« Panama Papers », le scoop de 108 médias réunis dans un Consortium International de Journalistes d’Investigation (ICIJ) qui a eu accès à une masse inédite d’informations secrètes provenant du cabinet panaméen Massack Fonsesa spécialisé dans la domiciliation des sociétés offshore, n’a pas épargné la RD Congo. Alors que certains tabloïds kinois s’étaient attardés sur l’homme d’affaires israélien Dan Gertler labelisé « ami du Président Kabila » trois personnalités sont citées par consortium et sur le fait que la députée Jaynet Kabila, sœur jumelle du Président de la République dont la « culpabilité » était induite par le fait d’avoir été reprise sur une liste d’administrateurs d’une société dont les gestionnaires avaient ouvert un compte au Panama, ils avaient curieusement fait l’impasse sur Moïse Katumbi, l’ancien gouverneur de l’ex. province du Katanga et opposant de fraiche date à Kabila dont le nom figure bel et bien dans les fuites des désormais célèbres « Panama Papers.
Sur les deux premières personnalités, les révélations manquent cruellement de précision. Il est indiqué que Dan Gertler est « propriétaire de deux sociétés immatriculées aux Iles Vierges, Caprikat Et Foxwehelp, qui sont propriétaires de blocs pétroliers sur le Lac Albert en RDC ». Sur Jaynet Kabila, il est révélé qu’elle aurait été co-propriétaire avec l’homme d’affaires Feruzi Kalume Nyembwe, d’une société offshore dénommée Keratshu, laquelle aurait été enregistrée, non pas à Panama mais à Niue, une petite île du Pacifique sud depuis 2001. Keratshu serait indirectement actionnaire de Vodacom, selon une information de la RFI du 9 avril 2016. C’est peu, beaucoup trop peu pour en conclure qu’il s’agit d’activités criminelles ou illégales.
C’est sur l’ancien Gouverneur de l’ex province du Katanga que les informations semblent plutôt les plus détaillées. L’affaire avait été révélée en 2014, il y a donc deux bonnes années, par Marianne Belgique, un hebdomadaire belge. Mais aussi par l’avocat d’affaires Jean-Claude Muyambo, qui dénonçait dans une série de lettres ouvertes les activités maffieuses de l’alors tout puissant gouverneur du Katanga. Parmi ces activités, l’acquisition à vil prix, grâce à des comparses haut placés, de carrés miniers appartenant à la Gécamines et à des tiers. Comme l’inventeur rd congolais bien connu, Kabasele Mwamba. Flanqué de centaines de jeunes supporters de l’équipe du TP Mazembe, (de 100 % Mazembe), le Gouverneur du Katanga avait carrément fait main basse sur le carré minier du malheureux inventeur, qui en est décédé, selon Jean-Claude Muyambo. Ce seraient ces carrés miniers revendus sur le marché de la bourse qui auraient permis à Moïse Katumbi de s’enrichir scandaleusement en un clin d’œil et, prudent, de loger ses avoirs dans un paradis fiscal.
Les dates sont communiquées : en 2006, Moïse Katumbi créait une société offshore dénommée GKMIC SA, dont il est le président, naturellement. En RD Congo, GKMIC SA est domicilié à Lubumbashi, au n° 8 de l’avenue Mahenge. De quoi mettre de l’eau à la bouche à tous ceux qui en RD Congo comme à l’étranger estiment que le candidat du G7 à la prochaine présidentielle s’est bâti une fortune immense par des moyens maffieux, à la limite.
J.N.