Les travaux du dialogue politique national inclusif se clôturent ce mardi 20 septembre 2016, sans une partie de l’opposition qui les a boycottés, le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement d’Etienne Tshisekedi et Moïse Katumbi. Si du point de vue de l’inclusivité la réussite des assises qui se sont tenues à la cité de l’OUA à Kinshasa n’ont que partiellement réussi, au plan du contenu, le succès aura été au rendez-vous, les parties prenantes s’étant rassurées les unes les autres quant à l’organisation des prochains scrutins électoraux.
Les délégués au dialogue coachés par un facilitateur international nommé par l’Union africaine et secondé par un groupe de soutien tout aussi international, ont décidé la refonte totale d’un fichier électoral que tous désapprouvent depuis les élections chaotiques de 2011 ; pour donner les mêmes chances à toutes les parties, les élections présidentielle, législatives et provinciales se tiendront au même moment ; le financement des élections sera assuré par le gouvernement de la RD Congo, même si les apports extérieurs ne sont pas exclus ; les prochaines élections se tiendront en 2018, compte tenu des contraintes techniques et organisationnelles.
Il demeure, néanmoins, que tout irait mieux dans le meilleur des mondes si la fameuse inclusivité avait été réussie. Mais une fois de plus, peut-être une fois de trop, c’est le leader de l’UDPS, Etienne Tshisekedi wa Mulumba, qui aura fait rater à ses compatriotes l’occasion de voir la classe politique nationale dans son ensemble réunie autour d’une table pour dégager un consensus sur une question d’intérêt national.
Pourtant, le lider maximo de l’UDPS s’était bel et bien accordé avec une délégation présidentielle sur la tenue d’un dialogue national inclusif autour du processus électoral. A l’ouverture des travaux du dialogue politique proprement dit, le 1Er septembre 2016, Edem Kodjo, le facilitateur international de l’Union africaine, ne s’était pas privé de le révéler à l’opinion. Au cours d’une des rencontres secrètes organisées pour préparer le dialogue politique inclusif à l’Hôtel Béatrice de Paris (France), l’UDPS/Tshisekedi et la délégation présidentielle conduite par Néhémie Mwilanya avaient conclu un accord politique jugé historique par l’ancien premier ministre du Togo : « un document définissant de la façon la plus complète possible la composition du Dialogue, sa structuration et son fonctionnement avait été signé et entériné entre les deux parties » avait déclaré Kodjo sur le ton d’une complainte.
Des révélations de la presse belge, le week-end dernier, sont venues confirmer les propos du facilitateur international du dialogue politique national rd congolais. Le document signé entre la partie UDPS, représentée par Sieur Tendaie Kasumpata, un proche d’Etienne Tshisekedi qui dans des circonstances semblables s’encombre rarement des structures officielles de son parti politique, et la partie présidentielle dirigée par Me Mwilanya a été diffusé. Il est trouvable sur la plupart des réseaux sociaux avides de scoops politiques. Force est de constater, à sa lecture, qu’il ressemble comme deux gouttes d’eau à la feuille de route qui a guidé les travaux de la cité de l’OUA à Kinshasa.
Les délégués d’Etienne Tshisekedi et de Joseph Kabila avaient en effet convenu de l’organisation d’un dialogue politique national représentatif des forces politiques et sociales du pays en vue de permettre un processus électoral apaisé, complet, inclusif et crédible … (premier principe), qui se tiendrait à Kinshasa durant 10 jours à dater du 15 avril 2016 et réunirait 120 participants (50 de l’opposition, 50 de la majorité présidentielle et 20 de la société civile) ; les travaux dirigés par le facilitateur devaient être co-modérés par un délégué du pouvoir et un délégué de l’opposition représentée par l’UDPS ; sur le fichier électoral, les deux parties avaient convenu de tenir compte des revendications légitimes y relatives et de procéder à sa révision ainsi qu’à l’enrôlement des électeurs dont les nouveaux majeurs ; de même qu’ils se sont accordés sur le fait que le nouveau calendrier électoral serait élaboré au regard des travaux des experts sur la crédibilité du processus électoral. La question de la restructuration de la CENI avait, elle aussi, obtenu l’accord des parties à l’hôtel Béatrice à Paris.
Tout cela, Etienne Tshisekedi n’en a plus voulu du jour au lendemain, comme on dit. Sur les motivations de cette énième volteface de l’homme de la 10ème rue Limete à Kinshasa, les observateurs se perdent en conjectures plus ou moins avilissantes. Mais un fait demeure : la cité de l’OUA aura réussi la mise en œuvre de ce qui était convenu à Paris, quasiment. Le principal est acquis et la roue peut continuer de tourner, sans Etienne Tshisekedi, son UDPS et le Rassemblement des forces acquises au changement. Comme en 2006, le demi-dieu de l’UDPS sera absent au prochain rendez-vous électoral.
En fac similé ci-après, le texte de l’accord de l’hôtel Béatrice de Paris.
J.N.