En l’espace de 5 jours, la population de Kinshasa la capitale de la RD Congo a été appelée à manifester à trois reprises, pour soutenir l’opposition politique ou la majorité présidentielle au pouvoir. Des gestes d’expression démocratique dont s’est félicité Lambert Mende Omalanga, le porte-parole du gouvernement en place, qui se vante du défi l’équipe gouvernementale s’est lancée de faire fonctionner la démocratie en RD Congo sur les antennes de la Rfi. En plus de la ferveur populaire observée au retour d’Etienne Tshisekedi à Kinshasa le 27 juillet, la majorité présidentielle a tenu un meeting retentissant qui a attiré quelque 200.000 sympathisants au stade Tata Raphaël, selon les organisateurs. 4 jours plus tard, le 31 juillet 2016, l’opposition rangée derrière le même Etienne Tshisekedi a rameuté tout son monde sur le boulevard Triomphal en face du stade des Martyrs de la Pentecôte de Kinshasa.
Nonobstant la guerre des chiffres sur l’affluence aux manifestations politiques publiques organisées à l’initiative des acteurs politiques de l’opposition et de la majorité à Kinshasa, une réalité se dégage sans conteste : tous courent derrière la caution du souverain primaire pour faire avaliser leurs idées. La majorité présidentielle conduite par son secrétaire général, le PPRD Aubin Minaku Ndalandjoko, vantent et vendent les mérites d’un dialogue politique qu’ils estiment incontournable pour baliser la voie à un processus électoral apaisé à la fin du second et dernier mandat de Joseph Kabila, leur autorité morale. Le Rassemblement des forces acquises au changement manifestement piloté par Etienne Tshisekedi tire les draps en faveur du départ du même Joseph Kabila de la présidence à l’échéance des délais constitutionnels, c’est-à-dire, d’ici décembre 2016.
Les fantasmes politiques de l’un et l’autre camp sont admirablement résumés par deux expressions en lingala, la langue parlée à Kinshasa : wumela et yebela. La première veut que Joseph Kabila demeure aux affaires après décembre 2016, conformément à la constitution qui ne prévoit pas de vide juridique au nom du principe de la continuité de l’Etat, entre autres. La seconde prône le vide de la fonction présidentielle au-delà des délais constitutionnels prévus pour l’organisation des élections et le remplacement de Joseph Kabila par un ténor de l’opposition, Etienne Tshisekedi en l’occurrence.
Les débats sur les échéances constitutionnelles se cristallisent on ne peut mieux, donc. Aux dernières nouvelles issues du meeting du Rassemblement à Kinshasa, les opposants confirment la récusation du facilitateur désigné par l’UA pour conduire le dialogue politique auquel la majorité présidentielle se montre favorable. C’est le cul de sac donc. L’un et l’autre camp devraient, dans les semaines et mois à venir, recourir à la rue pour faire montre de leurs influences. Mais cela ne devrait pas suffire, à la longue. Il pourrait s’avérer plus rationnel d’organiser un referendum populaire, carrément, plutôt que des manifestations publiques qui ne permettent pas d’apprécier objectivement le point de vue du souverain primaire.
Didier Okende Wetshi