Ça éclate, ça s’atomise de partout dans les partis et regroupements politiques de l’opposition RD Congolaise. Dernière en date de ces esclandres : l’auto éjection (la formule est à la mode) de l’UNC de Vital Kamerhe du secrétaire général et de son adjoint. Ce franchissement du Rubicon n’a pas surpris grand’monde, tant il était attendu depuis des lustres, lorsque les deux lascars ont pris part, intuitu personnae, au conclave katumbiste de Genval en Belgique. Le 30 août 2016, Jean-Bertrand Ewanga, jusque-là secrétaire général du parti politique de Vital Kamerhe, rendait publique sa démission, de ses fonctions seulement, assurait-il. Quelque 72 heures plus tard, André-Claudel Lubaya, son adjoint, annonçait sur les réseaux sociaux avoir adressé une lettre démission au président de l’UNC qui préside depuis jeudi 1er septembre dernier la délégation de l’opposition au dialogue politique inclusif. Les deux compères auraient voulu déstabiliser le leadership de Kamerhe dans la délégation de l’opposition qu’ils ne s’y seraient pas pris autrement.
L’Unc de kamerhe paie les frais
La participation ou non au dialogue qui se poursuit sans l’opposition katumbiste née à Genval est donc, assurément, la pomme discorde entre Vital Kamerhe et ses désormais anciens collaborateurs. Jean-Bertrand Ewanga et Claudel-André Lubaya n’ont à aucun moment dissimulé leur aversion pour les assises qui se tiennent sous les auspices du Facilitateur international nommé par l’Union Africaine, Edem Kodjo. Le Togolais, on le sait, est devenu la bête noire des genvalistes qui, le week-end dernier encore, réitéraient leur refus de leur voir conduire les travaux de la cité de l’OUA devant le Chef de l’Etat Brazza-Congolais, Denis Sassou Ngouesso. A maintes reprises, et notamment après que Kodjo eût reçu en audience une délégation de son parti politique, Jean-Bertrand Ewanga s’était fendu d’un communiqué aussi unilatéral que tonitruant dénonçant la démarche du Facilitateur international. Sur les réseaux sociaux dont il est particulièrement friand, Claudel-André Lubaya n’a loupé aucune occasion de pourfendre le dialogue politique inclusif, qu’il considère comme une façon d’offrir un nouveau bail au président Joseph Kabila. « Tel que conçu et initié par l’actuel Chef de l’Etat, le dialogue apparaît clairement comme un simple forum de légitimation du glissement … » affichait-il le 31 août dernier sur Facebook. A l’évidence, Ewanga et Lubaya ont été totalement « récupérés » par le camp de Moïse Katumbi que tout le monde sait opposé au dialogue et favorable à une fin de mandature apocalyptique en RD Congo, dans l’espoir puéril de créer les conditions idoines pour ramasser un pouvoir qui serait au plus « liquide » des protagonistes.
La réaction de la direction de l’UNC n’a pas tardé. Dans un communiqué daté du samedi 3 août 2016 au terme d’une réunion de la haute direction du parti et signé par Vital Kamerhe en personne, l’UNC a déploré les prises de position contraires à la ligne du parti des désormais anciens patrons de son administration et constaté leur auto-exclusion. Les deux chevaux de Troie de Katumbi sont donc bel et bien partis et le dossier est clos.
Mais Vital Kamerhe et son UNC ne détiennent pas le monopole des défections-auto-exclusions. Même si elles leur collent à la peau ses derniers jours : la Dynamique pour l’unité d’action de l’opposition, plate-forme à laquelle a appartenu l’élu de Bukavu jusqu’à sa participation aux travaux du dialogue national inclusif, a bruyamment proclamé l’auto-exclusion de Vital Kamerhe il y a peu. Tout comme il y a également peu, Frank Diongo, leader du MLP, un petit parti d’envergure purement symbolique (un seul élu au parlement), montait sur ses grands chevaux contre l’ATD José Makila Sumanda, gouverneur de la province de l’Oubangi, coupable d’avoir pris part aux travaux préparatoires du dialogue à l’Hôtel Béatrice de Kinshasa. Ici aussi, la « sentence » était tombée comme un couperet : auto-exclusion.
Atomisation de la classe politique
Ça se disloque de partout donc, et ce n’est sans doute pas encore fini. Dans sa configuration actuelle, les partis et regroupements politiques de l’opposition sont comme minés de l’intérieur par des Katumbistes infiltrés qui n’attendent que le moment opportun pour claquer la porte ou défenestrer quiconque ne roule pas conformément aux intérêts du ‘big boss’ ex. katangais. Ainsi en est-il de la défenestration de la Dynamique de l’opposition de José Makila, éternel élu de la ville de Gemena qui dispose d’un fief électoral sûr où il a fait élire quelques autres députés nationaux, contrairement à son liquidateur Frank Diongo. Diongo qui ne jure plus que par le richissime président du TP Mazembe est un élu de Kinshasa où, comme chacun le sait, des députés ont arraché des sièges au parlement en rassemblant un ou deux milliers de voix. Il n’ose pas s’aventurer dans son Katako-Kombe natal, au Sankuru. Sa seule force réside dans son ralliement du camp de Katumba il y a quelques mois. Frank Diongo avait été nommément cité parmi les personnalités politiques « achetées » par l’ex gouverneur du Katanga pour quelques dizaines de milliers de dollars US. Aussitôt le pactole empoché, Diongo, de concert avec un autre dirigeant d’un petit parti politique dont il est l’unique élu depuis les scrutins de 2006, Jean-Claude Vuemba, organisaient un meeting dans une des salles – entrepôts de la Fikin, moyennant espèces sonnantes et trébuchantes : leurs « combattants » s’étant illustrés par des disputes autour des frais de participation aussitôt quittés les lieux de la manifestation.
J.N.