Le patron de l’Udps prône la démocratisation mais estime qu’un plébiscite vaut mieux qu’une élection ; il veut la participation des jeunes à la démocratie tout en exigeant la convocation d’un électoral sans les mêmes jeunes
Prévu à 10 heures, dimanche 31 juillet 2016, le meeting du Rassemblement des Forces Acquises au Changement sur le terrain vague situé en face du stade des Martyrs de Kinshasa devant une foule estimée à 2.500.000 personnes selon Joseph Olenghankoy, le modérateur du meeting du jour, et seulement quelques dizaines de milliers selon les observateurs étrangers. Après deux ans d’absence du pays en raison de problèmes sanitaires, Etienne Tshisekedi s’adressait aux foules kinoises pour la toute première fois, et le speech était plutôt attendu. Prenant la parole, le président de l’Udps, également président du comité de sages du Rassemblement des forces acquises au changement, a d’abord remercié Dieu pour avoir contribué à l’évolution positive de sa santé, avant de faire observer une minute de silence en mémoire des Congolais décédés, à l’Est du pays et à Kinshasa où ils ont été enterrés à Maluku. Etienne Tshisekedi a ensuite remercié la population kinoise pour l’accueil à l’aéroport de Ndjili le 27 juillet 2016. Les mêmes remerciements ont été adressés aux membres du Rassemblement pour lesquels Etienne Tshisekedi a sollicité les applaudissements de la foule. « Nous sommes un seul corps maintenant », a déclaré Etienne Tshisekedi au sujet du rassemblement des opposants derrière sa personne.
Se référant aux commentaires de certains médias relatifs à l’affluence des combattants à l’aéroport de Ndjili à son retour le 27 juillet 2016, Etienne Tshisekedi a déclaré que les élections n’étaient plus nécessaires parce quel le peuple l’avait plébiscité. La même joie s’est répercutée à l’intérieur du pays, a encore déclaré l’orateur principal du jour au meeting du 31 juillet dernier.
A propos des élections présidentielles, Etienne Tshisekedi a soutenu que c’est lui qui avait remporté celles de 2011, déplorant le fait que trucage dont il a été victime lui ait fait perdre 4 années. Sur le mandat de l’actuel Chef de l’Etat, Joseph Kabila, la constitution stipule qu’il ne peut pas aller au-delà de deux mandats. Par conséquent, il doit abandonner le pouvoir le 19 décembre 2016. La Ceni doit donc impérativement convoquer le corps électoral pour l’élection du Président de la République au plus tard le 19 septembre 2016 si elle ne veut pas exposer le Président de la République en place à l’infraction de haute trahison. Au regard de la constitution, le 19 septembre 2016 marque le début du préavis du bail de Joseph Kabila
En rapport à la fin du second mandat de Joseph Kabila, Etienne Tshisekedi a déclaré que point n’est besoin de compter sur l’intervention de la communauté internationale, qui ne doit plus s’occuper des affaires congolaises, pour la sanctionner. C’est le peuple qui doit se prendre en charge, se mettre debout dès que le signal sera donné.
Le président de l’Udps et du comité des sages du Rassemblement des forces acquises au changement a indiqué, au sujet du dialogue politique, qu’il était favorable au format de la Résolution 2277 du Conseil de sécurité de l’ONU, et affirmé que les problèmes qui entravent le lancement des travaux pourraient se résoudre progressivement. Tout en soulignant que le dialogue ne doit pas se tenir sous la facilitation d’Edem Kodjo, un kabiliste à qui le Rassemblement a retiré sa confiance. Etienne Tshisekedi a demandé à l’Union Africaine de proposer un autre facilitateur qui bénéficiera de la confiance des parties en présence, et réitéré les conditions posées par le Rassemblement avant de prendre part au dialogue, notamment, la libération des prisonniers politiques (dont la liste a été transmise à la facilitation), l’accès aux médias publics.
Etienne Tshisekedi a aussi accusé le pouvoir d’inventer des infractions dans le but de nuire aux opposants, dont Moïse Katumbi, sur lesquels il exige l’abandon des poursuites.
Rappelant l’idéologie pacifiste de l’Udps, Tshisekedi a rappelé les principes de la non-violence qui guident l’action de son parti, tout en rappelant que des instruments juridiques de l’ONU stipulent que tout Président de la République qui tue sa population sera mis aux arrêts par le TPI (sic !).
Compte tenu du nombre important des jeunes en RD Congo, ils doivent participer à la démocratie, a encore déclaré le président de l’Udps. Avant d’expliquer que la flambée du taux du dollar sur le marché est tributaire de la mauvaise gouvernance du pays. Plus on vole, plus le dollar prend l’ascenseur, a-t-il expliqué.
Au chapitre de la sécurité, le président de l’Udps et du conseil des sages du Rassemblement des forces acquises au changement a souligné que l’armée et la police nationales et au service du peuple. Elles ne doivent pas être acquises à la cause d’un individu.
Pour Etienne Tshisekedi, l’apport de la diaspora dans la vie du pays est significatif, mais l’insécurité qui sévit au pays ne permet pas aux étrangers d’investir en RD Congo. Situation à laquelle la démocratisation pourra remédier. Avec la démocratisation, les choses vont changer, a conclu Etienne Tshisekedi après une prestation de quelque 40 minutes. Ci-attaché, le discours en lingala du président de l’UDPS.
Didier Okende Wetshi
Discours de Tshisekedi