Le climat est délétère au ministère des Affaires étrangères. En toile de fond, l’administration Centrale n’assume pas ses responsabilités, (elle ne marche pas) et l’arrêt fatal de la rotation diplomatique. La conséquence : plusieurs diplomates qui étaient en Occident, par instinct de survie, ont soit changé de nationalité, ou acquis le statut de réfugié ou de résident. Ceux qui étaient en dehors de l’Espace Schengen, ont envoyé leurs familles en Occident. D’où l’appel adressé au ministre des Affaires étrangères de mettre de l’ordre dans la barque en appliquant strictement les dispositions des conventions internationales, les lois et les circulaires internes du ministère.
Dans une correspondance adressée au Secrétaire général aux affaires étrangères parvenue au Maximum, Banza Ngoy Katumwe, Directeur national du Protocole d’Etat, (8 janvier 2016), estime que la situation est grave. Selon l‘esprit de cette correspondance, lorsqu’en 1992, le Gouvernement n’était plus en mesure de prendre en charge ses diplomates à l’étranger, par instinct de survie, plusieurs d’entre eux qui étaient affectés en Occident avaient, soit, changé de nationalité, soit acquis le statut de réfugié ou de résident.
En dehors de l’espace Schengen, c’est-à-dire de l’Asie, de l’Amérique Latine et d’Afrique, les diplomates rd congolais ont envoyé leurs familles en Occident où la plupart ont obtenu le statut de réfugié politique. Avec eux, des responsables qui ont assumé des hautes fonctions au ministère des Affaires étrangères. Malgré cette situation, tous les ministres qui se sont succédés aux Affaires étrangères, de 1992-1997, ont continué à affecter les diplomates obligés de se prendre en charge pour rejoindre leur poste.
C’est compte tenu de cet arrêt fatal de la rotation diplomatique et au regard des dettes accumulées vis-à-vis des Etats et des tiers, que les Etats de l’Union Européenne ainsi que les Etats-Unis d’Amérique et le Canada avaient décidé de refuser les nouvelles accréditations de diplomates rd congolais.
Le 17 mai 1997, la 2ème République renversée, un dégel est intervenu, les Etats de l’UE, les USA et le Canada, ont accordé un sursis au nouveau pouvoir pensant que les nouvelles autorités régulariseraient la situation.
Quelques affectations ont pu s’effectuer sans heurts. Mais très vite, les Etats accréditaires se sont rendus compte que le mouvement des diplomates ne s’était débloqué que dans le sens des affectations. Aucun rappel n’avait, en réalité, été effectué. Ainsi fut l’usage consistant à vérifier préalablement si le diplomate affecté remplaçait un ancien ou s’il s’agissait de la création d’un nouveau poste.
Au lieu d’initier un mouvement global du personnel diplomatique, la RD Congo s’est contentée de permuter, de telle sorte qu’aujourd’hui des diplomates qui réalisent un record impressionnant de longévité en poste. Plusieurs parmi eux totalisent quarante ans en poste sans que leurs ordres de mutation ne soient renouvelés. D’autres encore sont en poste sans accréditation. Ce qui donne à nos partenaires l’impression que la RDC ne maitrise pas les us et coutumes diplomatiques, selon la correspondance de Banza Ngoy. A titre exemplatif, le document renseigne que le Canada n’accepte la nomination d’un Ambassadeur mais pas des diplomates ; en Suisse, seul l’ambassadeur peut y vivre avec sa famille.
Suggestions
D’où : la nécessité d’une évaluation, des créances vis-à-vis des Etats et des tiers ainsi que des possibilités de s’en acquitter ; de radier du corps des diplomates tous ceux qui ont changé de nationalité, ont obtenu le statut résident ou acquis le statut de réfugié politique et de tous ceux qui assument les postes de commandement à le Centrale et en poste diplomatique dont les familles sont des réfugiés politiques ou des résidents.
Banza Ngoy révèle : Rappelé du Bénin où il était le Chargé d’affaires de l’ambassade de la RD Congo, l’intéressé refuse d’obtempérer et s’installe dans ce pays où il avait déjà obtenu la nationalité. Le directeur chef de service affecté pour le remplacer ne fait pas mieux, parce qu’il détourne une somme énorme avant de se réfugier au Canada où son épouse avait, elle, obtenu la nationalité. A Ndjamena, au Tchad, le Chargé d’affaire qui s’était rendu coupable de détournement (1 million USD) s’est, lui carrément réfugié en Europe où il coule des jours fastes.
Au regard de ces cas, il est clair que l’Administration Centrale n’assume pas ses responsabilités, les coupables des actes répréhensibles n’ayant jamais été inquiétés. Il y a donc lieu d’imposer de l’ordre dans la baraque en appliquant strictement les dispositions des Conventions internationales, les Lois nationales et les Circulaires internes du Ministère, selon la correspondance de M. Banza.
R.M.