Pour soumettre un Katanga (Shaba) qu’il soupçonne de velléités séparatistes, le président Mobutu conçut le stratagème de construire sur 1.900 Km, une ligne très haute tension courant continu, partant d’Inga pour électrifier la région. En clair, pour ce pan de la RD Congo du Sud-Est, le soleil devrait apparaître à l’ouest. Ça ne pourrait plus n’être que du naguère…
La Zambie et la RD Congo envisagent, en effet, de développer des centrales sur une rivière mitoyenne, la Luapula. Le premier projet devrait commencer en 2017 pour s’achever en 2020. A ce jour, la ligne Inga-Kolwezi ne fournit que 180 MW, alors que 1.000 MW feraient encore défaut pour les industries de transformation minière au Katanga. Et, selon les experts zambiens, une fois achevés, les projets d’énergie communs augmenteront la production énergétique de plus de 1.000 mégawatts. Lusaka pourrait, apprend-on, faire cavalier solitaire si jamais la RD Congo tergiversait. L’on sait que le projet Inga III est en délestage, suite à une divergence de vues entre Kinshasa et la Banque mondiale. Selon le ministre zambien des Mines, de l’Energie et des Eaux, Christopher Yaluma, le projet sera une réalisation historique pour la Zambie car cela permettrait d’améliorer l’agenda de fourniture d’accès universel à l’électricité, en particulier pour ceux qui sont dans les zones rurales. Actuellement, la société ZESCO, l’équivalent zambien de la SNEL, fournit du courant, quelque 100 MW, entre 6 et 20h, au Haut-Katanga. Cette partie du pays dispose pourtant d’un chapelet de centrales dotées d’une puissance assez considérable. Notamment, Nzilo et N’seke, dont la puissance totale disponible est actuellement de 253 MW sur 368 MW installés. Les bailleurs des fonds ont pris l’affaire à bras le corps.
La Banque mondiale et le Banque européenne d’investissements, BEI, auront investi plus de 620 millions de dollars (dons et prêts) dans un ambitieux projet énergétique au Katanga sous couvert de la SNEL. Il s’agit, en pratique, du volet katangais du projet SAPMP relatif à au marché de l’électricité de l’Afrique Australe. Le projet qui devrait formellement prendre fin le 31 décembre 2015, a été prorogé, mais pour des résultats peu convaincants.
Le SAPMP vise, entre autres, la rénovation des postes de conversion et d’inversion à Inga et à Kolwezi pour fiabiliser le système de transport et passer de sa capacité actuelle de 560 MW à 1120 MW. Les travaux sont censés être exécutés par le contractant ABB Suède. Sont notamment concernés les postes courant alternatif de Kolwezi, Fungurume, Panda et Karavia au Katanga. Les travaux ont été confiés à la firme ABB AG. Par ailleurs, la SNEL s’emploie à construire une nouvelle ligne 220 KV allant de Fungurume jusqu’à Kasumbalesa, à la frontière zambienne. Ici, l’objectif est d’augmenter la capacité de transit de 560 MW jusqu’au poste de Luano en Zambie. Les travaux sont, en effet, déjà terminés et ont été exécutés par la firme UTE Elecnor Euro Finca. Autres travaux, la réhabilitation de toutes les lignes haute tension existantes sur le couloir d’exportation allant d’Inga à Kolwezi en HTCC (Haute tension courant continu) et en HTCA (Haute tension courant alternatif) afin qu’elles assouvissent aux besoins de l’exploitation. L’exécution de ce projet a été confiée à la firme indienne Kalpataru. Une autre société indienne, KEC, a elle remporté le marché consistant à fournir et à installer le système de télécommunication par fibre optique comme fil de garde sur toutes les lignes, futures et existantes, allant d’Inga jusqu’à Kasumbalesa. Le courant porteur sur les lignes devrait être réhabilité et servir de secours. Il sied de noter que sur les 48 fibres installées, la SNEL n’utilisera que plus ou moins 5% pour ses besoins d’exploitation et le reste sera commercialisé par un opérateur à recruter. Autres projets inhérents SAPMP au Katanga, l’alimentation en électricité, partant du soutirage à effectuer par ABB, des écoles, des centres de santé, des pompes et l’installation de l’éclairage public.
Pour autant, nombre d’industriels au Grand Katanga, apprend-on, tiennent aux futures centrales de Luapula. Mais des experts se font du souci pour ce projet.
En Afrique Australe, l’influence néfaste du changement climatique se fait aussi observer par la baisse des niveaux d’eau dans le bassin du Zambèze, indique Eric Mbala. Le Katanga n’a pas échappé à cette situation, le même phénomène étant observé depuis 2011 suite à une mauvaise hydraulicité dans le bassin de la Luapula. La Zambie et la RD Congo ont signé un protocole d’entente intergouvernementale pour le développement des centrales communes afin de réduire un déficit d’électricité qui a frappé la région de l’Afrique Australe.
Même la Zambie a connu un déficit énergétique de 560 mégawatts dû aux faibles niveaux d’eau dans ses réservoirs causés par la mauvaise pluviométrie de la saison 2014/2015, une situation qui a forcé la société d’électricité du pays à rationner l’électricité au grand dam du Haut-Katanga.
POLD LEVI