Dialogue ou pas, l’implacable évidence est là : invitée par la Résolution 2277 «à publier un calendrier complet révisé couvrant la totalité du cycle électoral» (point 9), la Céni s’est fixée un timing de 17 mois pour fiabiliser le fichier électoral. Or, l’ouverture des plis pour l’acquisition des kits démarre en juin ou juillet 2016. Conséquence : même si au point 35 c, la résolution enjoint la Monusco de « Fournir une assistance technique et un soutien logistique pour la révision des listes électorales… », tout porte à croire que seul l’avis technique de la Céni sera pris en compte. D’ailleurs, toute revendication politique remettant en question cette institution contribuerait à rallonger ce timing. C’est en raison de cette évidence que le G7 et la Dynamique font le choix délibéré de boycotter le Dialogue au cours duquel, naturellement, le Bureau Nangaa va devoir jouer un rôle décisif. Le même rôle pour la tripartite «Céni-Majorité-Opposition». Aussi, les membres de ces plateformes préfèrent-ils ne pas associer leurs noms à une Transition susceptible de les remettre sous l’autorité politique de Joseph Kabila. Autant dire la pire des humiliations…
Au travers de la Résolution 2277 – qui n’en finit pas de livrer ses «secrets» – le Conseil de sécurité de l’Onu a confié à la Monusco la charge de «Promouvoir la consolidation de la paix et un dialogue politique transparent associant toutes les parties prenantes congolaises, dans le respect de la Constitution, en vue de favoriser la réconciliation et la démocratisation, et protéger les libertés fondamentales et les droits de l’homme, afin d’ouvrir la voie à la tenue d’élections, conformément aux dispositions énoncées au paragraphe 8».
Par ce paragraphe ou point, la Résolution «Exhorte le Gouvernement et toutes les autres parties concernées à créer les conditions nécessaires pour que le processus électoral soit libre, juste, crédible, ouvert, transparent, pacifique et conforme au calendrier électoral et à la Constitution congolaise, pour qu’il s’accompagne d’un débat politique libre et constructif, et pour que soient assurés la liberté d’opinion et d’expression, la liberté de réunion, un accès équitable aux médias, y compris aux médias d’État, et la sécurité et la liberté de circulation de tous les candidats, ainsi que des observateurs et témoins, des journalistes, des défenseurs des droits de l’homme et des acteurs de la société civile, notamment des femmes ».
Au moment où cette chronique est mise en ligne, une «résistance» farouche au Dialogue s’observe du côté de l’Opposition radicale, désormais identifiée aux plateformes la Dynamique de l’opposition (sous le leadership de Vital Kamerhe) et le G7 (sous le leadership, désormais, de Moïse Katumbi), franges de l’Opposition qui voudraient faire passer l’Udps pour un enfant de coeur.
De quoi se nourrit-elle, l’intransigeance apparente du G7 et de la Dynamique ? Même si la question vaut son pesant d’or, la réponse, elle, se devine : l’aveu d’impuissance face au timing fixé par la Céni. Effectivement, ces plateformes sont conscientes de l’inéluctabilité du glissement auquel, vraisemblablement, elles ont peut-être, sans le savoir ni le vouloir, préparé les Congolais. Car, si le Dialogue se tient et se termine au mois de mai 2016, il va rester mathématiquement parlant quatre mois pour atteindre la date du 21 septembre prochain correspondant au premier des 90 jours prévus dans la Constitution pour la convocation du corps électoral.
Si on comptabilise le temps que prendra l’acquisition des kits électoraux indispensables aux opérations d’identification et d’enrôlement des électeurs, le temps matériel que prendront ces opérations proprement dites et le temps à consacrer aux dispositions finales, il y a lieu d’envisager au minimum deux ans, au maximum trois.
Complicité passive
Dans cette perspective, le G7 et la Dynamique se savent les grands perdants de la « transition » qui pointe à l’horizon.
Il faut bien admettre que les députés nationaux, les sénateurs, les députés provinciaux et les gouverneurs de province actuellement membres de ces structures sont les plus tentés par cette transition de nature à leur faire garder les postes respectivement acquis en 2011, en 2006 et en 2016, selon la catégorie d’appartenance.
Il est évident que cela n’est pas l’avis des Opposants non institutionnels comme Vital Kamerhe, Joseph Olenghankoy, Martin Mukonkole. Tout comme des ex-Kabilistes prêts à toutes les concessions, sauf celle de rentrer sous l’autorité, fût-elle «transitoire», de Joseph Kabila, conforté par l’alinéa 2 de l’article 70 qui l’autorise de rester en fonction jusqu’à l’installation du Président élu. Il s’agit, entre autres, de Vital Kamerhe (encore), Moïse Katumbi, Charles Mwando, Gabriel Kyungu, José Endundo, Christophe Lutundula, Dany Banza, Tshibangu Kalala etc.
Les uns et les autres se le disent peut-être intérieurement : les envolées oratoires d’Eve Bazaïba et Victor Ndjoli pour le Mlc, de Baudouin Mayo et Jean-Marie Bamporiki pour l’Unc, de Martin Fayulu pour l’Ecidé, de Delly Sessanga pour l’Envol, d’Emery Okundji pour les Fonus ou de Jean-Claude Vuemba pour le Mrpc qui dénoncent le blocage du processus électoral et brandissent l’argument fallacieux du vide juridique et évoquent l’alinéa 1 de l’article 64 de la constitution ne sont pas dictées par les mêmes préoccupations par apport à l’avenir ou au devenir : des indices sérieux révèlent leur complicité passive dans l’évolution en dents de scie du processus électoral.
Juste un exemple : l’Opposition se plaint du retard enregistré dans les opérations d’enrôlement des électeurs. Or, la Céni n’y est pour rien. L’initiative de la loi électorale ne lui revient pas. L’article 130 de la Constitution ne la reconnaît principalement qu’au Gouvernement, au député national et au sénateur.
Encore un exemple : l’Opposition se demande seulement aujourd’hui où le Gouvernement a logé les fonds prévus pour le processus électoral aux cours des exercices 2012, 2013, 2014 et 2015. Curieusement, elle est restée dramatiquement muette au cours des plénières consacrées à la reddition des comptes pour ces exercices.
Finalement, elle a laissé venir la Transition.
Ce serait donc le comble qu’elle ne sache pas qu’en bloquant maintenant le Dialogue, elle n’a fait rien d’autre qu’en favoriser l’avènement.
LE MAXIMUM AVEC Omer Nsongo die Lema