Voilà quasiment 5 ans que le BCECO aurait dû être dissout et liquidé. Conséquence de la mise en place de l’Autorité de régulation de marchés publics, ARMP, la Direction générale de contrôle des marchés publics, DGCMP ou encore la remise en service de la SOFIDE. «Le BCECO est une pire escroquerie », s’était déjà écrié en son temps le député Gilbert Kiakwama du haut de la tribune de la Chambre basse. Bernique.
Courant avril 2016, le Bureau central de coordination des projets se muera, sauf imprévu, en un établissement public, à l’instar du COPIREP, sauvé de justesse en son temps d’une liquidation-dissolution. Pourtant la Banque mondiale est revenue à la charge dans une note datée du 2 août 2012, elle a exigé des institutions étatiques de ne plus servir d’agence de passation des marchés ni de maître d’ouvrage délégué, MOD, dans les projets sous financement IDA. Le BCECO est en effet mis à l’index sans être cité nommément.
Voilà sans doute pourquoi le gouvernement a vite remis en service la Société de financement et de développement, SOFIDE avec une dotation de USD 10 millions.
Courant 2014, la presse locale tombe sur une correspondance au style sec, vitriolé, de l’alors directeur de cabinet du Chef de l’Etat, Gustave Beya Siku, adressée au Premier ministre. En résumé, tout passe par le BCECO. C’en est trop…Un projet de fusionner le BCECO et la DGCMP (Direction générale congolaise des marchés publics) serait en gestation. Pour mémoire, Matata Ponyo était DG du BCECO quand il a été appelé au gouvernement comme ministre des Finances puis Premier ministre. Et la DGCMP est actuellement sous la tutelle du Premier ministre. Mi-2012 ; Patrice Kitebi Kibol Mvul, alors ministre délégué près le Premier ministre en charge des Finances, recrute un cabinet de consulting français, MAZARS, en vue d’étudier des pistes de mutation du BCECO. En clair, comment éviter la dissolution-liquidation du BCECO. Kitebi justifie, en effet, sa démarche par le fait que le BCECO est la structure qui maîtrise mieux les procédures des bailleurs des fonds. Qu’elle est une école de référence pour la R-dC. Que le BCECO est une pépinière des experts nationaux expérimentés qui n’ont rien à envier aux experts internationaux. Qu’il dispose d’une maîtrise avérée de différents domaines, dont la passation des marchés et de gestion financière. Qu’il offre ses prestations à un coût moins coûteux que celui des agences privées ou celles des Nations unies. Que le futur établissement public n’aura pas à se substituer aux organes récemment créés pour gérer les marchés publics. Que le BCECO pourrait, par exemple, offrir son assistance technique à ces organes. Qu’il peut s’agir de l’identification, la préparation et l’évaluation des projets ou encore de la formation sur demande de l’ARMP, en passation des marchés, en suivi-évaluation des projets même en partenariat avec les firmes spécialisées en formation et professionnalisation de certains cadres. Qu’il peut aussi assurer la gestion des projets spécifiques au titre de maître d’ouvrage délégué.
Mais certains observateurs voient les choses autrement. Le BCECO, font-ils comprendre, est opérationnel depuis 2001. Ce sont des dizaines d’emplois directs et indirects qui sont en jeu, des marchés juteux…tout un système. Dans un de ses rapports, la FEC, principal patronat r-d congolais, a fait état des allégations des commissions de 30% que ses affiliés auraient été contraints de virer dans un compte afin de gagner un marché géré par le BCECO. L’affaire avait fait forte polémique. Pour sa survie, le cabinet MAZARS a, en effet, proposé au BCECO de se muer soit en une société par actions de droit public, soit en entreprise publique, soit en établissement public. Le Premier ministre aura finalement préféré la seconde assertion, apprend-on. Exécution dans quelques semaines. Nous y revendrons.
POLD LEVI M.K. Maweja.