La troisième banque de la République Démocratique du Congo, la Banque Internationale pour l’Afrique au Congo (BIAC) a annoncé jeudi 31 mars 2016 à Kinshasa avoir limité les retraits à ses guichets face à une “brutale” crise de liquidités, rapporte une dépêche de l’Agence France Presse datée du même jour.
Les difficultés de la Banque internationale pour l’Afrique au Congo (BIAC) témoignent de la situation économique difficile que traverse la RDC du fait de la chute des cours des matières premières, et elles risquent de nuire aux efforts du gouvernement pour favoriser l’accès bancaire dans un pays ou moins de 5% de la population dispose d’un compte en banque, explique la dépêche.
“Avec le nombre de clients, l’affluence et les rumeurs (sur la faillite de la banque) on ne peut servir l’intégralité des demandes, on a limité temporairement les retraits à 500 dollars” par jour, a déclaré la nouvelle directrice générale par intérim de la BIAC, Anne Mbuguje, lors d’une conférence de presse.
Mme Mbuguje a pris les commandes de cet établissement bancaire familiale le même jeudi après un changement de direction à la tête du groupe. Elle a précisé que pour les entreprises, des exceptions pouvaient être faites afin de permettre des retraits plus importants.
Les difficultés de trésorerie de la BIAC sont apparues publiquement en début de semaine et nombre de petits épargnants se sont rués vers les guichets de la banque ces derniers jours pour retirer leur argent.
La banque explique ses soucis par le retrait d’une ligne de refinancement mensuel jusqu’à concurrence de quelque 50 millions de dollars américains auprès de la Banque centrale du Congo (BCC). Selon Mme Mbuguje, la BCC a décidé de couper le robinet des liquidités “sur décision du gouvernement”.
La BIAC n’est “pas en faillite”, a assuré Mme Mbuguje, qualifiant la crise de “passagère”.
Lundi dernier, le cabinet du Premier ministre Matata Ponyo avait indiqué que le gouvernement était “d’avis que des dispositions adéquates doivent être prises pour préserver la viabilité de [la BIAC], mais aussi et surtout sécuriser l’épargne publique”. Jeudi dans la journée, le gouvernement a rendu public un communiqué (lire ci-attachéCommuncation du Gouvernement) désapprouvant la répercussion des rumeurs sur la faillite de la BIAC. « Le gouvernement met en garde ceux qui relayent de telles informations inexactes pour créer la panique au sein de la population », peut-on lire sur ce communiqué signé par le porte-parole, Lambert Mende.
Depuis la suppression de sa ligne de refinancement auprès de la BCC, la BIAC peine à trouver des liquidités sur le marché interbancaire.
Selon plusieurs sources bancaires, l’approvisionnement en dollars (l’économie est dollarisée à près de 85%) est très difficile depuis quelques semaines à Kinshasa, et les banques rechignent à se prêter entre elles comme elles le font d’habitude, parfois simplement faute d’avoir les liquidités pour le faire.
Selon une source interne à la BIAC, le bilan de la banque est par ailleurs “plombé” par des créances d’un montant de 25 millions de dollars sur l’État congolais, qui nuisent à sa capacité à emprunter.
Selon la direction de la BIAC, des négociations sont en cours avec le gouvernement pour permettre à la banque de revenir à une situation viable.
J.N.