C’est du déjà entendu, certes. Au niveau planétaire, avec les accusations que l’on sait aujourd’hui fantaisistes, qui entraînèrent l’invasion de l’Irak par les USA, et mis un terme au régime de Saddam Hussein. Le Chef de l’Etat irakien et ses deux enfants ont été tués et remplacés au pouvoir, mais aujourd’hui encore, plusieurs années après, la paix n’est pas l’ordre du jour des réalités dans cette partie du monde.
Plus près de la RD Congo, en Lybie, le Colonel Mouammar Kadhaffi a, lui aussi, été accusé de tous les péchés d’Israël par les Occidentaux, avant de subir le sort de l’Irakien Saddam Hussein. La Lybie, pays prospère sur le continent africain s’il en fût, fut littéralement rasée par les armées françaises, anglaises et américaines. Avec elle, c’est la paix dans toute la région qui a été ainsi compromise, pour de longues années encore, manifestement.
C’est pourtant la rengaine choisie par le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement, sous la houlette du vieil opposant rd congolais, Etienne Tshisekedi : « Le pouvoir Kabila est donc désormais une menace pour la sécurité, la stabilité et la paix aussi bien en RDC que dans l’ensemble de la Sous-région des Grands Lacs », tranchent-ils avec un incroyable aplomb cécitaire. Dans le cas d’Etienne Tshisekedi, la rengaine, la même, est ressassée depuis les années ’90, lorsque le lider maximo de l’UDPS convoitait le pouvoir dictatorial du Maréchal Mobutu : à l’en croire, il suffisait que le dictateur s’en allât pour que la paix, l’essor économique et social reviennent au Zaïre comme par enchantement. Seulement, d’enchantement, il n’y en a jamais eu : la chute du Maréchal défunt fut précédée et suivie de guerres et rébellions à répétition qui faillirent de peu mettre fin à son existence.
Si dans les années ’90, les discours démagogiques dignes de pires vendeurs d’illusions accrochaient une population qui subissait les affres d’un régime dirigé par un dictateur usé par la maladie qui allait l’emporter, aujourd’hui, avec le recul du temps, l’affaire ne tient plus la route. Plus pour tout le monde : en RD Congo, ceux qui ont encore de la mémoire scrutent les propos, ceux des opposants et de leurs soutiens occidentaux, les comparent, et critiquent.
Il apparaît ainsi que comme à la fin des années Mobutu, les tshisekedistes veulent abuser de la crédulité de l’opinion en surfant sur des éléments d’appréciation émotionnels, qui ont le défaut d’occulter l’appréciation objective des faits que sont les résultats électoraux, les statistiques des opinions émises dans les urnes et la nature des dirigeants en charge du régime qu’ils combattent. Le rapport des conclavistes de Limete prétend que la création du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement a été massivement saluée par le Peuple congolais. La preuve ? C’est l’accueil réservé à Etienne Tshisekedi à son retour le 27 juillet 2016, ainsi que la participation des combattants au meeting du 31 du même mois en face du Stade des Martyrs. On peut reprocher une double supercherie à ces opposants qui prétendent engager les rd congolais sur les chemins qui mènent au paradis terrestre : l’affluence à une manifestation publique n’est pas un critère d’appréciation parce que n’importe qui, à Kinshasa et ailleurs en RD Congo, peut se targuer de mobiliser les mêmes foules ; et Kinshasa n’est pas la RD Congo, loin s’en faut. Encore que pour une ville dont la population est estimée à quelque 10 millions d’âmes, vanter la participation à un meeting qui s’est tenu en face d’un stade dont la capacité est 70.000 mille personnes relève de l’escroquerie.
À ce rythme, il faut dire que Mobutu Sese Seko, dictateur honni s’il en fut, était l’homme le plus populaire de la capitale zaïroise lorsque , de retour de Cap Martin, quelques semaines seulement avant d’être chassé du pouvoir par l’AFDL de Mzee Laurent Désiré Kabila, il fut l’objet d’un accueil délirant par plus d’un million de Kinois qui s’attendaient à une entente entre lui et… Tshisekedi qui venait de lui rendre une visite de compassion dans sa convalescence du Midi de la France. À quoi tiennent les mouvements des foules…
Les tshisekedistes-katumbistes mentent effrontément. Le terrain vague qui borde le Boulevard Triomphal ne peut même pas contenir cent mille personnes. Et même si c’était le cas, rien qu’à Kinshasa, il y aurait encore des millions de « laissés pour compte » récupérables. En tout état de cause, une affluence populaire n’est pas une voie légitime d’accès au pouvoir : si un accueil, un meeting devaient être considérés comme les meilleures moyens de légitimer un pouvoir, il y a longtemps que beaucoup y auraient eu recours. Et compte tenu du temps que peut durer une telle ferveur populaire, la durée des mandats présidentiels dépasserait rarement 2 ou trois heures. Sans plus. Encore qu’en juristes et défenseurs de la constitution, les porte-voix du Rassemblement de l’opposition devraient encore indiquer d’où ils tirent la légitimité constitutionnelle des pouvoirs qu’ils s’arrogent au nom de tous les millions des rd congolais.
Il est donc plus que fallacieux de vanter un prétendu unanimisme autour d’Etienne Tshisekedi : après Joseph Kabila, ce n’est pas un vide, des kabilistes existent à travers la RD Congo, ainsi que d’autres rd congolais qui ne prêchent pour aucune des deux chapelles. Sans compter que sur le plan de la sécurité, comme cela s’est vu en Lybie et ailleurs, il y a lieu de craindre qu’un éventuel vide au sommet de l’Etat n’affecte plus gravement encore le peu de quiétude et de sécurité enregistré à travers le pays.
J.N.