La mutation du Fonds de Promotion de l’Industrie (FPI) en une banque d’affaires fait, en effet, partie des 28 mesures dites urgentes prises par le gouvernement lors du conseil extraordinaire des ministres du 26 janvier 2016. Plus de six mois après, la décision prise en mode « urgence » semble plutôt avoir été renvoyée dans les longs termes. Même au FPI, on n’en fait nullement écho.
Au stand du Fonds de promotion de l’industrie à la FIKIN, Foire internationale de Kinshasa, rien n’informe sur la mutation prochaine du FPI, sinon que des rengaines de toujours; FPI, catalyseur du développement industriel en RD Congo. FPI, pour promouvoir l’essor de l’industrie congolaise par le soutien aux industries existantes, FPI, intégration industrielle en général et en particulier de petites et grandes unités des secteurs industriels et agricoles. FPI, ceci, FPI cela. Et pourtant, le gouvernement veut, à brève échéance, faire du FPI une banque d’investissements devant dès lors, offrir ses services exclusivement aux grandes entreprises, aux institutions publiques et autres financières.
Hélas, point de chronologie jusque-là, quoique dans sa dernière évaluation des fameuses «28 mesures urgentes», le ministre de l’Economie, Bahati Lukwebo, se soit plutôt félicité de son exécution. Avis d’experts, toute mutation du FPI est exclue courant 2016. Le Fonds est d’ailleurs repris, dans le budget de l’Etat, dans sa forme traditionnelle comme compte spécial émergeant du budget général avec des recettes et des dépenses attendues identiques de l’ordre de 134.193.641.429 FC soit environ 135 millions USD.
Par ailleurs, le gouvernement serait allé trop vite en besogne, s’emmêlant les pinceaux même dans la nomination. La première faute du gouvernement est d’abord d’ordre sémantique, fait comprendre Michel Somwe, professeur d’économie, ancien DG de la Banque des crédits agricoles et ex-cadre de la Banque centrale du Congo, BCC, en charge des banques commerciales en difficultés. Si la transformation ne tient qu’au changement de nom, d’appellation, rien n’aura changé. C’est la nouvelle mission que l’on donne à la nouvelle structure qui sera déterminante.
On n’appelle banque que des institutions (qui reçoivent) des dépôts des ménages, des entreprises, qui émettent en contrepartie des comptes bancaires. Une infrastructure financière doit toujours savoir faire la part des choses entre la finance directe et l’intermédiation financière (finance intermediée). Car, il y a ce qu’on appelle des activités bancaires qui relèvent de l’intermédiation financière, il y a des activités financières qui relèvent de la finance directe.
Confusion : liquider ou transformer
Or, dans un pays comme la RD Congo, où il n’y a pas de marché financier, explique Michel Somwe, le terme approprié est plutôt « banque d’affaires ». Le gouvernement a eu tort de se fonder sur l’appellation anglaise «Invetisment Bank» et de le traduire par banque d’investissements en français. Aussi la mutation devra-t-elle aussi inévitablement passer par la liquidation du FPI. Or, la liquidation suppose avant tout l’établissement d’un inventaire des passifs et des actifs du Fonds.
Au 1er janvier 2016, le FPI comptait un effectif de 281 agents dont 74 agents féminins. L’institution financière a, au cours de ces 20 dernières années, soutenu quelque 688 projets. Mais sur terrain, le FPI n’aura été qu’une structure de poursuite de la «zaïrianisation en numéraires». Force est de constater que l’industrie rd-congolaise a plutôt régressé en termes de nombre d’unités de production par rapport aux années 1960-1990. Selon le ministre de l’Industrie, Germain Kambinga, la RD Congo a plutôt perdu 80 % de ses unités de production.
POLD LEVI K. M. Maweja