La REGIDESO ne dessert plus la cité de Kasongo dans la province du Maniema, voilà quelques jours. Ça n’est pas à la suite d’un mouvement de débrayage ni d’un acte de sabotage. Ici, la REGIDESO ne compte qu’un seul ingénieur qui maîtrise la technique de refoulement d’eau du centre de traitement vers les abonnés. L’homme est, hélas, aux arrêts !
L‘ingénieur dont l’identité n’a pas encore été révélée s’est retrouvé au centre d’un conflit parcellaire avec un puissant exploitant forestier de Kasongo qui a réussi à le faire expédier à la prison centrale de la cité début septembre. Depuis, l’eau a cessé de couler des robinets de la cité au point de provoquer un tumulte dans la population. Interpellé, le directeur local de la REGIDESO a avoué toute son impuissance après moult tentatives sans succès de faire ronronner les machines. M. Malemba, puisque c’est de lui qu’il s’agit, déclarera urbi et orbi, que ce n’est lorsque son ingénieur sera libéré que l’eau va de nouveau couler à Kasongo. Dans l’opinion, les idées les plus ténébreuses assaillent les esprits au fur et à mesure que la crise de l’eau s’accentue. D’aucuns envisagent de monter une expédition punitive contre l’exploitant, là où d’autres pensent à défoncer les vestibules des geôles de la cité afin de libérer l’ingénieur.
Il sied de noter que dans la région la baisse du niveau des eaux a atteint par endroits des degrés très critiques. L’étiage n’est pas forcément un exutoire monté de toutes pièces par la SNEL afin de justifier ses déboires dans la fourniture de l’électricité. La REGIDESO aussi en fait les frais. Peu importe les dégâts écolos, puisque l’eau c’est la vie, la REGIDESO a résolu, courant août 2015, de détourner le lit de la rivière Kakanga et transférer ses eaux dans la rivière Murhundu où la société capte de l’eau pour desservir Bukavu, plus de 1 million d’habitants. Quelque 700.000 m³ de la rivière Kakanga sont ainsi transférés chaque jour vers la rivière Murhundu afin de suppléer au déficit de production à Bukavu, chef-lieu du Sud-Kivu.
Kinshasa, plus de 10 millions d’habitants, est plutôt en proie à des stress hydriques, selon le DG de la REGIDESO, si bien que la société a pris l’option de soumettre la capitale « au rationnement dans les quartiers et communes», indique M. Mukalayi. Voilà qui rappelle un peu le délestage appliquée par l’entreprise sœur la SNEL. Chaque jour, la REGIDESO procède donc à la baisse de la zone à desserte régulière au profit des zones à desserte par intermittence et à manque d’eau.
Taux de desserte, 29%
La capacité nominale de production d’eau sur toute l’étendue de la RDC est de 36 .680 .400 m3 / mois, selon les statistiques fournies par la REDIDESO, début août 2015. Mais cette production ne cesse de décroître depuis le début de la saison sèche. A tel point que la production globale se situe à 25.114.000 m3 / mois alors que la capacité fonctionnelle requise est de 30.674.160 m3. Ce qui représente un taux de desserte de 46 % en milieu urbain et 23 % en milieu rural, soit un taux de desserte global de 29 %. Côté système de distribution, la REGIDESO a un réseau primaire, secondaire et tertiaire confondus de 9.998 Km, pour quelque 3.567 Km des branchements.
Opérationnelle depuis 1939, la REGIDESO est implantée dans toutes les 26 provinces, foi de son DG. La société transformée en société anonyme, quoique l’Etat y demeure actionnaire unique, compte 97 centres d’exploitations dont 77 en service et 20 à l’arrêt. De ses 37 unités de production qui exploitent l’eau de surface dont 9 usines captent directement l’eau du fleuve Congo. Ce sont elles qui subissent sèchement les effets de l’étiage au niveau des captages de l’eau brute suite au retrait des eaux ou à la forte baisse du débit d’étiage du cours d’eau capté nécessitant parfois le transfert d’eau provenant d’un bassin voisin, fait comprendre le DG de la REGIDESO.. Il s’agit des usines de Bukama et de Kongolo, dans l’ex-province du Katanga, l’usine de Kindu au Maniema, l’usine du Fleuve à Matadi et la nouvelle usine de Boma au Kongo central, anciennement Bas Congo, l’usine de Mbandaka dans l’Equateur. A Kinshasa, il s’agit des usines de Maluku et de Ngaliema dont celles de Kinsuka (120.000m3/j) et de Lukunga (40.000m3/j à Kinshasa. Quelque 103 unités de production exploitent l’eau souterraine dont 43 forages et 30 sources. Vingt-huit centres utilisent l’énergie hydraulique produite par la SNEL, 61 Centres utilisent l’énergie thermique produite par les groupes électrogènes de la REGIDESO et 8 centres ont été dotés de système gravitaire.
Des palliatifs de fortune
Dans la ville portuaire de Matadi, la REGIDESO a ainsi résolu de déplacer ses grosses tuyauteries (GMP) eau brute de son usine dite du fleuve à une cote inférieure afin de réduire la hauteur d’aspiration. A Kinshasa, la capitale victime d’un stress hydrique, selon la REGIDESO, des palplanches ont été posées à la station de captage de l’usine de Ndjili afin d’augmenter la cote du barrage de rétention et améliorer ainsi le volume d’eau dans son bassin. A la station de captage de Kinsuka, la REGIDESO a procédé au prolongement des conduites d’aspiration suite aux L’entreprise construction en eau profonde de la nouvelle prise d’eau brute de l’usine de Ngaliema d’une capacité de 120.000 m3/j. Cette usine est censée approvisionner en eau notamment les communes de Ngaliéma (224Km2) et de Mont-Ngafula (359Km2) qui comptent parmi les coins les plus peuplés de la capitale. La REGIDESO sollicite particulièrement l’implication du gouvernement pour la protection du bassin du fleuve Congo ainsi que les sous bassins afin de sauvegarder l’équilibre des écosystèmes. En clair, les constructions le long et dans le fleuve Congo ont une incidence négative sur la production de la REGIDESO.
POLD LEVI