Les travaux du dialogue politique proprement dit se sont poursuivis sans désemparer, lundi 12 septembre 2016 à la Cité de l’OUA. Depuis vendredi dernier, les travaux en plénière ont été suspendus et éclatés en commissions. Trois au total ont été retenus qui oeuvrent à l’approfondissement des thèmes relatifs aux élections (matières liées au fichier électoral, à la séquence des élections et au budget et financements des scrutins) ; à la sécurisation du processus électoral et à la sécurité des personnes ; à la confiance et à l’équité (mesures de confiance, d’équité et de transparence, et au code de bonne conduite). Samedi 10 septembre, les participants ont chargé Ramazani Shadari (PPRD) et Elysée Dimandja (Opposition) pour conduire les travaux de la commission chargée des élections ; Léonard Mashako Mamba et Moïse Nyarungabo ont été désignés pour diriger la commission sécuritaire ; tandis que Raymond Tshibanda et Florentin Mokonda Bonza se sont vus chargés de diriger les travaux de la commission dite des mesures de confiance.
Jusqu’au milieu de la journée, lundi 12 septembre 2016, rien ne filtrait encore sur l’évolution des échanges entre les parties prenantes au dialogue politique proprement dit. Tout au moins, pas grand’chose, si ce n’est, par exemple, qu’à la commission en charge des élections, certains délégués de la société civile exigeaient de la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante) de proposer un calendrier électoral complet selon les séquences présentées la semaine dernière : élections présidentielles et législatives ; élections locales, provinciales législatives et présidentielles, élections ; et élections présidentielles uniquement. Sur cette question des séquences des élections, c’est connu : l’opposition s’est déclarée favorable à l’organisation de l’élection présidentielle en toute priorité. Parce que selon Jean-Lucien Bussa, son porte-parole, c’est le seul scrutin constitutionnellement contraignant. Tandis que la Majorité présidentielle prône la tenue de tous les scrutins, en commençant par les élections locales et communales pour terminer par la présidentielle.
Dans l’un et l’autre cas, une période transitoire imposée par les impératifs techniques de l’organisation d’élections crédibles et transparentes s’avère incontournable. Tous les rapports d’experts présentés au dialogue proprement dit à la Cité de l’OUA sont formels : point de scrutins sérieux avant au moins juin 2017. Si officiellement et devant les caméras, les protagonistes taisent le sujet, dans les allées de la Cité de l’OUA, rumeurs et supputations vont bon train. Elles ont été plus ou moins confortées, lundi 12 septembre 2016, par l’exposé de l’UNC Baudouin Mayo Mambeke à la commission en charge des élections. L’homme de lige de Vital Kamerhe a exigé, ni plus ni moins, que la démission du gouvernement en place, pour n’avoir pas réussi à organiser les élections dans les délais. Pas une menace en l’air, puisque quelques minutes après, l’opposition dirigée par l’UNC Vital Kamerhe claquait la porte des assises de la Cité de l’OUA et menaçait de ne plus y retourner si la majorité n’adhérait pas au principe de l’organisation de la présidentielle avant tout autre scrutin.
Néanmoins, à la Cité de l’OUA comme ailleurs, ce dont débattent les salons dits huppés friands de politique politicienne, comme on dit, c’est bien d’un plus que probable gouvernement de transition dont il est question. Et de ceux qui l’animeront. L’entendement le plus répandu voudrait que l’opposition, qui participera à cette équipe chargée de conduire les rd congolais aux prochaines élections, dirige l’équipe qui comprendra les autres parties prenantes au dialogue, la majorité présidentielle et la société civile.
Ce ne sont pas les ambitions qui font défaut. En exigeant la démission du gouvernement, lundi 12 septembre 2016, l’honorable Baudouin Mayo, ci-devant ancien directeur de cabinet de Vital Kamehre à l’assemblée nationale, a bien eu l’air de prêcher pour sa chapelle : les allées de la Cité de l’OUA grouillent de rumeurs sur les prétentions de son mentor à la conduite d’une équipe gouvernementale de transition. Des ambitions qui remontent à la nuit des temps, puisque Vital Kamerhe, on le susurre depuis qu’il occupait le perchoir de la chambre basse du parlement pour le compte de la MP, n’a jamais rêvé que d’être premier ministre de la RD Congo, un jour.
L’homme ne manque pas d’atouts politiques, loin s’en faut. A la tête d’un parti politique relativement bien représenté au parlement, l’élu de Bukavu a réussi le pari de se rendre populaire dans son Sud Kivu natal aussi bien que parmi les jeunes à Kinshasa. On doit à l’ancien speaker de l’assemblée nationale l’organisation des émeutes de janvier 2016 à Kinshasa et à travers un certain nombre d’agglomérations de la RD Congo. Preuve qu’en matière de mobilisation, le candidat malheureux à la présidentielle 2011 (3ème après Joseph Kabila et Etienne Tshisekedi) a su s’y prendre autant que Ya Tshitshi et autres spécialistes nationaux de l’agit pro.
Reste qu’avec Kamehre, la cohabitation avec la majorité au pouvoir, qui est tout de même encore là, pourrait se révéler fort conflictuelle. L’homme a, en effet, eu maille à pâtir avec nombre de ses anciens frères kabilistes, et pourrait se montrer revenchard. Sa candidature devrait effaroucher plus d’un dans les colonnes de la MP.
L’autre candidat sérieux à la primature, c’est le CDR Jean-Lucien Bussa Tongbo. Ancien du Mouvement de Libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba Gombo, l’élu de Budjala dans la province de l’Equateur affiche un profit technique passable, selon les analystes. Sa faiblesse, c’est son poids politique réel : Bussa, ce n’est tout de même qu’un député comme un autre en RD Congo, qui ne compte guère que sa base de Budjala dans la lointaine forêt équatoriale pour faire valoir. Pas assez pour fédérer, lui à qui l’on reproche une suffisance manifeste.
Sammy Badibanga de l’UDPS/Tshisekedi représente donc une carte sérieuse dans course à la primature de la transition électorale à venir. Plus que bien élu dans le district du Mont Amba à Kinshasa sur les listes de l’UDPS, l’honorable Badibanga est le patron du plus grand de l’opposition à l’assemblée nationale, l’UDPS & Alliés, depuis 2012. Certes, avec une kyrielle d’autres élus sur les listes de l’UDPS, Samy Badibanga a désobéi au mot d’ordre du parti les enjoignant de quitter les institutions parlementaires rd congolais en guise de protestation contre les résultats de la présidentielle 2011. Mais il ne semble pas que l’ancien chargé des questions sécuritaires d’Etienne Tshisekdi ait rompu les ponts avec Limete, le siège de l’UDPS. Au dernier meeting du lider Maximo sur le boulevard Triomphal à Kinshasa, Badibanga et beaucoup de ses collègues avaient été aperçus qui plastronnaient en place de privilégies à la tribune érigée pour la circonstance.
Qu’elle le reconnaisse ou pas, l’UDPS/Tshisekedi ne perdrait pas tout si Sammy Badibanga était nommé premier ministre de la transition. « C’est l’autre carte du vieux », assurait au Maximum, lundi 12 septembre 2016, une source proche de la 10ème rue Limete. Avec le président du groupe parlementaire UDPS & Alliés à l’assemblée nationale serait ainsi représentée au plus haut niveau de l’Etat un ressortissant kasaien. Cela ne s’était pas vu depuis des lustres et ne devrait pas déranger tout le monde dans ces contrées tshisekedistes devant l’Eternel.
J.N.