Du gâchis, et la majorité et l’opposition dans sa diversité devraient, sans nul doute, se convenir au sujet du COPIREP, Comité de pilotage de la Réforme des Entreprises Publiques. Le speaker de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku, l’a derechef décrié lors de son discours de rentrée… dans une circonvolution phraséologique diplomatique: «COPIREP… les résultats sont encore attendus».
Même la ministre du Portefeuille, Louise Munga, ne saurait pas à ce jour établir de manière claire à quel niveau se situe la réforme des entreprises publiques lancée voilà plus de 12 ans. Longtemps, au Portefeuille, on s’est félicité que la réforme dans volet juridique ait été menée à son terme. Il est certes vrai que la vingtaine des entreprises d’Etat transformées en sociétés commerciales ont, à ce jour, statuts de société anonyme, SA, conséquence de l’adhésion de la RDC à l’OHADA. Depuis, la réforme a versé dans une confusion…savamment entretenue : les Lignes aériennes congolaises, LAC Sa, ont été dissoutes contrairement à la recommandation du Sénat au gouvernement de la faire redécoller. La cession plutôt opaque de la SCTP ex-ONATRA à une firme privée piétine. Le retour des experts de l’ADPI à la RVA, Régie des voies aériennes, a crashé suite au refus du banc syndical de laisser atterrir les fameux experts censés poursuivre la réforme en scindant la RVA en deux entités distinctes. Les deux entreprises du secteur de l’énergie, REGIDESO et SNEL, ne sont guère sorties de l’auberge en dépit de leur accompagnement par des firmes étrangères respectivement la Sénégalaise des eaux et la Canadienne Manitoba. Il sied de rappeler qu’il y a deux ans, fin juillet 2014, le gouvernement s’est retrouvé dans le plus grand secret avec le COPIREP au Grand Hôtel Kinshasa pour faire l’état des lieux de la réforme des entreprises du Portefeuille lancée voilà 11 ans – à l’époque- par le Comité de pilotage de la réforme des entreprises publiques. Cette réforme rentre dans le cadre du PCDSP, Projet compétitivité et développement du secteur privé, initié par la Banque mondiale et qui était arrivé à terme le 30 juin 2014. Ce projet a bénéficié d’une enveloppe de USD 180 millions dont USD 120 millions des crédits et USD 60 millions de don de la Banque mondiale. Ce financement est pratiquement épuisé, alors qu’aucune entreprise n’a été effectivement réformée. Voilà qui justifie la convocation par le Premier ministre de cette rencontre « secrète » au GHK avec la direction du COPIREP dont il sied de signaler qu’il a été géré depuis sa mise en place par son secrétaire exécutif, Ilunga Ilunkamba, donc de 2003 jusqu’à sa nomination comme AD de la SNCC, en avril 2014. Ilunga Ilunkamba a, en effet, été imposé Sec Exécutif du COPIREP au détriment de Adrien Omombo, qui avait pourtant remporté le test pour ce poste, mais jugé proche de l’opposition mobutiste.
Les travaux de GHK étaient placés sous la direction du Secrétariat général du gouvernement. La ministre du Portefeuille, Louise Munga, avait alors sorti une feuille de route toute autre de la réforme sans associer le COPIREP. Au motif que le Chef de l’Etat, dans son speech de clôture des assises des Concertations nationales, avait exigé du gouvernement une nouvelle politique de la réforme des entreprises. Depuis plus rien. L’on se rappellera qu’à l’issue des Concertations nationales, le Chef de l’Etat s’était aussi engagé à se doter d’un super conseiller en matière de corruption. Ce qui a été fait avec la nomination de l’ancien ministre de la justice, Emmanuel Luzolo Bambi. De fortes présomptions de détournements des fonds pèsent sur le COPIREP. L’on sait par exemple que chaque année, le COPIREP a dit dépenser, dans ses différents rapports annuels, quelque USD 5 millions pour des aléas techniques (coupure de courant…). Pour le président du Sénat, Léon Kengo, la réforme des entreprises publiques voguait tel un bateau ivre, « sans méthodologie… ».
POLD LEVI