Le consortium chinois Huawei s’est engagé à financer, avec une enveloppe d’environ 110 millions de dollars, soit 100 milliards de FC, l’informatisation et la télécommunication au sein des administrations financières en RD Congo. Une véritable bouffée d’oxygène pour le gouvernement rd congolais qui, en dépit de l’injection de 50 millions de dollars sur le marché, peine à stabiliser le taux de change de FC face au dollar US.
Il se sera donc effondré tel un château de sable, le cadre macroéconomique cher à Matata Ponyo, le premier des ministres de la RD Congo. Alors que le taux de change à fin 2016 était projeté à 939 FC/$, il caracole actuellement à plus de 960FC/ $. Le taux d’inflation moyen fixé à 3,4% se fonde en réalité sur 7 marchés de Kinshasa. Sa crédibilité demeure sujette à caution. En février 2016, les réserves de change de la RDC n’étaient plus que d’un petit 1.32 milliard de dollars couvrant juste 1,35 semaine d’importations des biens et services contre la moyenne SADC de 12 semaines. Sans doute que ces réserves se seront davantage érodées, ces dernières semaines. Avis d’experts, l’offre en dollar demeure largement insuffisante par rapport à la demande. La situation remonterait, en effet, à fin décembre 2015, lorsque le taux de change «réel » s’est établi à 936 FC/$ alors que la Banque Centrale du Congo, BCC, le fixait à tort à 927 FC/$. Le dollar américain reste, en effet, la monnaie de référence sur le marché des changes : 87% des transactions s’effectuent, en effet en dollar, contre près de 13% en Franc congolais. Et 86% des comptes bancaires sont libellés en monnaie étrangère. Principale pourvoyeuse des recettes de l’Etat en devises, les mines font, on le sait, grises mines. Tout comme le pétrole. Mais la RDC peut encore compter sur les télécommunications.
Pour la Banque Mondiale, la RDC pourrait réaliser un excédent dans le commerce des biens mais connaîtrait également un déficit dans le commerce des services, selon le dernier rapport sur l’économie de la RDC.
La même tendance est confirmée par le service du cadrage macroéconomique du ministère du Budget qui confirment plutôt l’essor du secteur tertiaire emmené par les transports et les télécoms dont l’apport au PIB réel de la RDC est projeté pour 4% en 2016 et 2017 contre moins de 1% au secteur secondaire (industries alimentaires, bâtiments…). Pour le gouverneur de la BCC, c’est principalement dans le secteur des matières premières que l’impact de ces effets a été le plus significatif avec l’arrêt de la production de certaines entreprises minières.
Le secteur tertiaire rassure.
Toutefois, selon le gouverneur de la Banque Centrale du Congo, Déogratias Mutombo, la croissance économique de la RDC restera soutenue par le secteur primaire, en dépit de sa contribution de 3,4% au Produit intérieur brut (PIB) en 2015 contre une prévision de plus de 4%. «Le secteur tertiaire est venu en seconde position avec une contribution de 3,1% grâce au dynamisme des activités des commerces, de transports et télécommunication alors que le secteur secondaire, lui, sa contribution reste très marginale au produit intérieur brut», a poursuivi le gouverneur de la BCC.
Le taux de croissance économique en RDC a connu un recul de 1,8% en 2015, s’établissant à 7,7% contre 9,5% en 2014. «L’économie congolaise à l’instar d’autres pays africains a ressenti les effets néfastes de la conjoncture difficile. L’année 2015 aura été particulièrement une année difficile sur le plan économique», a reconnu le Gouv de la BCC.
Déficit après déficit.
En 2014, déjà, le solde des échanges des biens de la RDC a enregistré un excédent de 3,4% du PIB contre 3% en 2013. L’amélioration de l’excédent du commerce des biens reflète l’augmentation des exportations des produits miniers alors que les investissements des
années précédentes atteignent la phase de production. Les exportations des biens ont, en effet, augmenté de 12% tandis que les importations des biens ont augmenté de 11%. Les exportations d’or ont fortement augmenté passant de 184 millions de dollars en 2013 à 816,2 millions de dollars en 2014. Au premier semestre 2015, quelque 16.015 kg d’or ont été exportés pour une valeur de 479 millions de dollars. 40.752 t de cobalt ont été produits pour une valeur de 1.223 millions de dollars. 6314 t de zinc pour une valeur juste de 11 millions de dollars. Pour ce qui est du diamant, 7.290 carats ont été exportés pour 109 millions de dollars, quant à l’or, les 16.015 kg d’or ont donné 479 millions de dollars. Pour le coltan autant que pour la cassitérite, aucune traçabilité ni du volume des productions ni des recettes réalisées. Il sied de rappeler qu’en 2014, la production officielle du coltan en RDC était de 1.217 t mais jamais l’Etat n’a pu en déterminer la valeur. In globo, au premier semestre 2015, les recettes d’exportations des matières minières citées ci-haut se chiffrent à 4,570 milliards de dollars. Les exportations du café impriment une dynamique similaire titillant les 225 millions de dollars depuis 2014 contre seulement 51 millions en 2013. Par contre, le déficit de la balance des services reste élevé à 9, 41% du PIB en 2014. Au total, la balance des biens et services a affiché un déficit de 6,1% du PIB en 2014. De l’avis des experts de la Banque Mondiale, la combinaison d’un déficit du commerce des biens et services et d’un déficit des revenus des facteurs a conduit à un solde fortement négatif du compte courant.
Un gap de 3 milliards de dollars.
La balance des revenus des facteurs est, en effet, fortement négative avec un déficit de 9,3% du PIB soit 3 milliards de dollars. Pour la Banque mondiale, « ce déficit va continuer d’augmenter puisqu’il est lié au rapatriement des fonds par les investisseurs étrangers. Les
investissements dans le secteur minier sont générateurs des revenus substantiels pour des investisseurs étrangers, et ce processus est amplifié pour les règles d’amortissement accéléré prévues par le code minier ». Mais en parallèle, poursuit la Banque Mondiale, les transferts courants nets-qui sont constitués à 70% d’aide extérieure-représentaient 6,2% du PIB en 2014, soit le double de leur niveau de 2013. Ainsi, le déficit du compte courant aurait atteint 9,2% du PIB en 2014 et serait entièrement dû au déficit de la balance des revenus des facteurs. A ce jour, les investissements directs étrangers (IDE) et le financement public externe des projets de développement continuent à combler l’important déficit du compte courant.
POLD K.M. LEVI