La rumeur, plutôt folle, s’est répandue comme une traînée de poudre à Kinshasa et dans certaines agglomérations de la RD Congo, le week-end dernier. Elle voulait, plus qu’elle donnait le président de la République, Joseph Kabila Kabange, assassiné comme son illustre prédécesseur, et géniteur, par un de ses gardes du corps. L’information aurait été lancée par une officine basée en Belgique non autrement identifiée, qui l’aurait refilée à l’agence de presse Belge, Belga. Abusé, un journaliste de cette agence tentant de vérifier samedi l’information auprès du ministre de la Communication Lambert Mende Omalanga, s’entendit rétorquer ironiquement par ce dernier : « Si on a tué le Président hier, il faut croire qu’entretemps, il est ressuscité d’entre les morts ». Dont acte. Malgré ce démenti formel relayé par l’agencier, les fans de l’opposition radicale qui campent dans les réseaux sociaux en ont fait leur affaire, sans le moindre souci de vraisemblance, comme d’habitude.
A Kinshasa, la nouvelle du prétendu assassinat du numéro 1 congolais s’est rapidement répandue de bouche à oreilles à partir de milieux proches de l’opposition. Dans certains quartiers, des personnes jugées proches de la majorité présidentielle se sont vues contraintes à une discrétion inhabituelle, beaucoup prenant la précaution de disparaître momentanément. « Le corps du Chef de l’Etat mort serait discrètement emmené en Chine », rapportaient-on. Un internaute particulièrement acerbe s’évertuait jusqu’à dimanche à « exiger une preuve, un signe de vie du président Kabila », se faisant aussitôt rabrouer par un partisan du président lui exigeant avant toute réponse à sa requête « une preuve que tu es bien congolais et non un étranger même d’origine congolaise en train de nous distraire alors que nous avons des problèmes plus sérieux à résoudre dans notre cher pays » !
Pourtant, le même dimanche, au milieu de la journée, Félix Kabange Numbi, le ministre congolais de la santé publique s’était résolu à poster un démenti, aussitôt noyé dans des dizaines de postings lui demandant à quel titre il s’exprimait et s’il était devenu le porte-parole du gouvernement. Pour ses contradicteurs qui semblaient s’en délecter, Joseph Kabila était mort de sa belle mort. Point à la ligne. Jusque lundi, les effets néfastes de cette fausse rumeur cousue de fil blanc se sont poursuivis. En province principalement où on a observé des scènes de panique, notamment à Fizi (Sud Kivu) ou à Lodja (Sankuru) et d’autres villes comptant des nombreux supporters du Chef de l’Etat qui, éplorés, sont allés jusqu’à fermer boutiques et échoppes des marchés pour commencer leur deuil.
Mais, c’est de la capitale qu’est partie, lundi dans la matinée, le démenti le plus formel : de l’aéroport international de N’Djili où l’avion présidentiel avait décollé dimanche dans la soirée vers Rome. Le président Joseph Kabila avait été aperçu aussi vivant que peut l’être un être humain sain et sauf. Des témoins l’avaient aperçu qui grimpait, quatre à quatre comme à son habitude, l’échelle de coupé pour le vol vers le rendez-vous papal.
Lundi 26 septembre 2016, les fossoyeurs pressés de ont été définitivement désillusionnés en voyant les images de Joseph Kabila reçu en audience par le Pape François pour un entretien privé conformément à un rendez-vous pris il y a plusieurs semaines. C’est dans la bibliothèque de son Palais du Vatican que le souverain pontife s’est entretenu en tête à tête avec le chef d’Etat rd congolais, rapportent les agences. Le président de la République rd congolaise était accompagné d’une délégation d’une dizaine de personnes. Il a par la suite pris part à une séance de travail entre sa délégation et Mgr Paul Gallagher, le chef de la diplomatie du Vatican. Rien n’avait encore filtré des entretiens entre le Pape François et Joseph Kabila au moment où nous mettions sous presse.
Dans une certaine opposition en RD Congo, il est de coutume de « tuer » les adversaires politiques, faute de les avoir défait dans un débat contradictoire et démocratiquement. Cela s’était déjà vu dans les années ’90, à la fin de l’ère de la deuxième République. Plus d’une fois, le défunt Maréchal avait été donné pour mort, ou exilé dans un pays africain, le Maroc ou le Sénégal généralement. Mais il n’en a rien été. L’homme est bel et bien demeuré au pouvoir 7 ans durant, jusqu’à ce qu’une rébellion armée, celles des Kabila, père et fils précisément, parvienne à mettre effectivement un terme à son régime, et que la mort n’emporte le léopard très malade, plusieurs mois après en exil … au Maroc. Mais l’épisode n’intéressait plus ses anciens adversaires.
J.N.
RUMEURS DE LA TWITOSPHÈRE OPPOSITIONNELLE : Ènième faux attentat contre Joseph Kabila
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