Les opposants tiennent meetings ce week-end, en principe. A commencer par l’UDPS/Tshisekedi qui a convoqué ses combattants au siège du parti à Limete. Le rendez-vous coïncide, presque, avec la date anniversaire de la démocratisation mobutiste, le 24 avril 1994. On ne peut que s’étonner que le parti politique d’Etienne Tshisekedi, dont la création du parti remonte à plus avant avec la fameuse lettre des 13 parlementaires adressée au Maréchal, commémore ce qui a toujours été considéré comme un non-événement parce qu’il attribue la paternité de la démocratisation au vieux dictateur. Mais c’est depuis belle lurette que Etienne Tshisekedi et les siens ne brillent pas nécessairement par la rationalité de leurs raisonnements politiques. Il en aurait été autrement que cela fait une vingtaine d’années qu’ils auraient accédé au pouvoir d’Etat derrière lequel ils courent depuis quelques décennies.
Il faut donc chercher ailleurs les motivations qui sous-tendent le meeting de samedi prochain. Pas très loin, dans la mesure où l’on sait que le dialogue préconisé par le gourou de Limete avait atteint le point de non-retour avec la désignation Togolais Edem Kodjo comme facilitateur par l’Union Africaine. Le 14 avril 2016, l’UDPS et son leader avait pris acte de la désignation et des mandataires ont été désignés. Pour bloquer l’affaire avec des conditionnalités irréalisables, comme de coutume dans ce parti politique. L’UDPS ayant revendiqué les 12 places réservées à l’opposition politique pour elle seule, entre autres.
Le meeting de samedi à Limete devrait donc permettre aux responsables kinois du parti de s’expliquer sur l’acceptation d’un dialogue politique boudé par une grande partie de l’opposition. Mais sans doute aussi, en réalité, de se jauger et de tenter de réaffirmer la place de leader de l’opposition en réveillant l’ardeur des combattants.
L’autre meeting du week-end est convoqué par la Dynamique de l’opposition entre les boulevards Triomphal et l’avenue de l’Enseignement dans la commune de Lingwala. Ici, la chanson est connue : non au dialogue, respect des délais constitutionnels qui imposent la tenue des élections au plus tard en novembre prochain, ainsi qu’une litanie de problèmes sociaux des kinois depuis les années Mobutu.
Les deux camps de l’opposition partagent, néanmoins, un point commun, le départ du président de la République en fonction après novembre prochain. Et l’organisation d’une nouvelle transition ou d’un intérim présidentiel que la constitution ne prévoit nulle part. Sont du même avis, même s’ils ne font pas meeting à Kinshasa, les dirigeants du G7 de Moïse Katumbi, qui, eux aussi, ne jurent que un interim à la fonction présidentielle à la fin de l’année en cours.
Ce que les uns et les autres ne disent pas à leurs sympathisants, c’est que la constitution qu’ils prétendent défendent contient une incise (un alinéa) à l’article 70 qui stipule que le président de la République en fonction reste en place jusqu’à l’élection d’un autre président. Une incise que la RD Congo doit à l’assemblée nationale de la transition dirigée par Olivier Kamitatu, et dont le président de la commission PAJ n’était autre qu’un certain Charles Mwando Nsimba. La raison invoquée à l’époque pour faire adopter quasiment sans débats l’alinéa problématisé aujourd’hui était qu’il fallait éviter un vide juridique au sommet de l’Etat.
Ce sont les mêmes, quasiment, qui vont en guerre contre un texte qu’ils avaient sagement inspirés.
J.N.