En appelant leurs collègues de l’opposition à rejoindre les travaux du dialogue politique inclusif au cours d’un point de presse, mercredi 31 août 2016 à Kinshasa, la frange de l’opposition rd congolaise qui prend part à ces travaux a révélé que dans le fond les préalables et les objectifs poursuivis sont les mêmes. Tous les opposants tiennent à la mise en œuvre de la Résolution 2277 (2016) du Conseil de sécurité des Nations-Unies, au respect de la constitution, et à l’alternance démocratique. Se cabrer contre un dialogue politique souhaité par tous offre une possibilité de règlement pacifique de ces préalables n’a donc pas de sens. Sauf si au-delà de ces préalables, l’opposition au dialogue poursuit des objectifs politiques moins avouables.
Tel semble est le cas, dans les rangs du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement. Les tshisekedistes sur lesquels le milliardaire Katumbi a réussi une OPA rondement menée grâce à la boulimie de l’épouse et du rejeton du vieux leader de l’Udps , comme dans les années ’90, la priorité réside dans ce qu’ils appellent alternance politique, en d’autres mots, le départ sans délai de Joseph Kabila du pouvoir, purement et simplement. Le dialogue leur apparait dangereux ou parce qu’il ouvre la porte à une issue démocratique à la crise à travers l’organisation des élections auxquelles prendraient part, à défaut de Joseph Kabila lui-même, un ou des candidats soutenus par sa puissante machine politique.
Le pouvoir sans élections
Le péché de la Feuille de route adoptée à l’issue des travaux du comité préparatoire au dialogue à l’Hôtel Béatrice de Kinshasa réside dans le fait qu’elle n’évoque pas le départ, sans autre forme de procès, de Joseph Kabila Kabange du pouvoir. Les autres préalables avancés ci et là ne sont qu’un leurre, ainsi que le prouvent les arguments avancés par les opposants partisans de ces assises facilitées par le Togolais Edem Kodjo. Un quotidien proche du G7 et du Rassemblement des forces politiques acquises au changement s’en plaignait au lendemain des travaux de l’Hôtel Béatrice : l’alternance oubliée, lisait-on sur un gros titre le lendemain de l’adoption de la feuille de route du dialogue politique national. Ce n’est pas d’alternance démocratique, c’est-à-dire au terme de scrutins électoraux, que veulent les radicaux de l’opposition. C’est de l’alternance tout court, c’est-à-dire de « dégager » sans aucune procédure le tenant du top job au profit du « plus offrant » dans un aréopage de décideurs désargentés réunis à la faveur du forum. C’est, comme il y a 26 ans sous Mobutu, d’une alternance « ôtes-toi de là que je m’y mettes », qu’il s’agit.
Raccourci anti-démocratique
Naturellement, l’alternance politique prônée par les radicaux de l’opposition n’a rien de démocratique, ni de pacifique, du reste. Elle vise un remplacement par des méthodes éloignées de la démocratie, et ne peut instaurer qu’une dictature kleptocratique pire que tout ce que le pays a connu au cours des 56 ans d’indépendance.
C’est sans doute ainsi qu’il faut comprendre les appels aux troubles et aux violences (villes mortes forcées…), qui ne peuvent accoucher que d’un pouvoir fondé sur la force donc, l’arbitraire. De la démocratie, le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement ne veut sûrement pas.
J.N.