Le suspens, si suspens il y a eu, n’aura pas duré plus de 6 mois. Créé en septembre 2015, le G7 n’aura mis qu’un petit semestre pour dévoiler le fond de son jeu. Il n’est pas bien original, ces anciens de la majorité présidentielle, qui n’ont vraiment jamais rien eu en commun avec le nationalisme lumumbiste, affirment que leur combat politique vise le respect de la constitution. Précisément, le respect des délais constitutionnels relatifs aux élections présidentielle et législatives : pour eux, leur ancien mentor, Joseph Kabila Kabange, doit quitter le pouvoir en novembre 2016. Et eux ? Ils le remplaceraient, simplement. La semaine dernière, le G7 a officiellement désigné son candidat à la prochaine présidentielle. Il s’agit, on s’en doutait partout à travers le monde, de Moïse Katumbi Chapwe, un rd congolais d’origine juive séfarade qui a dirigé la riche province cuprifère du Katanga de 2006 à 2015.
Sur les autres scrutins, pourtant prévus par la même constitution, silence de mort. Les élections provinciales, desquelles devraient sortir les sénateurs et les gouverneurs, sont ainsi reléguées à l’arrière-plan des préoccupations des néo-opposants. De même que les élections urbaines, municipales et communales, pourtant destinées à assurer une plus grande participation des populations à la gestion de leur destin. Et donc à leur réelle émancipation politique.
Les néo-opposants du G7 ne sont pas les seuls à emboucher les trompettes du respect des délais constitutionnels relatifs aux élections présidentielle et législatives. Dans les rangs de l’opposition politique en RD Congo, presque tous entonnent le même refrain.
Ces acteurs politiques rd congolais semblent soutenus par des pays occidentaux. Les mêmes sur lesquels pèsent la responsabilité des maux qui rongent la RD Congo depuis la pseudo-indépendance de 1960. La Résolution 2277 prise par le Conseil de sécurité de l’ONU le 30 mars 2016, qui fait la part belle aux revendications peu réalistes des opposants, en atteste. Selon un officiel rd congolais cité par la RFI, le conseil a subi des pressions de certains de ses membres pour ne pas accéder à la demande de la RD Congo de réduire le nombre des casques bleus (20.000) présents sur son territoire.
La RD Congo se prépare ainsi à organiser ses 3èmes élections de l’après-dictature quasiment sous occupation onusienne : en régime de semi-souveraineté, donc.
Mais surtout, le pays de Lumumba s’apprête, encore une fois, à tenir des élections partielles, les législatives et la présidentielle, les seules qui présentent quelque intérêt pour les puissances occidentales. Les autres, celles qui sont susceptibles d’émanciper définitivement les populations rd congolaises en les associant à la gestion de leur devenir, n’intéressent pas grand’monde : ni les occidentaux, ni les acteurs politiques de l’opposition qui se bousculent au portillon pour remplacer Joseph Kabila.
Le scénario, amplement connu, est d’une limpidité à crever les yeux. Il suffit de se rappeler la fameuse théorie de développement inégal dite du centre et de la périphérie (Samir Amin). Le centre, ce sont les puissances occidentales qui exploitent les richesses de la périphérie (les pays sous-développés). En d’autres termes, les puissances occidentales occupent le centre du monde et commandent la périphérie. Les économies dominantes du centre dictent leurs lois aux économies peu structurées de la périphérie qui sont réduites à la fonction de pourvoyeuses des produits dont le centre a besoin.
En politique, les puissances occidentales n’ont pas besoin de vraie démocratie dans la périphérie. Des élections législatives, pour élire des députés qui votent des lois qui leurs sont favorables, et une élection présidentielle de laquelle sortira un clerc qui défendra leurs intérêts, suffisent. Au-delà de cette démocratisation périphérique, il y a péril en la demeure pour les puissances occidentales. Parce qu’une démocratisation intégrale, qui associe le plus petit rd congolais à la gestion des affaires de la cité, renversera la pyramide des priorités vers la périphérie, vers le souverain primaire. De cela, les puissances occidentales et leurs clercs ne veulent manifestement pas. Ils n’ont rien à y gagner.
J.N.