Après la douloureuse parenthèse et l’expérience malheureuse d’une dictature longue de 32 ans, les Congolais ont résolument opté pour la démocratie, en adoptant par referendum une constitution qui en consacre les principes et en s’exprimant par votes plusieurs fois depuis 2006. La démocratie ? Elle suppose un Etat de droit, la garantie des droits fondamentaux, la liberté de la presse et d’opinions, des élections libres et transparentes, la séparation des pouvoirs, la bonne gouvernance, le pluralisme politique … D’où le rôle éminent que sont appelés à jouer les partis et regroupements politiques dans la mise en œuvre effective de ses principes et la consolidation de la démocratie.
Mais, au regard de certaines pratiques et habitudes en contradiction avec les préceptes de la démocratie observées chez certains de nos acteurs politiques et non des moindres, on peut légitimement s’interroger sur la conception qu’ils ont de la démocratie.
Alors qu’ils jurent la main sur le cœur à chaque sortie médiatique vouloir le plus grand bien à notre pays, ils ne se privent, dans le même temps, de sacrifier sur l’autel de leurs ambitions égoïstes même les institutions les plus fondamentales et pour ainsi dire sacrées comme l’école.
A la lecture des tracts diffusés le 23 août et le 3 septembre 2016 par l’opposition politique, précisément la frange de cette classe politique rangée sous la bannière du Rassemblement des forces acquises au changement pour appeler la population congolaise en général et kinoise en particulier à une journée « ville morte » et à « une journée sans école », se dégage un constant peu flatteur :
– l’usurpation des titres et attributions par le leader de cette plate-forme que les tracts affublent du surnom de « Mbula Matadi » ;
– une négation totale de la volonté et de la liberté des individus traduite par des injonctions comminatoires comme « Moto nionso avanda na ndako » (Tout le monde reste chez lui). ;
– le non-respect de la libre entreprise par l’imposition de décisions d’autorité même aux entreprises du secteur privé ;
– les mensonges quant aux objectifs du Dialogue politique présenté comme une grande messe pour accorder un mandat supplémentaire de 5 ans à Joseph Kabila ;
– la prise en otage du dernier sanctuaire que constitue l’école dans notre pays.
Ces tracts qui portent une atteinte grave aux libertés fondamentales que sont la liberté d’aller et de venir, la liberté personnelle, la liberté de conscience, ont heurté et choqué la majorité des citoyens de la RD Congo.
Ceux des compatriotes qui se laissaient encore abuser naïvement par ces véritables vendeurs d’illusions que sont la plupart des acteurs politiques lorsqu’ils sont en quête de pouvoir devraient y réfléchir plusieurs fois avant de suivre ces personnages qui ne s’offusquent même plus de souhaiter la pire des choses qui peuvent arriver à nos enfants.
Paul KASONGO
Correspondance particulière