En revendiquant les 12 mandats réservés à l’opposition dans le cadre du comité préparatoire du dialogue national, l’Udps pose deux actes de très haute portée politique. Primo : la reconnaissance de son statut de parti membre de l’opposition. Cela implique l’acceptation, par Etienne Tshisekedi, de ne plus revendiquer les fonctions de Président de la République. Secundo : la responsabilité prise par son parti de décider de la participation ou non de l’opposition radicale au dialogue. Notamment le G7 et la Dynamique de l’opposition. D’où, probablement, le refus de ces deux plateformes de prendre part à ses assises au risque de devenir redevables à l’Udps et de faire dépendre leurs ambitions de l’imprévisible sphynx de Limete. L’heure est ainsi venue de tester la sincérité du rapprochement «Tshisekedi – Katumbi»…
L’information du jour, le 15 avril 2016, aura être l’annonce des quotas des composantes du comité préparatoire du Dialogue, le facilitateur Edem Kodjo l’ayant livrée en fixant ces quotas à 12 pour l’opposition, 12 pour la Majorité et 6 pour la Société civile, soit 20 membres. Mais le scoop aura été la publication de la position de l’Udps. Fidèle à sa feuille de route du 14 février 2015, ce parti a revendiqué les 12 places de l’opposition qu’il entend répartir entre ses membres. Pour rappel, son argumentation est développée à partir du constat selon lequel : «Les élections de 2011 ont eu le mérite de reconfigurer politiquement la classe politique congolaise et de recadrer la ligne de démarcation claire entre ceux qui soutiennent le système en place et leurs alliés, d’un côté, et ceux qui réclament la vérité des urnes, de l’autre. Deux tendances se dessinent clairement entre les tenants du statu quo et ceux qui militent pour le changement».
Estimant alors que «…le contentieux électoral de 2011 se trouve être la cause essentielle de la crise politique actuelle en République Démocratique du Congo» (sic), l’Udps considère que «ce dialogue pourra mettre autour d’une table» deux regroupements politiques, en l’occurrence, «Le Président élu, Monsieur Etienne TSHISEKEDI et ses alliés pour le camp du changement» et «Monsieur Joseph KABILA pour le camp du statu quo» (resic).
Pour rappel encore, l’Udps avait, dans sa fameuse feuille de route, proposé un ordre du jour dont le premier volet se rapporte au «Règlement du contentieux électoral de novembre 2011 et son corollaire qui est la crise de légitimité» ; le second au «processus électoral consensuel». Dans ce dernier, il est question de convenir du «calendrier électoral», de la «restructuration de la Céni», du «contentieux électoral», du «fichier électoral», de la «traçabilité des résultats», du «renforcement du mandat de la Monusco pour sécuriser le processus électoral» et de la «création d’un observatoire des élections chargé de la certification des élections».
D’où la perspective de la réalisation des actes 2 et 3 repris en sous-titre avec le contentieux électoral et la dissolution de la Céni.
Vérité des scores
Seulement voilà : l’Udps vient d’enterrer, elle-même, toute revendication relative au contentieux électoral. Car, à son article 2, la «Loi n° 07/008 du 04 décembre 2007 portant statut de l’opposition politique en République Démocratique du Congo» dispose : «Aux termes de la présente loi organique, il faut entendre par opposition politique le parti politique ou le regroupement des partis politiques qui ne participent pas à l’Exécutif et/ou ne soutiennent pas son programme d’action aux niveaux national, provincial, urbain, municipal ou local. L’opposition politique est parlementaire ou extraparlementaire selon qu’elle exerce au sein ou en dehors d’une assemblée délibérante».
L’Udps s’affiche donc désormais comme un parti politique de l’opposition.
A propos du contentieux électoral, il est connu de l’opinion publique – on ne le dira jamais assez– que l’Udps et son président national sont eux-mêmes à la base de la confusion entretenue autour du score final du scrutin du 28 novembre 2011. En effet, à lui seul, le candidat n°11 plus ou moins crédité sept scores entre 2011 et 2014 :
– 1er résultat : 75 %, score livré par lui-même sur Rfi et France 24 en 2011;
– 2ème résultat : sans score, pour une victoire annoncée par le cardinal Laurent Monsengwo sur Radio Vatican en 2001;
– 3ème résultat : 54 %, score livré par le trio Mubake-Shabani-Diomi Ndongala en 2011;
– 4ème résultat : sans score, pour une victoire annoncée par l’Unc de Vital Kamerhe;
– 5ème résultat : 56,2 %, score d’une auto-compilation arrêtée à 9,62 % des procès-verbaux, selon le rapport sur les élections publié par l’Udps en 2012;
– 6ème résultat : entre 58 et 68 %, score livré par Mubake sur Africa n°1 en octobre 2014;
– 7ème résultat : 32,33 %, score officiel publié par la Céni en 2011.
Dans une semaine exactement, l’Udps tient un meeting à son siège dans le cadre de la célébration du 26èmeanniversaire de la démocratisation le 24 avril 1990. Les combattants seraient bien inspirés de réclamer la «vérité des scores», si réellement le Dialogue préconisé résulte la crise de légitimité de 2001.
Raisons et raisins de la colère
En attendant, force est de constater que l’Udps se contredit par rapport à son propre communiqué du 14 avril 2016. Au point 5.1., rappelant l’audience accordée à sa délégation le 11 avril 2016, il y est clairement écrit : «A l’occasion de cette audience, la délégation de l’UDPS a tenu à porter à la connaissance de Monsieur Edem KODJO que le dialogue politique qu’il est appelé à conduire et auquel l’UDPS pourrait prendre part est un dialogue politique qui répond aux exigences ci-après : 1) Un dialogue politique, transparent et associant toutes les parties prenantes congolaises».
Or, en s’auto-proclamant unique composante à incarner l’opposition, disqualifiant de ce fait les autres franges qui, en raison de leur non-participation à l’Exécutif à tous les niveaux – ont le droit reconnu à l’article 5 d’y appartenir, l’Udps viole délibérément la loi censée la régir. Elle n’a pas le droit d’exclure les franges de l’opposition politique auxquelles la loi reconnaît cette qualité.
Les raisons de cette vindicte de l’Udps ne sont pas à chercher loin. Etienne Tshisekedi n’a jamais pardonné aux Kengo, Kamerhe, Bemba, Nzanga Mobutu et autres Mbusa de l’avoir privé en novembre 2011 de quitus en faveur d’une candidature commune de l’opposition, la sienne. Surtout pour une présidentielle à un tour.
Les raisins de la colère peuvent aussi se justifier par l’initiative de l’organisation des «primaires», proposée par le dernier transfuge de la Mp, Moïse Katumbi, que des affidés regroupés au sein du G7 se sont empressés de pré-positionner comme candidat présidentiable. A l’Udps, on tient ces ex-Kabilistes pour des taupes qui oeuvrent à la la conservation du pouvoir par leur «Maison-Mère» !
De ce fait, les Tshisekedistes purs et durs pourraient ne pas faciliter la tâche à Edem Kodjo. D’ailleurs, ils ne l’ont jamais fait avec quelque médiateur que ce soit : Wade, Brahimi, Kethumile, Mbeki, Niasse etc, en ont eu chacun pour son compte de désillusion. A l’Udps, on a tout de la mante religieuse. Elle dévore l’amant après les ébats !
LE MAXIMUM AVEC Omer Nsongo die Lema