La Résolution 2277 a fait l’objet, le 9 avril 2016, d’une communication politique en trois points du G7 : Résolution 2277, Dialogue et Désignation du facilitateur Edem Kodjo. Alors qu’il « réitère son engagement de s’impliquer activement dans la mise en œuvre de toutes les dispositions de cette résolution » – exactement comme il a souscrit aux côtés de la Dynamique de l’opposition « à la résolution 2211 adoptée par le Conseil de sécurité le 26 mars 2015, particulièrement en ses points 19, 20 et 21 » préconisant le Dialogue avant de se rétracter – le G7 limite son interprétation de la nouvelle résolution aux «rétrécissement de l’espace politique dans le pays», au «niveau constamment élevé des violences», aux «violations des droits de l’homme et du Droit international» et aux «atteintes qui sont portées aux libertés fondamentales garanties par la Constitution congolaise et les instruments internationaux pertinents». De la sécurité à l’Est, rien de consistant ne ressort de la position du G7 sinon la stigmatisation du retrait de la Monusco réclamé par le Gouvernement, « alors que se multiplient à l’Est les actes de barbarie qui endeuillent chaque jour la communauté nationale », soutient-il. Des crimes des Fdlr et des Adf-Nalu ? Pas un mot de condamnation. Du drame des populations du Nord Kivu ? Pas un mot de sympathie. Un vrai choc…
Or, la Résolution 2277 comporte six thèmes consacrés, successivement, à l’«Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération», à la «Situation politique», aux «Droits de l’homme», aux «Groupes armés», au «Mandat de la Monusco» et aux «Rapports du Secrétaire général de l’Onu».
Cependant, en saluant «à nouveau l’adoption à l’unanimité des membres du Conseil de Sécurité de la résolution 2277 qui rencontre sans aucun doute les préoccupations du peuple congolais notamment en ce qui concerne le respect de la Constitution et l’organisation des élections dans les délais constitutionnels», le G7 – comme l’indique le titre – banalise réellement la situation sécuritaire à l’Est, pourtant largement abordée dans ce document, du point 16 au point 49 relatifs aux Groupes armés et au Mandat de la Monusco.
S’agissant des premiers, la Résolution condamne, d’abord, «fermement tous les groupes armés opérant dans la région et les violations du droit international humanitaire et d’autres normes applicables du droit international ainsi que les atteintes aux droits de l’homme qu’ils commettent… » (16). Elle exige ensuite que « les FDLR, les ADF, la LRA et tous les autres groupes armés mettent immédiatement fin à toutes les formes de violence et autres activités déstabilisatrices…» (17). Elle demande enfin que «les opérations conjointes des FARDC et de la MONUSCO, conformément à son mandat, reprennent de toute urgence et que tous les efforts possibles soient faits pour neutraliser les FDLR et les autres groupes armés…» (18).
Au point 19, elle «réaffirme qu’il demeure essentiel de neutraliser durablement les FDLR si l’on veut offrir stabilité et protection à la population civile de la République démocratique du Congo et de la région des Grands Lacs », rappelle que «les FDLR sont un groupe soumis à des sanctions imposées par l’ONU dont les dirigeants et les membres comprennent des auteurs du génocide de 1994 perpétré contre les Tutsis au Rwanda, au cours duquel des Hutus et d’autres personnes qui s’opposaient au génocide ont également été tués… » et – c’est là l’insolite – «engage le Gouvernement de la République démocratique du Congo, épaulé par l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs, à dialoguer avec les acteurs régionaux en vue de trouver une solution durable au problème posé par le rapatriement des membres des FDLR qui ont été désarmés et de leurs famille, et préconise la poursuite du désarmement des chefs et des combattants des FDLR».
Essentiel, ce point aurait pourtant dû retenir l’attention du G7 en ce que le Conseil de sécurité fait dépendre la stabilité de la RDC et la protection de sa population de la neutralisation des FDLR, précision qui n’apparaît nullement part pour les « ADF, la LRA et tous les autres groupes armés ». De un.
De deux, le Conseil de sécurité engage la responsabilité du Gouvernement, épaulé par le chef de la Monusco, «à dialoguer» avec les acteurs régionaux (dont les autorités rwandaises) du rapatriement des éléments Fdlr dument désarmés. Or, cette charge revient à la Force onusienne, conformément au chapitre 8 de l’annexe de l’Accord de Lusaka négocié notamment par un certain Olivier Kamitatu pour le compte du Mlc !
Le point 23 devrait absolument interpeller le G7 du moment que la Résolution salue une contribution « de la MONUSCO et des FARDC à la lutte contre la LRA ». La Lra opère essentiellement en Rca où, d’ailleurs, les Etats-Unis ont déployé une unité spéciale pour neutraliser Joseph Kony et son staff.
Appel à neutraliser et à négocier
De la Monusco, la prorogation de son mandat jusqu’au 31 mars 2017 est justifiée par la protection des civils « grâce à une approche globale intégrant toutes les composantes de la MONUSCO et consistant notamment à réduire la menace que représentent les groupes armés congolais et étrangers et les violences contre les civils… » et la stabilisation de la situation «grâce à la mise en place d’institutions étatiques »…
Il se fait qu’au point 31, la Résolution note que «les motivations des différents groupes armés sont variées et qu’une solution purement militaire ne permettra pas de régler le problème qu’ils posent ». De façon claire, le Conseil de sécurité en appelle à la neutralisation, par des opérations militaires, des groupes armés cités dans la 2277 et préconise, en même temps, la solution négociée avec les mêmes forces négatives !
Que vaut alors le sous-point d du point 35 chargeant la Monusco de « mener, par l’intermédiaire de la Brigade d’intervention et en coopération avec l’ensemble de la MONUSCO, agissant seule ou avec les FARDC, des offensives ciblées et énergiques…» ?
Caresser dans le sens du poil
Des contradictions et incohérences aussi flagrantes devraient faire bondir le G7. Mais il n’en est rien chez les nouveaux clercs des puissances occidentales. La nouvelle plateforme reste silencieuse pour ne pas effaroucher la communauté internationale. Se réfugiant dans le maternage de cette dernière, elle stigmatise plutôt «la désinvolture avec laquelle le Gouvernement » traite la résolution 2277, «à l’instar du mépris qu’il affiche à l’endroit de la Constitution et des lois de la République », ajoute-t-il. Elle se proclame coopérative en déclarant : «Quoi qu’il en soit, pour le G7, si le gouvernement persiste dans son attitude réfractaire, il prend le risque de l’isolement diplomatique de la RDCongo ».
Et comme pour caresser la communauté internationale dans le sens du poil, le G7 rouvre une page douloureuse de l’histoire du pays : celle de la suspension de la coopération structurelle. «Le peuple congolais se souvient encore des conséquences dramatiques de l’isolement auquel notre pays avait été exposé en 1989 à la suite de l’entêtement des dirigeants de l’époque à défier la Communauté Internationale », rappelle-t-il.
On ne peut que s’en féliciter parce que le G7 offre ainsi au peuple congolais l’occasion de savoir où étaient, à cette époque, Charles Mwando, Gabriel Kyungu, José Endundo, Pierre Lumbi et autres Olivier Kamitatu, pour ne pas citer Christophe Lutundula, encore moins Dany Banza ! La majorité était dans les structures du Mpr Parti-Etat. Ils étaient solidaires de Mobutu.
Quand on sait que le pays et son peuple continuent de subir les effets de la suspension de cette coopération via l’isolement diplomatique, notamment avec le phénomène «délestage», les dirigeants du G7 devraient se sentir gênés de rouvrir cette plaie et, en plus, de ne pas tenir compte des effets collatéraux au nombre desquels la dépendance des provinces de l’Est (Province Orientale, Grand Kivu et Katanga) des pays voisins (Soudan, Ouganda, Rwanda, Burundi, Tanzanie, Zambie et Angola).
Ne peuvent finalement croire résoudre la question sécuritaire de l’Est par l’alternance politique seulement que les complices du drame kivutien. Et ne peuvent banaliser ce drame que des acteurs politiques qui trouvent dans ce drame un strapontin pour conquérir ou reconquérir le pouvoir.
LE MAXIMUM AVEC OMER NSONGO DL