fabrication, d’importation et de commercialisation et des emballages non biodégradables, précise-t-on.
Ces arrêtés ont été renforcés en date du 15 février 2013 par le communiqué officiel du ministre de l’Industrie, Petites et Moyennes entreprises soulignant qu’hormis les produits pharmaceutiques, la vente en sachets des produits tels que les fruits et divers légumes, l’eau, les liqueurs et autres, est strictement prohibée sur toute l’étendue du territoire national. Mais la réalité est que l’on ne peut interdire de boire à celui qui a creusé le puits. Hélas, les pouvoirs publics semblent plutôt avoir une lecture tout autre de la situation précaire des agents et cadres de l’OCC. Certains actes générateurs des recettes de l’OCC ont été supprimés et l’une de ses principales ressources rabiotées de moitié. Depuis 2013, le gouvernement a d’autorité décidé couper à la source 50% du produit de la redevance rémunératoire due aux services et organes publics (dont DGDA, DGRAD, OCC, CEEC, SCTP, OGEFREM…les ministères des Finances , Mines, Commerce extérieur ), pour service rendu à l’exportation des produits miniers. (Lire article sur reddition des comptes).
POLD LEVI