«En tout état de cause, le 20 décembre 2016, son préavis de trois mois ayant expiré, nous dirons tous au revoir à Monsieur Kabila et nous inaugurons une nouvelle ère, telle que nous le déciderons au cours d’un vrai dialogue politique inclusif politique sans Kabila». L’extrait est du discours papier remis à la presse le 31 janvier 2016 en plein meeting de «Rassemblement», sur le bd Triomphal, publié dans plusieurs journaux pro-Tshisekedi parus mardi 2 août 2016. Pourtant, dans le même discours papier, sont réitérées les «exigences» (sic) du Rassemblement, dont «la transformation du groupe de soutien en panel collégial des facilitateurs», «l’intégration des USA…», ect. C’est à se demander pour quel dialogue et sur base de quelle résolution…
Les choses sont désormais claires : les forces politiques et sociales constituant la plateforme «Rassemblement» ont leur propre lecture de la Résolution 2277 du Conseil de sécurité des Nations Unies, lecture faisant fi des points 7 à 10 relatifs à la situation politique.
Pour rappel, au point 7, le Conseil demande au Gouvernement et «à ses partenaires nationaux », en particulier la Céni, «de veiller à la transparence et à la crédibilité du processus électoral, étant donné qu’il leur incombe au premier chef de créer des conditions propices à la tenue des prochaines élections et notamment d’en faire une priorité, la présidentielle et les législatives étant prévues, conformément à la Constitution, pour novembre 2016».
Au point 8, exhortation est faite au Gouvernement et à toutes les autres parties concernées «à créer les conditions nécessaires pour que le processus électoral soit libre, juste, crédible, ouvert, transparent, pacifique et conforme au calendrier électoral et à la Constitution congolaise, pour qu’il s’accompagne d’un débat politique libre et constructif, et pour que soient assurés la liberté d’opinion et d’expression, la liberté de réunion, un accès équitable aux médias, y compris aux médias d’État, et la sécurité et la liberté de circulation de tous les candidats, ainsi que des observateurs et témoins, des journalistes, des défenseurs des droits de l’homme et des acteurs de la société civile, notamment des femmes».
Au point 9, la Céni est invitée «à publier un calendrier complet révisé couvrant la totalité du cycle électoral», de même que demande est encore faite au Gouvernement «d’élaborer rapidement un budget et un code de conduite pour les élections et d’actualiser les listes électorales en toute régularité afin que les élections puissent se tenir dans les temps, en particulier la présidentielle et les législatives de novembre 2016 prévues par la Constitution…».
Tandis qu’au point 10 est soulignée «l’importance d’un dialogue véritable pour que les élections présidentielle et législatives soient pacifiques, crédibles et conformes à la Constitution», de même qu’est renouvelé l’appui à «la décision prise par l’Union africaine d’engager des consultations sur ce dialogue», pendant qu’il est demandé «instamment à toutes les parties prenantes nationales de coopérer avec l’Union africaine à cet égard». Le secrétaire général de l’Onu est, quant à lui, prié «de fournir un appui politique à ces efforts, conformément à la présente résolution, notamment en usant de ses bons offices».
S’installer confortablement dans le statu quo
En récusant le 24 juillet 2016 le facilitateur Edem Kodjo au motif d’être kabiliste et en se résolvant à organiser «un vrai dialogue politique inclusif sans Kabila» seulement après le 20 décembre 2016, Etienne Tshisekedi et sa plateforme rejettent en réalité la Résolution 2277. D’autant plus que personne de raisonnable ne comprendrait la tenue d’un dialogue avant et d’un autre après l’échéance de décembre, l’un étant de trop !
Le point de vue ainsi exprimé est à prendre au sérieux puisque Moïse Katumbi l’a annoncé dans une interview à «Jeune Afrique», édition n° 2898 du 24 au 30 juillet 2016. «Le Rassemblement dont j’ai fait partie a refusé le dialogue convoqué par le président Kabila. S’il doit y avoir un dialogue, ce sera celui convoqué par le président entrant. M. Kabila y sera aussi convié en tant qu’ancien président», y dit-il.
On sait déjà qu’au lendemain de la clôture du conclave de Bruxelles-Genval, Etienne Tshisekedi s’est autoproclamé «président de la Transition». Dans cette logique, l’autoproclamé président de «Rassemblement» et président de la République n’a que faire des Résolutions des Nations Unies, ni des décisions de l’Union africaine, ni des positions du quartet «Ua-Onu-Ue-Oif», encore moins des exigences relatives au Groupe de soutien et à l’intégration des Etats-Unis. Partant, il fait peu cas des opérations d’identification et d’enrôlement des électeurs démarrées le même 31 juillet 2016 par Gbadolite.
En un mot : dans les trois mois à venir à dater du 19 septembre 2016, Tshisekedi et sa plateforme vont s’installer confortablement dans le statu quo, fort certainement du soutien du parlement belge (à lire la prochaine chronique) et du parlement de l’Union européenne, et probablement de Washington, contraints tous de découvrir à leurs dépens l’art dans lequel a toujours excellé le lider maximo depuis 1960 : celui d’arracher le bras dès qu’on lui tend la main…
A dater donc du 31 juillet 2016, plus d’illusion à se faire : les chances du Dialogue préconisé dans la résolution 2277 et impliquant «Rassemblement» sont réduites. A moins pour les «parrains» de Bruxelles-Genval de parvenir à y ramener les forces politiques et sociales acquises au changement DE LA République et non en République Démocratique du Congo…
Le Maximum avec Omer Nsongo die Lema