Tant va la cruche à l’eau qu’elle finit par se briser. C’est à peu près ce qui est arrive à Ida Sawyer, la célèbre « chercheuse senior » de l’Ong américaine Human Rights Watch (HRW), qui s’est fendue comme à l’accoutumé d’un virulent communiqué en début de semaine pour critiquer la décision des autorités de la RD Congo d’expulser Jason Stearns, un autre chercheur américain. En fait, à la lecture de ce communiqué de la toute puissante HRW, on se demande s’il l’Ong prend la défense d’un compatriote ou si elle œuvre encore à la défense des droits de l’homme en général, ainsi qu’elle le proclame ‘urbi et orbi’.
Le communiqué de HRW peste contre l’expulsion d’un chercheur « connu et respecté et ayant travaillé longtemps en RDC », comme si la notoriété d’un chercheur le plaçait au-dessus des lois du pays sur lequel porte ses recherches. Etant donné qu’officiellement, il est reproché à Jason Stearns des fausses déclarations à l’immigration lors de son entrée en territoire RD Congolais.
Mercredi 13 avril 2016, le ministre rd congolais de la communication et porte-parole du gouvernement a réagi aux allégations de Ida Sawyer et HRW à travers une correspondance qui l’égérie de HRW aux études. Le lecteur en trouvera le texte intégral ci-contre.
Chère Madame I. Sawyer,
Je me permets au nom du Gouvernement congolais de m’étonner du contenu de votre communiqué concernant l’expulsion par la RDC du chercheur américain Jason Stearns. Il soulève deux questions fondamentales au sujet :
(1) du droit ou non de la RDC du juger une personne étrangère indésirable sur son territoire pour avoir fait des fausses déclarations à l’immigration lors de son entrée dans le pays. Un chercheur “connu et respecté et ayant travaillé longtemps en RDC” serait-il de ce fait en droit de commettre impunément pareil délit ?
Qu’en serait-il d’un universitaire congolais qui aurait eu la même attitude face aux services de l’immigration des Etats-Unis ? Pourquoi deux poids, deux mesures ?
(2) du statut personnel de M. Stearns que vous assimilez, on ne sait trop pourquoi, à un opposant de nationalité congolaise victime de l’intimidation de la part de nos forces de sécurité pour s’être opposé à la limite constitutionnelle de deux mandats pour le Président Joseph Kabila alors que l’intéressé lui-même (Stearns) attribue ses déboires à “une mauvaise interprétation par le Gouvernement de son rapport sur les auteurs des crimes contre les populations de la région de Beni”, sans que cela ne soit du reste confirmé car si tel avait été le cas, il n’aurait pas reçu de visa d’entrée sur le territoire…
Qui dit vrai ? Vous ou l’intéressé ?
Un peu plus d’objectivité et moins de passion ne feraient pas du tort à votre crédibilité lorsque vous rendez compte de vos enquêtes sur notre pays.
Parfaite considération.
Lambert Mende Omalanga
(Ministre de la Communication et Médias, Porte-parole du Gouvernement de la RDC)
Le Communiqué de Human Rights Watch sur l’expulsion de Jason Stearns de la RDC
« Human Rights Watch condamne fortement l’expulsion de Jason Stearns de la République démocratique du Congo le 7 avril. Ceci s’inscrit dans le contexte d’une répression plus large contre les voix critiques envers le gouvernement. Stearns est un chercheur et expert très respecté et bien connu qui a travaillé sur la RD Congo pendant les 15 dernières années. Des représentants du gouvernement ont dit qu’il avait été expulsé pour son « indésirabilité », et ont également soulevé leurs préoccupations par rapport à un rapport que son organisation, le Groupe d’Étude sur le Congo, a publié récemment sur des massacres dans la région de Beni dans l’est de la RD Congo.
À l’approche des élections présidentielles, prévues initialement pour novembre 2016, des représentants du gouvernement ainsi que des officiers des forces de sécurité ont essayé de faire taire les personnes qui s’opposent aux tentatives de prolonger le maintien au pouvoir du Président Joseph Kabila au-delà de la limite constitutionnelle de deux mandats – tirant sur des manifestants pacifiques, et arrêtant et intimidant des activistes et des partisans de l’opposition politique. »
Ida Sawyer
Senior Researcher
Human Rights Watch