Il pleuvra des hallebardes lors du débat en Chambres sur la reddition des comptes de l’exercice budgétaire 2015. Selon la LOFIP, Loi sur les finances publiques, l’adoption de la reddition des comptes est une condition sine qua non avant tout examen de loi budgétaire du prochain exercice, 2017 donc.
Le gouvernement a alloué plus de 1 milliard de dollars pour des travaux de construction et de réhabilitation des infrastructures publiques en 2015. Et en 2016 Voilà qui remet derechef en cause l’opportunité de la création du Fonds spécial de développement. Une structure qui, cette année, a été dotée d’un crédit de plus de 35 millions de dollars. Une somme, en réalité, retranchée sur les comptes des services et organes prestataires aux postes frontaliers.
Quelque 50% du produit de la redevance rémunératoire due aux services et organes publics (dont DGDA, DGRAD, OCC, CEEC, SCTP, OGEFREM…les ministères des Finances , Mines, Commerce extérieur ), pour service rendu à l’exportation des produits miniers, ont, en effet, été concédés pour le financement du Fonds spécial de développement, le 1er janvier 2013, par l’alors ministre délégué aux Finances, Patrice Kitebi, qui s’est fondé sur la nécessité et l’urgence de financer les actions prioritaires de développement.
Créé en 2013, le Fonds spécial de développement n’apparaîtra cependant qu’en 2015, dans le budget de l’Etat sur la rubrique des comptes spéciaux. Le gouvernement lui accorde des crédits de 33 milliards de FC, soit un peu 35 millions de dollars. Courant mai 2015, à la suite de la question orale avec débat du sénateur David Mutamba, le ministre des Finances, Yav Muland, a laissé entendre que le Fonds spécial de développement a, en effet, remplacé, le poste des recettes dit «autres». Qui, en 2014, était crédité d’une enveloppe de plus de 88 milliards de FC. En 2013, «autres » avait glané plus de 74 milliards de FC. Selon le ministre des Finances, le fonds spécial de développement finance notamment les travaux de construction des routes et d’autres infrastructures publiques. Mais sur terrain, la traçabilité du financement de Fonds spécial de développement pose problème. Ce cadre de l’OVD fait remarquer, à Kinshasa, singulièrement, des immeubles ont ralenti de pousser comme il n’y a plus de grands chantiers de l’Etat. En outre, dans le budget 2015, le gouvernement avait aligné et décaissé plus de USD 1 milliard des crédits pour des travaux de construction, réfection, réhabilitation des infrastructures publiques en 2015. Il s’agit nettement d’une enveloppe de 1.099.687.832.675 FC soit USD 1.195.312.861,6. En outre, quelque 63.850.896.697 FC soit USD 69.403.148,5 pont été affectés à l’acquisition des équipements des constructions et des transports. Pourtant, des voix s’élèvent pour exiger un audit des coûts de différents travaux exécutés financés par l’Etat. Nenni.
Le fécond Kipling, auteur du livre de la jungle, aimait à dire, la civilisation, c’est d’abord la route. On aura beau crier « révolution de la modernité » en bombant le torse devant des immeubles qui sortent de terres, à l’image du futur hôtel du gouvernement, il demeure que relier deux provinces de la RDC par route relève d’un pari osé. La R-dC doit parvenir à moderniser et à revêtir ses quelque 58.000 km de routes d’intérêt général pour espérer une émergence harmonieuse. L’Etat a un atout pour ce faire, l’Office des routes. Qui en 2012, soit une année avant la création du fonds spécial de développement, sollicitait de l’Etat des crédits de 1 milliard de dollars pour réhabiliter, sur 4 ans, jusqu’en 2016 quelque 9.000 Km des routes d’intérêt national.
POLD LEVI
REDDITION DES COMPTES : Zones d’ombres sur le fonds spécial de développement
