Il vole déjà en petits morceaux, le tapis posé sur la passerelle de la 7ème rue, place commerciale Limete. Il y a à peine quelques semaines, un jeune turc présumé ingénieur du groupe Zenit s’était déjà employé à recoller les lambeaux de tapis qui avait cédé quelques jours seulement après l’ouverture de la passerelle au public. Echec. Les passerelles du boulevard Lumumba ont coûté plus de 13 millions de dollars à l’Etat rd congolais.
Nombre des passants font, par ailleurs, remarquer que le tapis sur la partie centrale de la passerelle, juste au-dessus de la voie routière, accuse aussi des signes de désintégration. Les inquiétudes soulevées par le gouvernement pour justifier la construction des passerelles reviennent donc en pleine face : le risque d’une chute, donc d’un accident, est redouté par les passants. Selon les statistiques de la Commission nationale de prévention routière, CNPR, qui remontent à 2013, sur une moyenne de 617 accidents l’an, le boulevard Lumumba – qui relie le centre-ville de Kinshasa à la partie Est dont l’aéroport de N’djili – tient la tête du peloton macabre. Il est aussi vrai que traverser cette artère relève de l’exploit olympique. Et d’après l’Agence congolaise des grands travaux, ACGT, l’emprise minimale actuelle du boulevard Lumumba est de 36, 60 m. La construction des passerelles sur le boulevard Lumumba aura le mérite de rendre la traversée moins dangereuse. Les zones d’implantation des passerelles, sont, on le sait, outre la 7ème rue Place commerciale, la Ière Rue non loin de Saint Raphaël, la 13 ème Rue Limite, De bonhomme, Marché de la Liberté, Kingasani Pascal et Kingasani ya Suka. L’exécution des travaux a été confiée à l’entreprise Zenit Group Sarl, sélectionnée à l’issue d’un processus d’appel d’offres restreint qui remonte au 7 novembre 2013. Le contrat sera signé le 27 avril 2014 et approuvé par le Premier Ministre Matata, agissant en sa qualité d’autorité approbatrice, après avis de non objection de la Direction Générale de Contrôle des Marchés Publics.
Le coût global des travaux, financés par le Trésor public, est de 13.573.743 ,73 dollars américains, soit 1.939.106,39 USD par passerelle. De ce montant, 486.866 USD sont affectés aux travaux des escaliers et des rampes en béton armé. Et quelque 247.957, 80 USD pour la fondation de la passerelle. Mais il y a aussi cette rubrique qui suscite questionnements, les frais divers qui engloutissent pour chaque passerelle 238.135, 85 dollars. Cette somme multipliée par 7 donne plus de 1.600 million de dollars, plus précisément 1.666.950,95 dollars. Selon une note de l’Agence congolaise des grands travaux, les frais divers se rapportent, notamment à la gestion du projet et aux autres actions socio-environnementales. Et pour se garantir de la qualité des passerelles, l’Agence congolaise des grands travaux a fait savoir que « pour le contrôle et la surveillance des travaux, étant donné la particularité de cette structure métallique, le personnel en charge du contrôle a suivi une formation sur la démarche qualité pour s’assurer de la caractérisation mécanique des matériaux durant toutes les étapes de la mise en œuvre. Aussi, afin d’assurer que l’exécution du marché sera menée à bonne fin, l’entreprise a été tenue à une garantie de bonne exécution de 5% et à une garantie particulière de 2%». Force est de constater que non seulement l’AGCT n’a jamais rendu public les noms des « experts » censés contrôler l’exécution de travaux de construction des passerelles mais ces fameux « contrôleurs » n’ont jamais été aperçus sur terrain. Selon les experts de chez Médard Ilunga, les caractéristiques principales de la passerelle sont de 546, 10 m3 de béton armé pour fondation, 442, 38 m3 de béton et béton armé pour rampes et escaliers, 76, 630 t d’aciers inoxydables S400 pour la structure portante en arc, 9, 42 t de tablier métallique en acier inox, 7,5T d’acier inox pour gardes corps,1.400 m² de plexiglas latéral (10,00 mm d’épaisseur), tenus par 3,752T d’acier inox, 1.680 m² de plexiglas pour la couverture, tenus par 0,960T d’acier inox. Au total par passerelle, 98, 262T d’aciers inox et 988,48 m3 de béton. La hauteur libre sous passerelle est de 5m, celle de la structure portante en arc est de 16m. Zenit rassure quant à la prise en compte du comportement dynamique et de la stabilité aéro-élastique de la structure dans la conception. Tout a-t-il été fait comme convenu ? That’s the question.
POLD LEVI