Veut-on vraiment doter la République Démocratique du Congo d’une société aérienne digne du grand Congo ? Cette question, on se la pose déjà au sein de Congo Airways où le doute semble s’installer. Sept mois seulement après le lancement du vol inaugural de la nouvelle compagnie nationale d’aviation en octobre 2015, son ancien directeur général a été remercié. Tandis que le directeur général adjoint, un sujet de nationalité française, a gardé son poste.
On s’en souvient, pourtant, peu de temps après ce changement, l’actuel directeur général a été présenté comme un étranger par une certaine presse. Allez y comprendre quelque chose de plus qu’une anguille sous roche. « Car, le combat semble se dérouler sur le terrain médiatique », reconnait-on au sein de Congo Airways où l’on considérait le DG sortant comme l’homme grâce à qui la société s’est procurée des coucous propres à elle battant en brèche, notamment, le projet de leasing des aéronefs de 1988 négocié en RSA sur proposition d’Air France ainsi que des avions attendus d’un Jordanien non autrement qualifié.
A tout hasard, le rejet de cette transaction a coïncidé avec la vente d’une dizaine d’avions par la société italienne Alitalia qui venait de trouver un nouveau partenaire. Mais, le projet relatif à l’achat d’avions a sérieusement mécontenté certains cercles à Kinshasa, si bien qu’à l’arrivée des coucous, certains ont piqué une sainte colère. Maillet, le DGA, est le responsable dirigeant de Congo-Airways. A ce titre, plusieurs pouvoirs lui ont été délégués. Car, il serait outillé dans le domaine. Et, il a affiché son ras-le-bol en multipliant des réclamations.
Les agitations d’un directeur général adjoint
C’est le DGA qui gère les dossiers relatifs à la maintenance, aux engagements, à la sortie des fonds… C’est également lui qui aurait négocié le dossier ayant trait au carburant auprès de la société Engen. Cette dernière, une compagnie française, n’étant pas représentée partout en RDC, il a fallu un autre contrat pour pallier à ses carences. D’où, la négociation d’un second contrat auprès de Total avec une différence de 0,002 cents entre le deux engagements. Une différence négligeable somme toute, mais qui devrait être harmonisée à la longue. D’autre part, les factures de carburant sont payées non pas de manière forfaitaire mais suivant la consommation.
Un contrôle parlementaire ferait bon ménage
Par conséquent, le montant des factures de carburant ne doit pas être fixé. Mais, il découle que la consommation réelle rétrécit la marge à toute surfacturation. Car, seules les sociétés Engen et Total établissent les factures sur fonds des quantités servies à la société aérienne. En d’autres termes, seul le fournisseur de carburant peut se livrer à pareilles pratiques non sans risques. D’où la nécessité d’une enquête parlementaire auprès de Congo-Airways, Engen et Total pour vérifier ces allégations. Ce contrôle parlementaire constituerait en même temps une sorte d’état des lieux pour éviter toute peau de banane ou d’avocat au nouveau patron de la compagnie aérienne nationale.
Les RD Congolais veulent avoir une compagnie aérienne nationale à la taille de leur pays. Pour eux, il n’est pas question de sacrifier ce projet salvateur et élogieux du Chef de l’Etat, Joseph Kabila Kabange, à l’autel des intérêts partisans. Car, si l’on ne prête pas attention, c’est à ce genre d’accusations que le nouveau directeur général du Congo-Airways, déjà présenté comme un expatrié par une certaine presse à sensation, apprendra à faire face du fait des manigances des tireurs des ficelles de tous acabits.
D’après une recherche sur Internet, aux USA, pour un mois, un Airbus A-320 effectuant deux heures de vol par jour consomme en moyenne 300.000 Usd le mois. Or, il se trouve qu’en République Démocratique du Congo, le coût de carburant est plus élevé qu’aux USA. Entretemps, le DG sortant aurait recommandé une évaluation des factures de carburant pour connaître la quantité réelle de kérosène consommée par la jeune compagnie aérienne. « C’était pour voir s’il y a correspondance entre les chiffres et la quantité réellement consommée », rapporte-t-on. Mais, cette recommandation se serait heurtée à la résistance de Monsieur le DGA.
Des chiffres éloquents et indélébiles
L’on signale également que plus de 100.000 USD sont dépensés chaque dix jours au profit du service de Catering, en raison de plus de 300.000 USD par mois. D’où cet audit initié pour tirer les choses au clair. Comme partout ailleurs, l’auditeur n’a pas eu une tâche facile pour effectuer ce travail. En ce qui concerne le salon d’honneur, la proposition portant signature d’un contrat par tête de voyageur, a été foulée au pied.
Brandissant la liste des passagers de la classe business obtenue auprès du directeur commercial, qui assume en même temps les fonctions de Président du Comité de liquidation des LAC, Lignes aériennes congolaises, le responsable dirigeant voulait faire observer chaque fois que le Salon Divos avec lequel il a signé un contrat était sollicité. Or, que non ! « Trop à dire en dépit du silence coupable ou complice du Conseil d’administration de Congo Airways », regrette-t-on au sein de cette jeune entreprise aérienne appelée à redorer l’image du Grand Congo-Démocratique au cœur de l’Afrique.
En ce qui concerne la Régie des voies aériennes (RVA), l’on apprend que les factures y relatives sont payées régulièrement au-fur-et-à-mesure qu’elles atterrissent auprès de Congo Airways. Et, le paiement se fait en transférant l’argent aux comptes de la RVA Lubumbashi, Kindu, Kisangani, Bukavu…
Quant au dossier Internet, il y a lieu de noter que plusieurs problèmes surviennent dans l’utilisation de l’autoroute de l’information faute de connexion par câbles. Par la volonté du DGA, responsable dirigeant, la compagnie aérienne recourt au wifi plutôt qu’aux câbles. Là aussi, il se constate de la lourdeur dans le traitement de certains dossiers dans la meure où des coupures d’internet sont légions.
P. A. LEVI