En territoire de Beni, dans le Grand Nord Nande, les massacres de civils innocents a décuplé d’ampleur, et d’atrocité. Le dernier de ces épisodes macabres a été perpétré dans la nuit de mardi à mercredi 12 mai 2016 à Mapiki et Sabu, deux villages de Beni-Mbau situés au nord-ouest de la ville de Beni. Au moins 20 personnes ont été littéralement achevées à la machette et à la hache. Ce qui porte à environ 100 le nombre de personnes tuées dans cette partie de la RD Congo depuis le début de l’année 2016, selon des sources concordantes.
Les tueries de Beni-Territoire sont attribuées aux rebelles Ougandais de l’ADF, défaits militairement depuis plus d’un an par les Fardc associées aux troupes de la Monusco, se sont réorganisés et opèrent désormais en bandes éparses difficilement maîtrisables et s’en prennent aux civils désarmés. Mais de plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer la participation de fils de la région de Beni aux tueries déplorées : les seuls ADF ne peuvent pas ainsi sévir dans les encablures de la ville ultra protégée de Beni. Des éléments des milices locales au service d’acteurs politiques locaux sont mis à contribution et opèrent au nom ou avec des rebelles Ougandais, assurent des sources crédibles et des rapports d’experts. L’engagement direct du RCD-K-ML Antipas Mbusa Nyamuisi qui a longtemps entretenu un mouvement rebelle et des milices mai-mai dans la région, est de plus en plus évoqué. Nombre de tueurs qui agissent sous le couvert des ADF seraient en réalité ses anciens miliciens qui poursuivent une mission de déstabilisation de la RD Congo à partir des territoires Nande du Nord-Kivu.
La recrudescence des atrocités à Beni s’inscrit ainsi dans le cadre d’une politique d’embrasement général du pays afin de renverser le pouvoir en place, à terme. Les analystes rappellent à cet égard l’action menée par des lobbies occidentaux depuis plusieurs mois. Comme ce recrutement de dizaines d’acteurs politiques de l’opposition politique en RD Congo, qui ont été initiés aux techniques insurrectionnelles à l’île de Gorée au Sénégal. Au terme de la formation, un plan de déstabilisation générale de la RD Congo a été conçu qui répartit et assigne des tâches précises aux différentes têtes d’affiche de l’opposition selon leurs zones d’influences (ethniques) politiques sur le territoire national.
Il apparaît aujourd’hui que Moïse Katumbi, par exemple, avait été chargé de mettre l’ex-Katanga en ébullition ; l’Ecidé Martin Fayulu et compagnie devaient semer la pagaille à l’Ouest ; et Mbusa Nyamuisi à l’Est. Une répartition qui épouse de manière troublante les « points chauds » (ou devrait-on dire délibérément chauffés) actuels à travers le pays. L’ancien gouverneur de l’ex. province du Katanga, Moïse Katumbi, joue une partition d’agit pro à Lubumbashi ; Martin Fayulu Madidi tente de semer le trouble dans son Bandundu natal, pourtant si pacifique depuis la guerre de libération de 1996-1997.
La recrudescence des tueries et atrocités à Beni n’est pas sans épouser les contours de ce plan d’embrasement généralisé. Au séminaire de l’île de Gorée, Antipas Mbusa Nyamuisi, et le pasteur Mukungubila, auteur de plusieurs tentatives d’insurrection à Kinshasa, à Kindu et à Lubumbashi, avaient été spécialement chargés de la planification et du suivi des activités insurrectionnelles sur terrain, rapportent des sources parmi les participants. (…) Mbusa aurait renseigné les participants sur son “expérience ” dans l’Est et plus particulièrement aux confins du Grand nord – pays Nande – et de l’ex-Province orientale où opèreraient des milices transformées en LRA ou ADF locaux. (…) Des participants à la rencontre de l’Ile de Gorée confient que Antipas Mbusa Nyamwisi aurait soutenu que si l’expérience en cours dans son ” fief ” pouvait être étendue sur tout le territoire national, on arriverait facilement à déstabiliser les institutions et donc le pouvoir en place.
Les analystes contactés par Le Maximum ne sont pas les seuls à pointer un doigt dénonciateur sur l’ancien roitelet de Beni. Samedi 23 janvier 2016, la radio onusienne Okapi rapportait que « plusieurs notables du territoire de Beni confirment l’existence d’une collaboration entre les rebelles ougandais des ADF et «certains fils et filles» de Beni pour planifier des attaques dans la région. «Les participants à ce séminaire, dont les notables de Beni-Mbau et ceux du secteur Ruwenzori, ont affirmé avoir identifié les collaborateurs et complices locaux des ADF à Beni ainsi que certains réseaux financiers de la région qui alimentent ces jeunes», avait indiqué Omar Kavota, président du CEPADHO, une Ong locale.
Maîtrisant très bien l’Est du pays et, plus particulièrement, sa propre province du Nord-Kivu, Mbusa Nyamuisi semble avoir été chargé de la mise en exécution de la nouvelle forme de rébellion qui sévit dans son Beni natal. Le modus operandi des tueurs correspond aux les méthodes de guérilla déjà utilisées à l’époque par la rébellion de Mbusa. En effet, dotée d’un nombre réduit d’effectifs, Mbusa avait choisi la méthode terroriste pour dissuader ses ennemis et soumettre les habitants du territoire qu’il occupait. Un de ses « généraux » n’arborait-il pas un crâne humain sur le carter de sa jeep 4×4 qui circulait à Beni, capitale du territoire alors sous contrôle de sa rébellion ?
Puisqu’aujourd’hui les FARDC sont au front contre les tueurs de Beni, une action devra être menée pour démanteler le réseau mis en place par Mbusa Nyamuisi avec le concours des lobbies étrangers.
LE MAXIMUM AVEC Pascal Debré Mpoko